Françoise Le Goaziou, présidente du « lieu de la joie d’être ensemble »

Les Bretons de Paris ont leur endroit à Paris pour se réunir et partager leur fierté d’être Bretons, des moments conviviaux et des évènements organisés autour de la culture bretonne. Il s’agit du 22 rue Delambre, le siège de la Mission Bretonne niché au cœur du Quartier du Montparnasse, le quartier breton de Paris. La porte cochère ouvre sur une cour au fond de laquelle se tient une ancienne bâtisse qui a gardé son cachet d’antan : Ti ar Vretoned, littéralement « La Maison des Bretons ». Nous y avons rencontré Françoise Le Goaziou, sa dynamique présidente, qui sort ce mois-ci un nouveau livre intitulé Bretons sur Seine retraçant quinze siècles de présence bretonne à Paris.

Une historienne militante de la culture heureuse

Françoise Le Goaziou est une Bretonne de Paris qui est née à… Saint-Etienne où ont émigré ses ascendants originaires de Saint-Quay-Portrieux pour aller chercher du travail dans les mines. Elle est élevée par sa grand-mère qui n’aimait pas vraiment la préfecture de la Loire et qui nourrissait une profonde nostalgie de la Bretagne. A sa mort, c’est le Père François Le Quemener, aumonier des Bretons de Paris et animateur de la Mission Bretonne, qui achève de compléter son éducation. Elle passe l’agrégation d’histoire et devient professeure. Après une courte expérience en Champagne, elle est nommée à 23 ans au Lycée Jacques Brel de la Courneuve qui la met pour la première fois en contact avec le monde des banlieues. Elle surmonte rapidement ses premières préventions et s’enthousiasme bientôt d’avoir le privilège d’apprendre son métier au milieu des populations des cités. Puis elle devient prof de prépa au Raincy toujours en Seine-Saint-Denis. Entourée d’étudiants de toutes origines, elle ne quitterait son poste pour rien au monde car elle est pleinement convaincue de faire œuvre utile dans un endroit où l’ascenseur social a encore du sens : « Les gamins, on les intègre tous. Pas tous à HEC car ce n’est pas forcément là où ils seraient le plus heureux. Mais dans d’autres écoles de commerce ou ailleurs. On a des étudiants bons élèves, positifs, motivés, gentils, agréables, reconnaissants. C’est vraiment un chouette métier ! ». Quand en 2009 le Père Quemener s’en va retrouver l’éternelle jeunesse de Dieu, Françoise Le Goaziou est sollicitée pour revenir à la Mission Bretonne où elle intègre le conseil d’administration puis devient présidente. « L’expérience que j’ai des Bretons de Paris m’aide beaucoup avec mes étudiants, témoigne-t-elle. Parce que l’essentiel de mes étudiants est issu de l’immigration et que j’ai dans la même classe des maghrébins, des africains, des vietnamiens, des cambodgiens, des roumains, des turques, des kurdes, que sais-je encore. Or ces étudiants là ont souvent la culture honteuse. J’essaie de leur faire comprendre que les Bretons ont vécu des choses assez similaires. Et comme j’ai la chance d’enseigner le 20ème siècle, je commence souvent par leur parler de l’immigration bretonne à cause de l’interdiction de parler la langue, du rejet, etc.. J’essaie de leur faire prendre conscience que lorsqu’on conserve sa propre culture on est ouvert à celle des autres ».

Une association à vocation sociale devenue véritable centre culturel breton

C’est justement l’objet de la Mission Bretonne que de promouvoir la culture bretonne à Paris. L’association a été fondée en 1947 par l’abbé Gautier qui était professeur au collège et lycée des Cordeliers de Dinan et qui avait été témoin du départ de ses élèves et des familles de ses élèves vers Paris dans des conditions extrêmement difficiles. Il décide de leur consacrer sa vie et s’empare du sujet pour en faire une thèse de doctorat. Il crée dans la foulée la Mission Bretonne avec le soutien de l’archevêché de Paris qui travaille à l’époque à réconcilier l’Eglise avec le monde ouvrier. L’association est donc conçue à l’origine comme un point d’ancrage et de repère pour les nouveaux Bretons de Paris qui pourraient être déstabilisés par la trépidante vie parisienne. En favorisant l’entraide et la solidarité entre natifs de Bretagne, elle les met à l’abri des dangers (exploitation, prostitution) qui guettent les déracinés à leur arrivée dans la capitale. En 1970, c’est le père Le Quemener qui prend la tête de la Mission Bretonne. Sous son ère et l’influence du mouvement de renaissance de la culture bretonne, l’association se transforme peu à peu en véritable centre culturel breton. Des cours de breton y sont organisés, la musique et la culture bretonne valorisées. Le 22 de la rue Delambre devient « La Maison des Bretons » et Ti ar Vretoned est accolé au nom de la Mission Bretonne pour symboliser son ouverture à toutes celles et à tous ceux, croyants ou non-croyants, bretons ou non, qui s’intéressent à la culture bretonne. L’association compte aujourd’hui 700 adhérents qui se réunissent autour de ses différents ateliers et activités (Kafe Istor, Evangile et Vie, etc.) et qui se retrouvent à l’occasion de la Fête de la Bretagne organisée chaque année en partenariat avec la Mairie du 14ème. Tous participent à l’esprit de la Mission, « une alchimie bizarre, nous dit Françoise Le Goaziou, qui doit être dans l’essence du lieu et qui fait qu’on y rencontre beaucoup de bienveillance et de tolérance. C’est la joie d’être ensemble qui fait se rassembler lors d’une veillée ou d’un repas des gens de tous horizons professionnels et de tous âges. La Mission ne laisse personne sur la touche et nous faisons notre maximum pour y faire venir du monde. C’est un joli lieu où l’on peut même trouver son partenaire car la Mission est aussi une agence matrimoniale… C’est vraiment un lieu marrant ! » Avis à toutes celles et à tous ceux qui sont curieux de découvrir les trésors et les richesses de l’âme celte !

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