“Paris 14 Territoire de cinémas” : penser et agir pour un autre monde

L’association Paris 14 Territoire de cinémas a fêté ses quatre ans en novembre 2021 avec déjà à son actif quatre festivals de films organisés grâce au soutien financier de la Mairie du 14ème et des Conseils de Quartier. Son objectif reste de fédérer les cinq ciné-clubs et ciné-quartiers de notre arrondissement (le 32! Ciné, le Ciné-Kino ArtMele, le ciné-quartier Mouton-Duvernet, le ciné-club Pernety et le Club des cinéphiles de la Poste et d’Orange) afin de développer des projets qui font aimer et connaître le cinéma, mais également de porter haut des convictions et des valeurs. Coup de projecteur sur la structure et ses réalisations avec Isabelle Tantin, sa co-présidente, et Marie Labiste, sa chargée de communication.

Une tradition aujourd’hui centenaire

“La beauté du cinéma, c’est de pouvoir tenter quelque chose de différent”, affirme Clint Eastwood. Pourtant, face à la concurrence du DVD, de Netflix et des grands réseaux d’exploitation, y a-t-il encore une place pour le ciné-club qui est une autre façon d’appréhender et d’apprécier les oeuvres cinématographiques (*) ? C’était l’une des questions posées lors d’une table ronde organisée dans le cadre du troisième festival de films mis sur pied par Paris 14 Territoire de cinémas en 2020. Après “Les voisins font leur cinéma” (premier festival de 2018) et l’hommage à Jean Rouch (en 2019), ce troisième festival était plus particulièrement centré sur le thème des “Femmes au travail”. Mais il a également été l’occasion de célébrer le centenaire des ciné-clubs puisque l’idée de présenter des films et d’en discuter avec le public à l’issue de la projection a été “inventée” en 1920 au cinéma Les Ursulines dans le 5ème arrondissement de Paris. Le concept est-il pour autant toujours d’actualité à une époque qui voit triompher l’individualisme couplé à la technologie ? “Notre grande originalité par rapport au cinéma commercial reste la possibilité de discuter du film, plaide Isabelle Tantin. Et la discussion peut se faire en présence ou non d’intervenants extérieurs. Après la projection, nous échangeons tous ensemble 30 à 60 minutes, puis partageons parfois un verre ou un gâteau. Les gens se rendent au ciné-club un peu comme au café du coin. Mais, nuance-t-elle, notre public est en général plutôt cultivé et passionné de vieux films en plus d’être souvent amateur de théâtre et de littérature”. La rencontre de tous avec tous génératrice de lien social est parfois agrémentée par la présence d’intervenants extérieurs, d’acteurs ou de réalisateurs du 14ème arrondissement ou d’ailleurs. Car le 14ème, qui est l’arrondissement d’Agnès Varda et de Jacques Demy, est à lui seul un petit territoire très évocateur du 7ème art. Lors du dernier festival qui s’est tenu en 2021 sur le thème “Quand le cinéma imagine demain” et à l’occasion duquel Fahrenheit 451, le célèbre film de François Truffaut, a été projeté aux 7 Parnassiens (grâce au concours financier du Conseil de Quartier Montparnasse-Raspail), l’association a posé la question cruciale de la place de la culture et du cinéma dans la vie de tous. Nombreux furent les festivaliers qui purent en débattre lors de la table ronde animée par le réalisateur et metteur en scène Patrick Hadjahj. “Culture et cinéma sont essentiels dans notre vie : ils nous engagent à penser et agir pour un autre monde”, résume le dernier rapport d’orientations de l’association Paris 14 Territoire de cinémas où l’on a pu s’inquiéter de l’impact de la crise sanitaire sur la fréquentation des salles obscures.

Débat avec Patrick Hadjahj après la projection de “Fahrenheit 451” (octobre 2021)

Cinquième festival de films et nouvel outil de communication

Pour continuer à porter ses valeurs, l’association redouble d’énergie aussi bien sur le fond que sur la forme. Un cinquième festival de films est déjà en cours de préparation pour 2022. Plusieurs thèmes étaient en lice cette année : celui des frontières, celui des réalisateurs empêchés par la censure politique et celui de la jeunesse conquérant sa liberté qui est une thématique susceptible de drainer vers les ciné-clubs du 14ème un public renouvelé de jeunes spectateurs. La dernière réunion du conseil d’administration de Paris 14 Territoire de cinémas a finalement choisi le thème du “Cinéma passeur de frontières” comme fil rouge du festival d’octobre 2022. Afin d’assurer la fonction première de la structure fédérative qui est de faire circuler les publics d’un ciné-club à un autre, Marie Labiste, sa chargée de communication, capitalise sur les efforts déployés par Pascal Vaillant qui a créé le site internet commun à tous les ciné-clubs et ciné-quartiers (paris14cinema.fr) et optimisé l’utilisation des réseaux sociaux Facebook et Twitter pour faire connaitre l’association. Le nouvel outil (open agenda) dont elle a développé l’utilisation (cliquer ici) est dès à présent en mesure de promouvoir les activités des différents ciné-clubs en mode dématérialisé en détaillant de façon chronologique la programmation des films et des débats associés. Et un lien spécifique sur le site de la Mairie du 14ème est même envisagé qui pourrait venir consacrer la reconnaissance institutionnelle de Paris 14 Territoire de cinémas. Car les ciné-clubs associés ont déjà été intégrés par les instances municipales dans le cadre de la célébration du centième anniversaire de la mort de Georges Brassens à l’occasion de laquelle ont été projetés le film Porte des LilasL’Entrepôt) et le documentaire Le regard de Brassens (à l’Institut Protestant du boulevard Arago). Si, comme le dit Juliette Binoche, “le cinéma est un rêve que l’on rend possible”, alors Paris 14 Territoire de cinémas mérite sans doute un petit coup de pouce !

(*) Comme un symbole, Janine Bertrand, la fondatrice et présidente d’Inter Film qui fournit en films les ciné-clubs indépendants, s’est éteinte le 18 octobre dernier.

Rencontre avec Coline Serreau à l’occasion de la projection du film “La Crise” au festival 2021

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