Les ateliers d’écriture sont légion dans le 14ème arrondissement de Paris. Quoi de plus normal quand on pense que notre arrondissement a abrité ce qui en fut leur lointain prédécesseur : l’atelier du 54 rue du Château, haut lieu du Surréalisme, dans lequel Prévert et ses amis auraient donné le nom de “cadavre exquis” au jeu des petits papiers ? Un siècle plus tard, les ateliers d’écriture font toujours recette. Nous avons rencontré au Losserand Café Patrice Meynier qui en fut un animateur à plein temps pendant vingt ans.
Moment de partage et de fraternisation
C’est à Paris-Ateliers, anciennement ADAC, que Patrice Meynier a exercé entre 1992 et 2012 son activité d’animateur d’ateliers d’écriture. Il a principalement officié en face du Forum104 de la rue de Vaugirard qui est un espace de rencontre culturel et spirituel animé par les Pères Maristes. “Je me suis retrouvé à pratiquer ma discipline en face d’un grand maître bouddhiste dont je partageais les mêmes horaires. Je ne sais pas qui a influencé qui”, se rappelle-t-il avec humour. Il a bénéficié au préalable d’une formation dispensée par les Ateliers d’écriture Elisabeth Bing, une association pionnière du développement des ateliers d’écriture dans notre pays, qui est aujourd’hui fermée et dont il a longtemps été le seul animateur homme. C’est par l’intermédiaire de cette association qu’il a pu exercer ses talents d’animateur d’ateliers d’écriture au CNAM de Paris au contact d’ingénieurs, à l’Université Mohammed-V de Rabat au contact d’étudiants, mais aussi à la Prison de Bois d’Arcy pour des prisonniers ou bien encore chez Renault au bénéfice de salariés. Patrice est en réalité autant un animateur qui met en place les conditions d’une production qu’un formateur qui délivre un retour sur les textes produits en permettant leur modification et leur amélioration ultérieures. “Se contenter de seulement animer un atelier d’écriture n’est pas très compliqué puisqu’il suffit de s’inspirer de propositions dont on peut facilement trouver des exemples sur internet à défaut d’en inventer soi-même, nous précise l’animateur-formateur. La plus galvaudée d’entre elles est le Je me souviens de Georges Perec qui est un magnifique travail de l’écrivain mais sur lequel on peut bien sûr se casser les dents lorsqu’on s’y exerce.” Tout le monde peut d’ailleurs librement s’improviser animateur d’ateliers d’écriture puisque l’activité n’est pas réglementée même s’il en existe des formations universitaires à Strasbourg et à Aix-en-Provence. La formation qui fut un temps délivrée par les Ateliers d’écriture Elisabeth Bing reste malgré tout une référence dont le label constitue un gage de très grande qualité. “Ma conviction est néanmoins que l’on ne peut faire écrire que lorsqu’on écrit soi-même”, nous confie Patrice. C’est pourquoi les meilleurs ateliers sont sans doute ceux des écrivains qui ouvrent le leur propre aux autres en essayant de transmettre leur questionnement et leur recherche sur l’écriture plutôt que délivrer un savoir-faire qui reste personnel et donc un peu arbitraire.” De fait, les ateliers d’écriture qui se tiennent par exemple chez Gallimard constituent de très appréciables compléments de salaire pour les écrivains qui ont du mal à vivre de leur plume mais ne donnent pas forcément à leurs participants un passeport pour être un jour publiés par cette prestigieuse maison d’édition… Car l’écriture est et restera une pratique de terrain, un questionnement et une recherche qui n’est pas susceptible de faire l’objet de cours délivrés ex cathedra. D’où la nécessaire posture de l’animateur délivrant ses propositions à ceux qui participent à ses ateliers. Tel un acteur qui joue un rôle qu’il s’est vu confier, il est le “pôle froid” de sessions pendant lesquelles s’échange beaucoup de chaleur humaine. Car les ateliers d’écriture bien conduits permettent à leurs participants de passer de très bons moments de partage d’expériences parfois intimes qui favorise la désinhibition de l’assistance et la fraternisation au delà des étiquettes sociales ou des clivages politiques. En plus de cet aspect humain que Patrice juge irremplaçable, l’exercice peut aussi amener certains à véritablement prendre goût à l’écriture et faire de cette activité une passion qui viendra habiter leur existence. “Certains finissent même par écrire des livres”, nous assure-t-il. Elisabeth Bing nous donnait d’ailleurs pour exigeant précepte de toujours faire comme si les gens allaient devenir écrivain”.
Les très grandes potentialités des ateliers d’écriture

Je n’étais pas connevaincue (écriture inclusive) par la photo floue et un peu vieillotte, et j’ai cliqué pour me moquer de ce que j’allais lire, sûrement du même tonneau. Et bien non : Patrice Meynier est un maître, écrivain, animateur drôle et construit, lucide et poétique. Bravo pour cette présentation de votre métier ! Et bravo pour le bien ETRE que vous prodiguez à vos apôtre.sses. A quand une photo aussi chouette, surréaliste peut être ?
V/style personnel d écriture inclusive est séduisant car sors des sentières battues. Félicitations…
Une autre connearchivaincue.