Dominique Massot : “On peut très vite se retrouver à la rue”

Dominique Massot en compagnie de Freddy Prudentos, Chef à La Mie de Pain (photo Colette Desage).

Il est membre du conseil d’administration et responsable des collectes alimentaires des Oeuvres de La Mie de Pain, l’association spécialisée dans l’aide d’urgence et la réinsertion sociale et professionnelle des personnes en difficultés. Le Quatorzien Dominique Massot nous a reçu dans son appartement de la rue Didot pour nous entretenir de son combat contre la précarité et l’exclusion au sein de sa structure caritative d’élection.

135 ans d’existence et des collectes alimentaires toujours en hausse

C’est au Lions Club que Dominique Massot s’est entiché de La Mie de Pain. L’ancien directeur commercial dont le leimotiv est la lutte contre la faim admet avoir craqué quand il a découvert la “population de misère” dont s’occupe l’organisation fondée il y a 135 ans dans le 13ème arrondissement de Paris par Paulin Enfert, un philanthrope catholique et personnage légendaire qui était également prestidigitateur à ses heures perdues. Le site internet de l’association (cliquer ici) retrace l’histoire de La Mie de Pain des origines du patronage Saint-Joseph de la Maison Blanche à nos jours. “De l’urgence à l’insertion”, tel est le slogan et également le programme de la structure caritative dont les activités sont centrées sur l’accueil (inconditionnel, anonyme et gratuit) et la mise à l’abri d’urgence des personnes les plus vulnérables, celles qui se trouvent exclues de la société. Ses missions et ses actions vont de l’aide alimentaire à l’insertion sociale et professionnelle en passant par l’hébergement d’urgence, le logement accompagné et en résidence sociale. Dominique s’occupe à titre bénévole tout particulièrement des collectes alimentaires depuis déjà une bonne douzaine d’années. Pour cet ancien spécialiste de la logistique qui a été pendant trente ans chargé d’organiser des transports terrestres, maritimes et aériens dans le monde entier, La Mie de Pain, c’est du gâteau ! Il n’en est pas moins très fier de son bilan : “Je me suis aperçu qu’au bout de dix ans j’avais collecté avec mon équipe l’équivalent de près de 350.000 repas, ce qui correspond à l’ensemble des repas que nous distribuons chaque année. Ca, c’est un chiffre qui me parle ! Et ce chiffre est en augmentation constante malgré les évènements de ces dernières années. Encore 35 tonnes en 2021, ce qui est un très bon résultat”, se félicite-il. L’essentiel de son travail consiste à trouver des bénévoles pour les collectes organisées dans la quinzaine de magasins dont il a la charge. “La bande à Massot” regroupe toutes celles et tous ceux qui recueillent les denrées dans les magasins ou bien les trient par catégories une fois acheminées par camion ou camionnette au siège de La Mie de Pain dans le 13ème arrondissement de Paris. Ce sont des copains dont il est allé tirer la sonnette et qui ont eux-mêmes dirigé vers lui d’autres personnes désireuses d’aider. “Tout se fait par le moyen du bouche à oreille et ça fait boule de neige car ceux qui sont venus une fois se prennent au jeu, témoigne Dominique. J’ai aujourd’hui 500 personnes qui sont inscrites sur la liste des volontaires de La Mie de Pain et que je peux contacter au moment d’organiser mes collectes. Cette liste regroupe toutes sortes de gens et des gens de plus en plus de jeunes, ce que je trouve personnellement très encourageant”.

Une structure diversifiée pour répondre à un éternel besoin de solidarité

La Mie de Pain s’est considérablement développée et a considérablement évolué depuis sa création il y a plus de cent ans, tout en restant fidèle aux préoccupations et aux valeurs de son fondateur Paulin Enfert : solidarité, non-discrimination, respect de la personne et engagement sur la durée. Sept structures situées dans différents arrondissements de Paris (principalement dans le 13ème, mais également dans le 15ème et le 5ème) répondent aujourd’hui aux besoins des personnes en situation d’exclusion : le Foyer de Jeunes Travailleurs, les Chantiers d’Insertion, l’Arche d’Avenirs, le Refuge, le Relais Social, le foyer pour femmes sans abri et la Villa de l’Aube. Toutes répondent à leur manière aux impératifs d’aide d’urgence et d’insertion des laissés pour compte de la société, et tout le monde quel que soit son âge est en réalité concerné. “Ca peut aller très vite la chute dans la rue, témoigne Dominique. Prenez l’exemple d’un couple avec enfants bien inséré. Quand le chef de famille perd son travail et donc ses revenus et que le loyer ne peut plus être payé, son couple éclate, il se fait virer de son logement et se retrouve quelques semaines plus tard sur le trottoir avec sa valise. Ca va très très vite, et nous accueillons régulièrement à La Mie de Pain des cadres qui ont tout perdu du jour au lendemain.” Le degré de civilisation d’une société se mesure à sa capacité à remettre sur pied ceux qui, à un moment donné de leur vie, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ont perdu l’équilibre. Et le personnel de La Mie de Pain travaille activement à faire évoluer le regard de la société sur les personnes exclues trop souvent victimes d’ostracisme. Celles qui sont actuellement aidées par l’association ont cinquante-trois ans de moyenne d’âge et peuvent être originaires de tous les pays (plus de quarante nationalités sont représentées). “Cela pourrait être vous ou moi, insiste Dominique. Les personnes migrantes venant de zones de conflits (les afghans, les syriens, les ukrainiens) sont-elles véritablement responsables de leur sort ? Notre accueil est de toute façon inconditionnel, c’est-à-dire sans distinction d’origine ou de confession, en plus d’être anonyme et gratuit. Nous remplissons en réalité le rôle de l’Etat qui nous subventionne quand même pour une bonne part”. Pour, vous aussi, aider La Mie de Pain à boucler son budget annuel de plusieurs millions d’euros, différents moyens sont à votre disposition : le don par courrier, le don en ligne, le soutien régulier par prélèvement automatique, le bénévolat (écrire à benevoles@miedepain.asso.fr) ou bien le legs. Les dons que vous adressez aux Oeuvres de la Mie de Pain sont déductibles à 75% de l’impôt sur le revenu en deçà d’un plafond qui évolue chaque année (à 66% au-delà de ce plafond).

Cliquer ici pour accéder au site de La Mie de Pain.

Le résultat d’une collecte à La Mie de Pain (photo Colette Desage).
Hall d’entrée du centre d’hébergement et d’insertion de la Mie de Pain (photo Colette Desage)

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