Le sort du Village Pernety suspendu au bon vouloir de la Mairie de Paris

Le désastre annoncé

Trois ans de travaux dans les rues Losserand et Niepce à même de complètement défigurer le Quartier Pernety et d’acculer à la faillite tous les commerçants environnants, est-ce seulement concevable ? C’est pourtant le projet annoncé par la RATP qui a aujourd’hui obtenu l’aval de la Mairie du 14ème arrondissement. Une résistance désespérée s’organise toutefois à Pernety Village sous la houlette de Dominique Mazuet, l’irréductible libraire du 63 de la rue Raymond Losserand, qui figure au premier rang des potentiels futurs sinistrés de ce gigantesque chantier dont le bien-fondé reste discutable.

Des palissades de deux mètres de hauteur

Les travaux qui n’en finissent pas de finir, c’est un peu le dada de la Mairie de Paris, comme tout le monde aura pu le remarquer depuis les deux mandatures d’Anne Hidalgo. Les Pernétiens, qui n’ont pourtant jamais rien demandé de plus que de vivre paisiblement dans leur Quartier, n’échapperont sans doute pas non plus à cette manne municipale. Il est en effet prévu qu’une véritable nouvelle “zone industrielle” vienne s’enkyster au coeur du Village Pernety pendant pas moins de trois ans (!). C’est la RATP qui, sous l’impérieux prétexte de la modernisation de la ligne 13 du métro, est à l’origine des nuisances programmées pour tous les habitants de notre Quartier et plus particulièrement pour les commerçants les plus directement concernés des rues Losserand et Niepce, qui sont bien sûr vent debout contre ce projet. “Ce chantier signe la disparition quasi-certaine des commerces les plus exposés dont les vitrines seront complètement masquées et qui ne pourront même plus du tout être livrés, ne décolère pas Dominique Mazuet dont les deux échoppes qui constituent la Librairie des Tropiques se font face rue Losserand. Le préjudice est pour nous énorme sans que nous ne puissions bénéficier d’aucune garantie d’indemnisation de la part de la RATP”. Les riverains s’inquiètent quant à eux du vacarme et des vibrations causés par les engins de chantier pendant trois longues années ainsi que de la pollution et de la poussière engendrées par les travaux et les ballets continuels de camions circulant pour évacuer la terre excavée. Le chantier est à coup sûr synonyme d’une très durable mise entre parenthèses de la vie de Quartier à Pernety dans la mesure ou des palissades de deux mètres de haut installées de chaque côté de la rue Losserand interdiront aux Pernetiens de se croiser sur les trottoirs transformés en zones de stockage du matériel de la RATP ou bien tout simplement de traverser la rue. Seul un étroit passage d’un mètre quarante rasant les vitrines des commerçants permettra la circulation des piétons le long du titanesque chantier dont les prémices ont d’ailleurs été posés puisque l’on a pu, pendant quelques mois déjà, buter sur les pieds en béton soutenant les palissades provisoires qui ont été installées rue Losserand en entravant considérablement le déplacement des poussettes des mères de famille et des personnes à mobilité réduite.

“Télé 14” toujours sur la brèche

Un argumentaire à géométrie variable

Et ceci n’est bien sûr pas le moindre des paradoxes pour un projet longtemps présenté par la très “inclusive” Mairie du 14ème comme destiné à faciliter l’accessibilité aux handicapés du métro de la ligne 13. De fait, pendant trois années de leur vie, les personnes à mobilité réduite ou difficile (personnes en fauteuil roulant, personnes âgées ou mal-voyantes marchant avec une canne ou un déambulateur) verront leur circulation considérablement gênée dans un Quartier très médicalisé qui abrite de nombreuses institutions spécialisées pour les personnes souffrant de handicaps dorénavant privées des courses qu’elles aiment tant faire dans le Village Pernety. Il n’est d’ailleurs plus question d'”accessibilité augmentée” depuis que la RATP a elle-même démenti qu’elle a jamais eu le projet d’installer une entrée avec ascenseur pour les handicapés. On ne parle plus aujourd’hui que de “sécurité augmentée” pour garantir les évacuations des voyageurs en cas d’incident ainsi que de “mise aux normes” et de “modernisation de l’infrastructure électrique de la station”. Mais en quoi la station de métro Pernety exigerait-elle plus que les autres stations de la ligne 13 une mise aux normes anticipée ? Ne serait-il de surcroît pas possible d’envisager de réhabiliter la station actuelle pour la rendre compatible avec les nouvelles normes sans nécessiter le pharaonique chantier prévu pour durer pendant trois interminables années ? Autant de questions auxquelles ni la RATP ni la Mairie du 14ème ne répondent clairement, qui essaient bien plutôt de se repasser tant bien que mal la patate chaude. Un adjoint de la Mairie n’a d’ailleurs pas caché son embarras devant une commerçante directement menacée de mettre la clé sous la porte en cas de validation finale du permis de construire et du projet de chantier par la Préfecture et la Mairie Centrale : la Mairie de Paris serait en effet déclarée responsable s’il survenait un quelconque problème de sécurité dans l’hypothèse où les travaux présentés comme “d’intérêt public” par la RATP seraient ajournés de son fait… Il n’en demeure pas moins que, s’ils sont finalement sacrifiés sur l’autel du principe de précaution, les habitants et les commerçants du Quartier Pernety auront vraiment bon dos !

Cliquer ici pour lire “la lettre ouverte à Mme Hidalgo” de Dominique Mazuet et visionner la vidéo pour le dossier très complet (et très à charge) de Dominique.

Conseil de Quartier Pernety : la chienlit jusqu’à quand ?

Cela fait aujourd’hui quatre ans que le plus grand désordre règne au sein du Conseil de Quartier Pernety sans qu’aucune issue positive et constructive ne soit en vue. Quelle est donc la malédiction qui touche cette instance participative d’expression, de co-construction, de proposition et d’initiative, conçue au service des habitants et des acteurs de notre bien-aimé Village Pernetix ?

Une ambiance toujours délétère

On avait pu espérer qu’un vent d’air frais allait souffler sur le Conseil de Quartier Pernety avec l’arrivée en septembre dernier de nouveaux volontaires au Comité d’Animation dont nous sentions tous qu’ils étaient capables et susceptibles de donner un nouvel élan à la très poussiéreuse et très ronronnante structure municipale (cliquez ici). Patatras ! En fait d’habits neufs, ce sont des habits de clown qu’a revêtus le Conseil de Quartier Pernety en cette fin d’année 2022 : nouvelles démissions, demandes d’exclusion en rafale, membres du Comité d’Animation ostracisés, listes de votants trafiquées, bagarres en réunion plénière, comptes-rendus de réunions rendus illisibles par leur interminable longueur, projets abandonnés, etc., la liste des dysfonctionnements qui minent le Conseil de Quartier n’en finit pas de nourrir les quolibets des Pernetiens qui daignent encore s’intéresser à la vie citoyenne. Il s’agit pourtant à la marge de l’utilisation de l’argent des contribuables ! Mais quel mauvais génie hante donc cette émanation de la Mairie du 14ème arrondissement, dont l’activité principale serait de glisser des peaux de banane sous les pieds de celles et de ceux qui veulent sincèrement faire avancer leur Quartier en portant de beaux projets comme celui de la pose d’une plaque mémorielle au 54 de la rue du Château (une adresse mythique de l’histoire de l’art en ce qu’elle a été le rendez-vous il y a tout juste un siècle de très nombreux artistes surréalistes dont notamment Prévert, Breton, Desnos et Tanguy) ? L’enquête du Service de Démocratie Locale piétine, les toutous aboient et la caravane passe. Tout va très bien, Madame la Marquise ! Les griefs de celles et ceux qui auraient souhaité ces dernières années mieux travailler avec le Conseil de Quartier comptent pour du beurre (cliquez ici) et les très récentes contestations concernant les “fraudes” qui auraient affecté la sincérité des votes réalisés lors de la dernière réunion plénière de décembre ne peuvent sans doute émaner que d’un cerveau malade…  “L’ambiance est délétère”, a commenté Mme la Maire Carine Petit alors qu’elle assistait à la réunion plénière d’octobre 2022 à l’occasion de laquelle certains participants en sont presque venus aux mains sous le regard médusé des policiers municipaux venus participer à la discussion organisée sur le thème de la sécurité. Y a-t-il encore un pilote dans l’avion ?

Qui sera le prochain cadavre exquis du Conseil de Quartier Pernety ?

Humilité et respect demandés

Piloter un Conseil de Quartier demande certes des qualités intellectuelles, mais également des qualités humaines et morales. Il ne faut bien sûr pas être naïf ou faire semblant d’ignorer que se jouent au sein de cette instance citoyenne (qui n’est pour beaucoup qu’un marchepied politique) des stratégies personnelles non-avouées. Mais l’agenda politique caché de tel ou tel doit-il être le prétexte de toutes les manoeuvres frauduleuses ou de déstabilisation du rival supposé ? Le jeu démocratique exige le respect des règles et de l’adversaire qui ne doit pas être traité avec brutalité, déloyauté, condescendance ou mépris, mais bien plutôt avec tact, compréhension et équité. Sans quoi ce jeu démocratique dégénère immanquablement en un très stérile obstructionnisme procédurier dans le tapis duquel les plus aguerris à la ruse et aux calculs politiques finissent par se prendre les pieds, comme vient de le démontrer le dernier scandale en date du Conseil de Quartier Pernety. On devrait pourtant pouvoir faire avancer son Quartier en portant de beaux projets pour le collectif sans systématiquement susciter la défiance des uns et des autres. A quoi cela sert-il de toujours vouloir jouer perso et/ou de s’enfermer dans l’opposition systématique ? Construisons plutôt – sans tacler au passage ceux qui sont plus capables ou plus brillants ou qui ont à l’occasion de meilleures idées que nous-mêmes ! Cela impose de surmonter son égo, d’accepter de ranger la jalousie au rayon des accessoires inutiles et de faire preuve d’humilité. On ne peut pas tout savoir sur tout, avoir toutes les qualités et toutes les compétences, et on a nécessairement besoin des autres pour faire avancer le Bien commun. Noël est une période propice aux belles paroles, espérons que celles-ci seront suivies d’effets lors des prochaines réunions du Conseil de Quartier Pernety. Nous sommes pour notre part définitivement persuadés que le Père Noël n’est pas une ordure !

Le ciel est tombé sur la tête du Père Noël !