YKO, artiste total et sans frontières

Dialogue entre YKO et son Polaroïd (photo C. Degoutte)

Il cause, il cause, YKO. Et l’on se sent très vite perdu et dépassé, comme au beau milieu de la forêt amazonienne. Comment peut-on avoir fait autant de choses dans et de sa vie ? Comment peut-on parler plusieurs langues de façon articulée et nuancée tout en étant happé par les mille disciplines de l’art ? Comment peut-on être tout à la fois poète, musicien, acteur de théâtre (et de séries télé), photographe, artiste urbain et (ex-)trapéziste de cirque ? “Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur”. Suivons donc le conseil de Cocteau et écrivons notre article en trois parties à peu près égales sur Yesser Kaadi Oliveira, alias YKO.

Brésilien cosmopolite

Cet article n’est pas une iconographie. Car une heure et dix huit minutes d’interview n’ont pas fini d’épuiser le sujet YKO, artiste total et sans frontières. La profondeur de la connaissance des activités artistiques auxquelles il s’adonne nous empêche d’utiliser le terme de touche-à-tout qui pourrait suggérer la superficialité dans tous les domaines. YKO est bien plutôt un “multi-perfectionniste”, habité du même désir de profonde maîtrise quand il transfert une émulsion de Polaroïd, joue de son pandeiro ou pratique une langue étrangère. L’exigence est un fardeau qui empêche l’autosatisfaction mais aussi parfois la concrétisation d’une oeuvre ou d’un projet. Elle nous pousse à creuser autant qu’à avancer. C’est peut-être elle qui explique comment l’énergie créatrice d’YKO a pu jaillir en étoile dans autant de directions artistiques. Bien sûr, comme toujours, l’entourage familial a joué un rôle déterminant. Son père notamment, grand amateur de poèmes et de photographie, qui le laisse manipuler son appareil photo dès l’âge de 8 ans pendant sa jeunesse brésilienne, et lui offre un appareil personnel quelques années plus tard. Cette ouverture grand angle sur la vie et la culture va l’amener à détester les frontières géographiques et abolir celles artistiques susceptibles de freiner sa soif de découvertes. YKO nous a raconté par le menu son parcours personnel et artistique qui l’a mené du Brésil à la France en passant par les Etats-Unis, et du théâtre à la musique en passant par le cirque. Nous ne nous doutions pas un seul instant de l’extrême richesse de sa trajectoire lorsque nous l’avons rencontré pour la première fois à Belleville rue Dénoyez au moment où il opérait la jonction entre ses deux principales activités artistiques d’aujourd’hui : l’art urbain et la scène musicale.

Carreaux High Voltage d’YKO (photo C. Degoutte)

Des carreaux et des corps

YKO se produisait ce soir-là en concert solo à la galerie Friches_et_nous_la_paix de la rue Dénoyez bien connue de tous les street-artists parisiens. Dans ce qui fut le lieu de résidence du pochoiriste Pedrô!, il a interprété quelques unes de ses chansons avant d’aller poser alentours plusieurs carreaux qui sont les supports de prédilection de son travail photographique sur le nu. Pourquoi le nu ? “Une fois terminé mon travail sur la technique du transfert d’émulsion à partir de Polaroïds et sur les différents vernis permettant de préserver au mieux ce transfert sur un carreau, s’est posée la question du sujet, se souvient YKO. Je ne me sentais pas de mettre la tête des gens sur mes carreaux. Autant que des réminiscences de la culture du corps qui prévaut au Brésil, ma visite d’un camp naturiste à Montalivet avec un groupe d’amis a été le déclic qui m’a donné l’idée de mettre en relief les corps nus du commun en tant que représentation d’une sorte d’expression universelle du corps. J’ai proposé à mes amis de les prendre en photo, ce qu’ils ont accepté de très bonne grâce. Mais on ne voit bien sûr jamais leur visage sur mes carreaux pour préserver leur anonymat.” YKO pose depuis lors ses carreaux représentant des corps nus un peu partout dans le 20ème arrondissement ou à proximité des endroits où il se produit en tant que musicien. Il a récemment investi le 14ème en en collant quatre dans la rue des Thermopyles. Certaines de ses rues ou de ses impasses sans issue de prédilection deviennent pour lui de véritables rues-galeries. YKO continue pourtant à coller ses carreaux à la sauvette avec un peu d’appréhension de peur d’être interpellé par la maréchaussée et de devoir payer une amende qui viendrait s’ajouter aux coûts déjà importants occasionnés par son travail. Mais la motivation demeure et il n’est pas peu fier de voir nombre de ses oeuvres “validées” par les habitants des immeubles sur lesquelles il les a posées en constatant qu’elles n’ont pas été enlevées par eux ou sont même nettoyées par eux . “J’y vois la reconnaissance artistique de mon travail et cela me touche toujours énormément”, reconnait le street artist avec sincérité.

En flagrant délit de collage fluo rue des Thermopyles (photo C. Degoutte)

New Morning pour Next Frontrier

Mais la grande affaire du moment est la musique à laquelle il s’adonne depuis des années. A l’école du cirque, YKO jouait du saxophone. Contraint d’abandonner le métier de circassien, il est devenu musicien percussionniste professionnel spécialiste du pandeiro, le tambourin sur cadre et à cymbalettes qui est si central dans la musique brésilienne. Il a travaillé énormément de cet instrument avant de pouvoir en vivre en tant qu’intermittent du spectacle en accompagnant des musiciens de samba. Depuis 4 à 5 ans, YKO est devenu auteur-compositeur-interprète de ses chansons qu’il qualifie lui-même de poésie chantée subversive. Orphelin volontaire des grandes formations musicales au sein desquelles il jouait de son instrument de prédilection, il se retrouve aujourd’hui seul sur scène habillant de sons électro des textes scandés qui questionnent la société dans laquelle nous vivons. “Ma production musicale réunit toutes les influences cosmopolites que j’ai pu rencontrées en France depuis 20 ans, résume YKO. Je ne prétends pas du tout faire de la musique brésilienne. Mon style personnel se rapproche beaucoup plus du slam et de la musique urbaine comme le rap tout en restant mélodique. J’écris la plupart du temps mes textes avant la musique, mais ils restent des textes pour faire danser que je peux écrire aussi bien en français qu’en portugais”. Le challenge est aujourd’hui de surmonter son perfectionnisme congénital pour parvenir à réunir ses chansons en un album. Nul doute que son prochain concert du samedi 11 novembre au New Morning en première partie de Djonga, qui est l’un des rappeurs les plus importants de la scène brésilienne actuelle, lui apportera le surcroit de confiance nécessaire à la réalisation de ce projet qui représente à coup sûr pour notre artiste total the Next Frontier

Cliquer ici pour accéder au compte Instagram d’YKO.

Anna Waisman renaît encore une fois en septembre 2023

Le très bon trip de bad beu dans le 14ème

bad beu, impasse du Moulin Vert le 1er septembre 2023 (photo C. Degoutte)

N’en déplaise aux anti-écolos, les mauvaises herbes rendent la capitale plus belle. Le bien nommé Stéphane Malherbe, alias bad beu, est de celles-ci. Nous nous étions donnés rendez-vous ce vendredi soir impasse du Moulin Vert, au coin de la rue des Plantes (!), pour le collage de la deuxième de ses oeuvres qui honore notre arrondissement en rendant hommage au très regretté Quatorzien Patrick Dewaere. L’occasion pour nous de faire plus ample connaissance.

Une jeunesse très rouge

“Un verre ça va, Dewaere bonjour les dégâts !”. Etait-ce l’alcool qui a délié les langues alors que nous fêtions le collage réussi de sa belle réalisation ? Etait-ce l’exaltation liée à la satisfaction d’avoir réalisé un très joli coup ? Ou bien était-ce sa spontanéité naturelle ? Toujours est-il que nous n’avons eu aucune difficulté à faire parler de lui notre artiste urbain, ce qui a rendu notre interview très agréable et intéressante. Stéphane Malherbe, plus connu sous son pseudo bad beu et qui signe aujourd’hui ses oeuvres tout simplement bad, est né il y a 56 ans à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines. Il baigne dans une culture très marquée à gauche puisque son père est un communiste pur et dur qui lui interdit formellement d’aller voir Rocky au cinéma ou même de boire du Coca-Cola (!). Comme lui, Stéphane deviendra professeur d’éducation physique et sportive en vouant une véritable passion pour le sport. bad beu n’a pas échappé à son destin puisqu’il habite et exerce son métier toujours en plein coeur de la banlieue rouge entre Vitry, Ivry et Cachan. Son univers mental est habité des souvenirs de sa jeunesse entre Pif Gadget, drapeaux rouges et affiches de propagande du PCF. C’est seulement un peu plus tard, en loucedé et grâce à ses copains de classe, qu’il s’extasiera sur les bandes dessinées de Marvel Comics peuplées de super-héros aux corps incroyables, et qu’il s’ouvrira à une culture pop, rock et ciné un peu plus éclectique. Le carreau Lénine qu’il a posé au 24 rue Beaunier, à l’endroit précis du 14ème arrondissement de Paris où le révolutionnaire russe a vécu avec sa famille en 1908-1909, est un vestige de cette jeunesse qu’il a trouvé facile et évident à réaliser tant il est familier de cet univers culturel.

Carreau Lénine, 24 rue Beaunier, Paris 14ème (photo C. Degoutte)

Vocation tardive pour vide existentiel

Les années qui passent éloignent Stéphane de l’atmosphère quelque peu étriquée de ses jeunes années en le faisant devenir professeur d’EPS, mari et père de famille. Il est à l’époque un sportif accompli qui s’entraîne au triathlon vingt heures par semaine souvent au détriment de sa vie familiale. Il finit par définitivement s’essouffler et décide un soir d’arrêter les activités sportives pour consacrer ses loisirs à une dimension plus créative de sa vie, susceptible de combler le vide existentiel laissé par l’abandon du sport. Depuis quelques années déjà, il  s’intéresse vaguement aux oeuvres que ses amis street artists collent à la Butte-aux-Cailles. Après avoir tâtonné quelque peu, il commence par poser à Vitry près de son domicile des oeuvres réalisées sur carton toilé, un support qui, en plus d’être assez onéreux, résiste mal aux intempéries et à l’épreuve du temps. Un ami lui propose alors de récupérer pour son compte dans une déchetterie des carreaux de carrelage qui présentent le double avantage de mieux faire ressortir les couleurs et de valoriser son travail sur les vernis. La relative fragilité du matériau utilisé n’effraie nullement celui qui accepte d’emblée les règles du jeu du street art dont les réalisations peuvent être très éphémères. “Les personnages que je choisis de représenter sont d’ailleurs souvent grattés, nous précise l’artiste. Et il y a rarement des limites corporelles bien faites et bien nettes à mes réalisations. Car le street art par nature se dégrade”. bad beu crée ainsi plusieurs centaines de carreaux dont certains ont déjà été collés et dont d’autres attendent sagement au fond de ses cartons le bon moment d’être posés au bon endroit, soit quelque part dans la rue qui reste pour lui “le plus grand musée du monde”. “Après avoir posé mes premiers carreaux à Vitry et Ivry, j’ai beaucoup collé à la Butte aux Cailles”, se rappelle bad. Avant de réaliser que j’allais très vite me lasser et peut-être surtout finir par lasser”. Force est de reconnaître que la prolifération des oeuvres de street art dans ce quartier de Paris contribue à fortement diluer voire annihiler le message que souhaitent faire passer les artistes urbains qui choisissent d’y coller leurs oeuvres. C’est là qu’intervient Claude Degoutte, l’homme qui murmure à l’oreille des street artists parisiens, pour lui suggérer d’arrêter de coller partout et surtout n’importe où. Le Quatorzien, qui est une véritable encyclopédie vivante en matière d’art urbain et le nouveau pape du street art in situ à Paris, va ainsi lui suggérer de coller un carreau Lénine rue Beaunier et un carreau Dewaere impasse du Moulin Vert où vécut et se donna la mort le talentueux et très populaire acteur français.

Carreau Dewaere, impasse du Moulin Vert, Paris 14ème (photo C. Degoutte)

Des carreaux et des rues

J’ai ressenti une très forte émotion quand je suis venu impasse du Moulin Vert pour coller mon carreau Dewaere car j’adore véritablement ce mec, nous confie bad beu converti à l’in situ. J’aime son humour à froid, son cynisme qui par moment peut choquer, et la mélancolie que son regard exprime alors qu’il avait tout pour être heureux. Je viens d’ailleurs de revisionner l’ensemble de ses films et j’ai encore plus envie de connaître le personnage depuis que je lui ai consacré un carreau”. Il est vrai qu’au même titre que Lénine ou, par exemple, Che Guevara, Patrick Dewaere est devenu pour toute une génération une véritable icône de la culture pop à laquelle quelques autres artistes, dont notamment le pochoiriste Pedrô! aujourd’hui disparu, ont également rendu hommage. “C’est sans doute l’un des trucs les plus forts et les plus rares que j’ai réalisés”, insiste bad beu qui n’a pas du tout l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Avec l’aide de Claude Degoutte, il a pour projet de créer une sorte de “carte mentale” du 14ème en semant littéralement dans tout l’arrondissement des petits carreaux dédiés à des personnalités marquantes qui permettraient aux quidams de connaître les endroits où ces personnalités ont vécu en rebaptisant symboliquement les rues de leur nom. Pourquoi pas un carreau Beckett dans la rue Rémy Dumoncel où le célèbre écrivain est mort ? Pourquoi pas un carreau “rue Giacometti” à l’endroit où le sculpteur avait son atelier ? Et pourquoi ne pas associer la Mairie du 14ème arrondissement à ce projet global que Claude Degoutte a dénommé “rue des petits carreaux” ? Pour une fois que bad beu, qui a généralement du mal à travailler avec les autres, trouve sparring-partner à son pied, il est prêt à foncer ! Il serait, selon nous, fort dommage de laisser cette belle idée sur le carreau…

Coup de tête pour ce second carreau semé dans le 14ème ? (photo C. Degoutte)

Cliquer ici pour accéder à la page Instagram de bad beu.

Le kiosque-atelier de Sedigheh Fahrat

Sedigheh Farhat, fidèle au kiosque (photo YB)

J’la croise tous les matins, 7h40″, aurait pu chanter Johnny. Quels destins et quels talents se cachent derrière les vies en apparence les plus banales ? Chaque jour de la semaine aux alentours de 7h45, Sedigheh Fahrat rejoint son kiosque à journaux situé devant la station de métro Pernety. N’était-ce la curiosité de quelques Pernétiens initiés (*), nul ne se douterait qu’une artiste peintre de très grand talent se cache derrière la kiosquière d’origine iranienne. Nous l’avons rencontrée ce samedi matin pour découvrir son parcours et nous familiariser avec son oeuvre.

“Le meilleur kiosque de Paris”

Le c.v. de vingt pages de Sedigheh Fahrat que nous a communiqué une amie Pernetienne est agrémenté de nombreuses oeuvres représentant des paysages, des portraits, des natures mortes ou bien encore des chevaux qui révèlent une technique picturale accomplie. Nous nous arrêtons sur la première page sur laquelle figurent les informations clés relatives à notre artiste peintre. Sedigheh est kiosquière à Paris depuis aujourd’hui 18 ans. Elle  a exercé ses fonctions dans des kiosques à journaux à Saint-Lazare, à Saint-Germain-des-Près, place Clichy, au Champs de Mars avant d’arriver rue Pernety en 2021. “Le kiosque de la rue Pernety est entre tous celui que je préfère car j’y ai sans doute l’occasion de rencontrer et de sympathiser avec des gens dont le niveau intellectuel est un peu supérieur”, nous confie Sedigheh dont l’inextinguible goût des autres la pousse à exercer cette activité avec bonheur malgré son âge avancé. Elle est née en 1946 dans le nord de l’Iran et y développe dès l’âge de 14 ans une passion pour la peinture qu’elle pratique au quotidien. C’est donc tout naturellement qu’elle s’oriente dans son pays natal vers le métier d’enseignante en arts plastiques, tout d’abord dans une école primaire à Téhéran, puis, après avoir obtenu une licence universitaire dans cette matière, dans un collège, dans un lycée et finalement à la faculté des enseignants de la capitale iranienne. La révolution islamique interrompt cette très belle progression, qui la conduit à suivre son mari architecte en France où il est réfugié politique. Malgré une maîtrise d’Esthétique obtenue à la Sorbonne, trop d’obstacles empêcheront cette diplômée des Beaux Art de Paris d’exercer le métier d’enseignante en France. Sedigheh doit en effet d’abord s’occuper de sa famille de quatre enfants et perfectionner sa pratique de la langue française. Grâce à une amie, elle apprend à faire des crêpes et exerce pendant sept ans le métier de crêpière boulevard Sébastopol au centre de Paris avant de devenir kiosquière à journaux.

Portrait d’Abbas Moyaeri, huile sur toile (photo S. Fahrat)

Sur les traces d’Abbas Moyaeri

Mais les contraintes de sa vie mouvementée ne l’ont jamais éloignée de la peinture et, dès avant de se fixer définitivement dans notre pays, elle a l’occasion d’exposer en Iran (à l’Hôtel Continental de Téhéran en 1982) et en France (par exemples, au Grand Palais et au Musée de la Femme de Paris en 1972) lors de séjours qu’elle y effectue avec son mari. Les expositions s’enchaînent dans son nouveau pays d’adoption à partir de 1990 : à Paris bien sûr (à l’occasion de ventes aux enchères à la salle Drouot entre 1990 et 1993 et à la salle Bonhams Cornette de Saint-Cyr en 2010), mais aussi dans le Val-d’Oise à Herblay où elle réside et où elle collectionne les prix, de même qu’à Cergy, à Cormeilles-en-Parisis ou bien encore dans les Yvelines à Conflans-Sainte-Honorine. Le succès est au rendez-vous puisqu’elle réussit l’exploit de vendre près de 80 (!) de ses oeuvres lors d’une exposition organisée en 2015 à la Mairie du 7ème arrondissement de Paris. “C’est le fruit d’un travail que je poursuis depuis quarante ans en empruntant différents styles : impressionnisme, abstrait, figuratif, portrait, et en utilisant différentes techniques : aquarelle, pastel, huile, gouache, stylo à bille, nous précise l’artiste qui réalise également de la peinture sur porcelaine et de la sculpture à l’argile depuis deux ans. Sedigheh a eu le privilège de suivre pendant plus de cinq ans l’enseignement d’Abbas Moyaeri (**), le grand maître franco-iranien spécialiste des miniatures persanes qui a lui aussi longtemps hanté le Quartier Pernety non loin du kiosque à journaux puisqu’il résidait rue Losserand avant d’être emporté en 2020 par la pandémie de Covid. Elle a par ailleurs pu se voir enseigner la calligraphie par Abdollah Kiaïe, un autre très grand artiste graphiste et calligraphe d’origine iranienne dont nous venons de déplorer le décès en mai dernier. Ces deux illustres prédécesseurs continuent bien sûr à nourrir son inspiration pour réaliser les natures mortes, les paysages, les portraits et les nus qui constituent l’essentiel de son oeuvre. Mais Sedigheh la trouve également sur place dans son kiosque au cours des longues heures qu’elle y passe, en compulsant par exemple les principaux titres de la presse hippique qu’elle vend aux amateurs. Elle réalise justement actuellement une série sur les chevaux. Voyez plutôt ce qu’elle sait réaliser munie d’un seul stylo à bille BIC qu’elle vend un euro dans sa boutique ! Cela se passe juste de commentaires… Puissions-nous très bientôt admirer ses oeuvres dans le 14ème arrondissement de Paris !

Cheval attelé, stylo à bille noir sur feuille, 2022 (30 x 40 cm) (photo S. Fahrat)

(*) Lire notamment l’article d’Arnaud Boland dans La Page du 14ème daté d’Avril-Juin 2023.

(**) Ne manquez pas l’actuelle exposition organisée autour de l’oeuvre d’Abbas Moayeri jusqu’au 4 septembre 2023 au Sénat (flyer ci-dessous) !

Le Paris plus beau de Jean-François Caillarec

Jean-François posant la plaque du 54 rue du Château (photo C. Degoutte)

Il est de ceux qui transforment le plomb en or et qui veulent rendre la vie plus belle. Jean-François Caillarec, qui a déjà une centaine d’idées de plaques de rue à son actif, a sauté sur l’occasion qui s’offrait à lui de rendre hommage à une adresse mythique de l’histoire de l’art, le 54 de la rue du Château, pour exprimer tout son talent d’artiste urbain. Nous l’avons rencontré sur les lieux de sa dernière oeuvre et l’avons interrogé sur son parcours et ses projets artistiques.

Transformer le mobilier urbain en oeuvres d’art

Rien ne prédestinait Jean-François Caillarec, Breton de Paris depuis vingt-cinq ans, à devenir “décorateur d’extérieur”. Ce physicien de formation, qui travaille aujourd’hui dans le secteur médical, a certes toujours été traversé par quelques velléités artistiques. Mais à peine plus que tous ceux qui envisagent la vie de façon un peu plus créative que la préparation du prochain week-end. Le Quatorzien commence à peindre des tableaux sur le thème de Paris, particulièrement du métro parisien. Puis, il prend l’habitude de participer à Arts en balade, une manifestation de créateurs qui a lieu chaque année à la fin juin sur la Coulée Verte René Dumont dans le 12ème arrondissement de Paris. Encouragé par les organisateurs à tirer au maximum partie de l’espace naturel et verdoyant, Jean-François choisit en 2019 de réaliser une maquette de banc de jardin public peinte aux couleurs de l’arc-en-ciel qui rencontre un tel succès qu’elle fait partie des projets retenus puis votés dans le cadre du budget participatif de la Ville de Paris. “Cette réalisation m’a motivé pour la suite car nombreux sont ceux qui rêvent de créer des oeuvres dans l’espace public”, nous confie celui qui n’est devenu que sur le tard artiste urbain. Elle va de fait être le déclic et le point de départ de la réalisation d’autres “installations dans la rue” qui utilisent toutes sortes de mobilier urbain pour les transformer en oeuvres d’art. “Je fais néanmoins toujours en sorte d’utiliser du plastique et du carton pour que les services de la Ville de Paris puissent en faire ce qu’ils veulent”, tient à nous préciser notre gentil vandale. Et je signe systématiquement mes installations provisoires avec mon adresse Instagram pour permettre mon identification si nécessaire. Car j’assume absolument tous les risques liés à la production de mes oeuvres. Qu’est-ce qu’être artiste sinon accepter de prendre des risques ?”

Entouré pour la première fois d’un public fasciné… (Photo C. Degoutte)

Une centaine de plaques provisoires et trente (moins trois) plaques pérennes

Le confinement lié à la pandémie va stimuler la créativité de Jean-François. L’idée lui vient d’illustrer les plaques de rues parisiennes. “J’ai commencé à préparer mes plaques pendant le confinement et à les poser dès sa levée au mois de mai 2020, se rappelle le street-artist. Jean-François fait bien le distingo entre plaques “provisoires” et plaques “pérennes”. Les premières, dont il a produit une bonne centaine d’exemplaires, sont facilement décollables et sont de fait souvent enlevées pour finir par se retrouver dans le salon des amateurs. Elles consistent en des photos imprimées sur carton ou plastique qui sont ensuite collées sur les plaques de rue grâce à quatre points adhésifs. Les plaques pérennes sont quant à elles imprimées sur dibond et encollées fortement sur les plaques de rue originelles, de sorte qu’on ne peut en principe les retirer qu’au burin. “Toutes mes plaques provisoires ont vocation a devenir des plaques pérennes que je réalise pour qu’elles restent collées des dizaines d’années, assume Jean-François. J’en ai déjà posé une trentaine dont trois ont malgré tout été enlevées par les services de la Ville de Paris. Peut-être la difficulté rencontrée pour les enlever explique-t-elle en partie leur longévité.” De fait, ce sont les agents de la ville eux-mêmes qui aujourd’hui nettoient les plaques pérennes qu’il a posées et qu’il a pris soin de couvrir d’un vernis pour permettre leur entretien. C’est à coup sûr la reconnaissance inofficielle de projets qui n’ont pas tous loin de là fait l’objet des autorisations municipales ou administratives nécessaires, ce qui est tout à fait compréhensible au regard des délais d’obtention de ces autorisations. Si Jean-François a, par exemple, obtenu en 2021 l’accord de la Mairie du 12ème arrondissement par l’intermédiaire de sa Commission culturelle pour apposer trois plaques de rues rue Baudelaire à l’occasion du bicentenaire de la naissance du poète, jamais il n’a pu recevoir en temps et en heure l’aval de la Direction des Affaires Culturelles sur son projet. Ce qui s’appelle être complètement à côté de la plaque…

Montage photo C. Degoutte

Vulgarisateur de culture

Mais Jean-François n’entend pas désarmer et continue son combat pour l’embellissement de la capitale au sein du collectif ou en solo. Même s’il a finalement été recalé en 2022 au budget participatif de la Ville de Paris pour le projet qu’il portait (et qui fut un premier temps retenu) visant à l’apposition de plaques à la mémoire d’un autre illustre poète français rue Ronsard dans le 18ème arrondissement de Paris, notre indécrottable poseur de plaques continue à foisonner d’idées. D’où lui viennent-elles ? Ce sont souvent ses lubies personnelles qui lui font s’intéresser tantôt aux poètes tantôt aux peintres célèbres. Mais Jean-François est également soucieux de faire oeuvre utile : “Enormément de personnes ne savent pas qui est Delacroix ou même Michel-Ange, témoigne-t-il. C’est pourquoi j’ai été si heureux d’illustrer leur plaque de rue parisienne respective avec La Liberté en Marche et La Création du Monde. J’ai, autre exemple, illustré la rue de l’Observatoire avec la Voie Lactée. Parfois une photo parle beaucoup plus qu’un nom, et mes oeuvres permettent de facilement associer l’une à l’autre“. Claude Degoutte, qui est un autre fidèle arpenteur des rues parisiennes, lui fournit aujourd’hui de nombreuses autres idées de plaques illustrées en continuant à développer le concept des oeuvres in situ qui sont réalisées et produites pour un endroit spécifique en entrant en résonnance avec le lieu choisi, son histoire, sa mythologie ou son actualité. La première plaque de rue in situ réalisée par Jean-François est celle réalisée rue Valette qui évoque le célèbre film La Boum de Claude Pinoteau parce que Vic, l’héroïne du film interprétée par Sophie Marceau, habite au “6ème étage gauche” (sic) du 21 rue Valette qui ne compte en réalité que trois étages… Et c’est donc aujourd’hui le 54 de la rue du Château, une adresse mythique de l’histoire de l’art en ce qu’elle fut il y a un siècle le lieu de rencontres de nombreux Surréalistes dont notamment Breton, Prévert et Tanguy, que l’artiste urbain honore d’une nouvelle plaque de rue in situ. Si Jean-François a bien conscience que transformer la ville et contribuer à l’embellir se fait extrêmement lentement, il tient absolument à être de ceux qui y contribuent. “Faire partie de ce mouvement, même à une petite échelle, je trouve ça super bien”, nous dit-il. Pour que Paris chargée de vie et d’histoire reste à jamais la plus belle ville du Monde…

La plaque provisoire du 54 rue du Château (photo C. Degoutte)

Marie Laure Fadier, un talent en trois dimensions

Marie Laure dans son atelier de la rue de l’Eure

Marie Laure Fadier est une artiste peintre résolument moderne et avant-gardiste. Rien ne lui fait vraiment froid aux yeux. Il y a quinze ans, après avoir tout perdu, elle décide de tout changer : de vie comme de sexe ! Elle travaille aujourd’hui à mettre en scène l’ensemble de son œuvre dans une recherche graphique en 3D qui n’exigera pas moins de deux ans de préparation. Nous l’avons rencontrée dans son atelier du Quartier Pernety dans le 14ème arrondissement de Paris où elle a élu domicile depuis plus de 40 ans.

Une vocation et un destin : les fabuleuses rencontres de Marie Laure Fadier

Marie Laure ne s’est jamais vraiment posé de questions sur sa vocation. Pour elle, peindre est une évidente nécessité. Elle commence par suivre les pas de son père architecte en s’inscrivant à l’école d’architecture où elle étudie l’histoire de l’art. Sortie de l’école à 23 ans où elle obtient son diplôme sur toile (une première déjà !), elle profite des dernières belles années de Montparnasse dans l’atelier familial de Notre Dame des Champs qui fait face à Seneliers, le célèbre magasin de dessin qui vend le matériel pour artistes. Elle va tous les matins prendre son petit déjeuner à “La Coupole” où elle croise Sartre et Ionesco. Déjà hantée par des questionnements personnels sur sa véritable identité sexuelle, elle cède pourtant aux conservatismes de l’époque et décide de se marier. Marie Laure raconte plus facilement sa vie que les différentes périodes qui ont jalonnées son évolution artistique. Elle est notamment intarissable sur les circonstances extraordinaires dans lesquelles elle a pu bénéficier de l’aide inattendue de personnalités du cinéma, du théâtre et de la politique pour dénicher ses différents ateliers. C’est en effet suite à une histoire rocambolesque que Jean-Pierre Léaud, une connaissance de l’époque, la guidera vers Jean Le Poulain qui lui proposera d’occuper un loft dans le 19ème arrondissement de Paris. Pour obtenir son atelier actuel, elle bénéficiera au hasard d’une rencontre dans un bouiboui chinois du 14ème de l’aide d’un autre protecteur des artistes, Yves Lancien, alors député-maire de l’arrondissement, qui considérait à juste titre que les artistes peintres en étaient l’âme et le patrimoine humain. “De la 3D sans informatique”

Des rencontres, Marie Laure en fait également beaucoup dans le cadre de son travail d’artiste. Son ambitieux projet défini il y a vingt ans, faire de la 3D sans informatique, l’amène à frapper à la porte du plus grand spécialiste français des nouvelles images, le Pr Niño de l’Ecole Normale Supérieure. “On peut le faire mais c’est très compliqué !” , la prévient-il. Il en faut beaucoup plus pour décourager Marie Laure. Pour lui permettre de continuer sa quête, le Pr Niño la met en relation avec Jean-François Colonna, mathématicien à l’école polytechnique dont un des aspects du travail de recherche consiste à mettre en image les équations de la physique mathématique. Marie Laure connaît bien l’école polytechnique car elle y a déjà organisé plusieurs années auparavant une rétrospective de 150 tableaux. Lorsqu’elle rencontre Colonna, elle est frappée par les similitudes existant entre les résultats de son travail obtenu par l’informatique et le sien propre. Elle convainc le directeur des sciences de l’UNESCO de monter une exposition commune, “Les journées mondiales de la science” qui ont lieu en 2004 autour de physiciens, d’astrophysiciens et de chercheurs de tout premier plan dont Hubert Reeves et Michel Cassé. Mais elle ne s’arrête pas en si bon chemin faute d’avoir trouvé de véritable réponse à son obsession : faire de la 3D sans informatique. Elle se plonge pendant un an et demi dans l’étude des techniques développées par les studios Disney pour créer des images en trois dimensions. Elle décortique les images créées par ordinateur et perce les mystères des autostéréogrammes et de l’anaglyphe (technique par laquelle on éprouve la sensation du relief en chaussant des lunettes de couleur). La démarche toute personnelle entreprise par Marie Laure, le regard parallèle qu’elle développe, vont jusqu’à susciter l’intérêt d’ophtalmologues de l’hôpital militaire du Val de Grâce qui, d’abord incrédules, sont tout à la fois convaincus et stupéfaits par la démonstration qu’elle réalise devant eux à l’atelier. « Vous avez exercé votre nerf optique et vos yeux comme un sportif de haut niveau entraine ses mollets », lui déclarent-ils estomaqués. Nouvelles orientations

Mais patatras ! Le monde s’effondre en 2008 non pas tant à cause de la crise financière que parce sa femme la quitte en emportant meubles et tableaux. Le divorce et la remise en question qui s’ensuit l’amènent à changer de vie et à prendre tous les risques. Marie Laure passe quelques années sans toucher à la peinture et revient au dessin. Elle fait le siège de la maison Canson pour obtenir d’elle la fabrication d’un papier déjà marouflé qu’elle utilise pour la production de ses oeuvres. Elle a recours à des substances qui stimulent sa créativité (hallucinogènes et autres “potions magiques”). Enfin, elle entreprend les démarches nécessaires pour changer de sexe, une opération aujourd’hui prise en charge en France à partir du moment où elle découle d’une décision mûrement réfléchie. Cette métamorphose qui n’a pas été sans susciter peurs et angoisses, Marie Laure la raconte dans un livre sur lequel elle va travailler pendant plus de six ans et qu’elle a aujourd’hui finalisé. Mais c’est la peinture qui reste pour elle la priorité. En attendant la réalisation d’un film d’animation de dix épisodes qui mettra en scène son œuvre picturale (un chantier de deux ans de travail !), elle a décidé de produire avec un ami cinéaste un petit un court-métrage de 8 à 10 minutes qu’ils envisagent de présenter au festival d’Annecy. Autant de projets qui rythment sa nouvelle vie alors qu’elle a amorcé un retour en force à la peinture à l’huile, une peinture devenue plus graphique après quelques années consacrées au dessin et qui puise son inspiration aussi bien dans un imaginaire fantasmagorique personnel que dans la géométrie fractale. Marie Laure Fadier est aujourd’hui une femme et une artiste épanouie qui n’a décidément pas fini d’entreprendre et de nous étonner !

Une grande partie de l’œuvre de Marie Laure Fadier est visible sur internet sur le site www.marielaurefadier.com.

Chantal Grimm célèbre les belles rebelles du Moyen-Age et de la Renaissance

Chantal Grimm en concert (photo J. Amiel)

Les fées marraines qui se sont penchées sur le berceau de Chantal Grimm étaient-elles les belles rebelles du Moyen-Age et de la Renaissance dont elle réinterprète aujourd’hui les chansons et la poésie ? L’auteure-compositrice-interprète, très active dans le 14ème arrondissement de Paris au travers de ses activités associatives, a l’honnêteté de ne pas cacher qu’elle a été gâtée par la nature et dotée de multiples dons à l’origine d’une oeuvre foisonnante dont nous serions bien en peine de faire le tour. Rencontre au Château Ouvrier à l’issue d’un atelier d’écriture de nouvelles.

Artiste et historienne de la chanson

Chantal Grimm est une chanteuse à texte qui perpétue cette belle tradition française dont un des plus illustres représentants a également vécu dans le 14ème arrondissement de Paris. Toute féministe militante qu’elle soit, c’est bien le nom de Brassens qu’elle prononce en premier (avant celui de Brel et de Barbara) pour rattacher son oeuvre à celles de ses prédécesseurs. L’auteure-compositrice-interprète a elle-aussi pu bénéficier d’un éclairage médiatique à la fin des années 70 et au début des années 80 bien qu’elle ait, par timidité, longtemps hésité à frapper à la porte du métier qui correspond à sa vocation profonde. Elle se fait connaître comme artiste en organisant en 1976 le festival Chansons de femmes au théâtre Mouffetard à Paris et connait un beau succès à la radio avec son premier disque Variations en femmes majeures édité au Chant du Monde en 1978 et dont le titre Le Piano cassé est programmé par de nombreuses stations. Mais les chansons de la vague folk de la fin des années 70 dans laquelle elle s’inscrit ne pèseront pas lourd face à la déferlante hard rock dans les choix des programmateurs des radios les plus commerciales de l’époque. “Il faut bien reconnaître que ce métier est complètement asservi à des modes de plus en plus nombreuses et rapides qui nous viennent d’outre-atlantique et qui se mélangent plus ou moins bien à notre tradition”, constate Chantal. “A part quelques-uns qui, comme Anne Sylvestre, avaient suffisamment travaillé, les chanteurs à textes ont tous été balayés en 1982 peu après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, malgré les très méritoires efforts de Jack Lang pour soutenir les groupes qui pratiquaient l’activisme chanson dont le Printemps de Bourges et le Hall de La Chanson sont les héritiers”. Mais l’artiste a fort heureusement bien plus d’une corde à son arc. Elle s’est depuis bien longtemps intéressée à l’histoire et à l’esthétique de la chanson et a déjà sorti en 1972 avec deux amis un véritable dictionnaire de la chanson française intitulé Cent ans de chanson française. Forte de ce travail et de son succès artistique qui a duré environ cinq ans, elle a été invitée pendant des années à promouvoir la langue française dans le cadre de tournées à l’étranger organisées par l’Institut français et pendant lesquelles elle a alterné missions d’enseignement et activités artistiques. Et, si elle a depuis entamé une seconde carrière de chanteuse pour enfants, elle n’en continue pas moins à se produire ponctuellement lors de concerts et à sortir de nouveaux opus. Pour preuves : Mes lunes, un nouvel album de seize titres inédits sorti en février 2020, et également la quatrième réédition de Ballades des belles rebelles qui met en musique celles qu’elle considère comme ses vraies marraines en chant et en poésie tout droit sorties du Moyen-Age et de la Renaissance et répondant aux doux noms de Christine de Pisan, Marguerite de Navarre, Louise Labé, Pernette du Guillet, Marie Stuart, Madeleine de l’Aubespine, Madeleine des Roches, Marie de Brabant, Marie de Romieu ou encore Anne des Marquets.

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Fondatrice de l’association des Ecrivants Chanteurs

Presque vingt ans d’activités associatives dans le Quartier Pernety ont également fait de Chantal Grimm un personnage incontournable du 14ème arrondissement de Paris. Elle s’est définitivement installée dans notre Quartier en tant qu’animatrice en fondant en 2005 l’association des Ecrivants Chanteurs qui propose des stages de professionnalisation pour les chanteurs amateurs, des ateliers d’écriture et des cabarets-chansons. Chantal est ravie de mettre à profit un autre de ses dons qui lui est très cher et pour lequel elle a même été sollicitée par la Sorbonne : faire écrire les autres. S’agissant tout particulièrement de la chanson, elle se flatte d’avoir inventé une méthode qui fournit certaines clés pour mettre ses propres mots en musique : “Il y a beaucoup de gens qui ont le pouvoir d’écrire poétiquement et qui ont également une sensibilité musicale à l’audition, mais qui n’ont pas le pouvoir de créer des musiques”, fait-elle très justement observer. Chantal organise tous les mois au Château Ouvrier un atelier chanson qui est, depuis la pandémie, beaucoup plus vivant en distanciel qu’en présentiel. “On a réussi à faire chanter les gens par le moyen de téléphones portables qui sont aujourd’hui d’une telle qualité qu’on pouvait réellement croire qu’il s’agissait d’enregistrements studio quand on en a fait des disques. C’est sans doute le seul atelier qui existe aujourd’hui de cette manière, précise l’auteure-compositrice-interprète en me tendant deux CD édités par l’association qui témoignent du travail de très grande qualité des participants. “Forts de notre abondante production, nous avons également monté des spectacles à L’Atelier du Verbe du 17 rue Gassendi, ajoute-elle. Et nous avons eu la surprise de constater que des gens complètement inconnus qui font de la chanson à texte pouvaient remplir une salle. Nous envisageons même d’utiliser un nouvel endroit pour nous produire rue du Couédic dans l’atelier de sculpture d’une de nos stagiaires qu’elle va transformer en salle de spectacle pour notre usage.” A côté de l’atelier chanson, l’artiste-enseignante anime également au Château Ouvrier des ateliers hebdomadaires d’écriture de nouvelles d’un niveau plutôt exigeant et qui ont également été l’occasion de la parution de deux livres écrits par ses élèves intitulés Contes et Nouvelles au Château Ouvrier (parus en 2017 et 2021 aux éditions Unicité). Pas étonnant qu’avec un tel bilan, l’association des Ecrivants Chanteurs déborde du cadre du seul 14ème arrondissement où elle a son siège : “Les deux tiers des participants à mes ateliers viennent d’ailleurs, nous précise Chantal. Certains du Midi de la France, d’autres de Bourgogne ou même de Belgique.” Puissent les Ecrivants Chanteurs rayonner aussi loin et longtemps que les belles rebelles du Moyen-Age et de la Renaissance !

Cliquez ici pour accéder au site de Chantal Grimm et découvrir le panorama de ses multiples talents et activités. Cliquez ici pour accéder au site des Ecrivants Chanteurs.

Les Ecrivants Chanteurs en concert dans le 14ème au Jazz Café Montparnasse

Lou Hopop, pas folle la guêpe!

Lou très colère après avoir été piquée par une guêpe…

J’ai finalement réussi à coincer Lou Hopop après de longues semaines de traque sur internet. L’artiste de Pernety n’a pas eu d’autre choix que de s’asseoir en face de moi au Laurier pendant plus d’une heure à l’heure du déjeuner en compagnie de sa meilleure amie la guêpe qui était également là pour lui casser les pieds entre deux bouchées de filet de lieu noir au curry de Madras. Je savais bien que ce serait un top moment de ma vie et ça le fut effectivement. Même pas besoin de réécouter l’interview pour vous parler de mon artiste chouchou de Pernety !

Besoin compulsif de peindre

Comme l’annonce son site internet, “la peinture de Lou Hopop, c’est du Mmmmh !! du Rrrhaaa !! du Grrrrrr !”. Certes. Mais ce que Lou oublie de préciser, c’est que c’est aussi beaucoup de Hahaha !, ce qui est une très bonne nouvelle pour tous ceux qui, comme elle, refusent de se prendre trop au sérieux. Lou Hopop Bref Lou Guinard, plus connue sous son nom d’artiste Lou Hopop, est née à Paris en 1980. Très précoce pour son âge, elle devient punk à treize ou quatorze ans. Mais elle était sans doute dès le berceau déjà branchée sur la musique car son univers artistique évoque bien plus le punk-rock que la culture hip-hop dans laquelle elle baigne dans sa jeunesse. J’ai oublié de lui demander quelles études elle a suivies et j’ai très bien fait car cela n’a absolument aucune importance pour une artiste-née et complètement autodidacte. Elle commence par exercer ses talents en province dans l’univers de la brocante qui lui offre de très nombreux supports (chaises, fauteuils, paravents, etc.) sur lesquels elle “s’éclate juste pour le fun” avant de se découvrir une véritable addiction à la peinture en 2014. C’est pour obéir à ce besoin compulsif de peindre qu’elle décide de revenir se “sédentariser” à Paris. Elle y croise Ben au Lavo // Matik, la fameuse galerie d’Arts Urbains parisienne, qui l’invite à y exposer ses premières oeuvres qui sont sans surprise immédiatement très bien accueillies. Lou prétend n’avoir aucune(s) technique(s) mais elle en parle néanmoins très bien sur son site… : d’abord un fond mêlé de graffitis, de tags au posca, à la bombe, posés sur de vives couleurs juxtaposées, culbutées, travaillées en fonction du sujet qu’elle viendra dans un deuxième temps peindre au pinceau à l’acrylique noir et opaque. Le résultat c’est top, le résultat c’est Lou Hopop !

Cliquez ici pour accéder au site et visiter la galerie de Lou Hopop.

Autoportrait (?) en femme Bisounours

Des étincelles plein les yeux

A-t-on besoin d’écrire quand il suffit de regarder avec ses yeux ? Le talent, ça saute au visage, et Lou en a énormément. Elle aime la vie puisqu’elle aime les hommes, le sexe, le travail, la musique et la rigolade – et qu’elle n’a surtout pas peur de le montrer dans ses oeuvres. Il ne faut pas gratter très longtemps pour voir la punk, donc la Femme, percer sous sa peau de Bisounours rose. Lou me dit qu’elle a commencé par écrire avant de peindre. Il semblerait que la peinture (ou la sculpture ?) soit un média plus immédiat que l’écriture pour révéler son moi profond. Dans la très belle et très complète interview qu’elle a accordée à Black Dog Bone sur le site Murder Dog International (cliquez ici), Lou déclare : “D’ailleurs j’ai souvent tendance à rougir quand je montre une toile la première fois à certaines personnes ; la peur peut-être qu’elle n’en découvre sur moi plus que je ne le sache déjà !”. Un peu plus loin : “Je n’ai pas assez de recul pour te dire ce qui est le plus important dans ma carrière, mais un pur moment de folie, c’est quand tu perçois des étincelles dans les yeux de la personne qui découvre ta toile ; là c’est un truc de fou ! Super intimidant, mais un truc de fou !”. Nos yeux s’allument notamment (mais pas que !) lorsqu’ils glissent sur les toiles les plus puissamment érotiques, transgressives et un peu taboues réalisées par Lou. Imagine-t-on un homme en peindre autant à une époque où les moeurs sont peu à peu corsetées par la bégueulerie des néo-féministes ultra ? Lou a bien trop d’humour pour en être. Mais elle ne se doute pas encore dans quel guêpier elle s’est fourrée en nous excitant de la sorte, nous pauvres et misérables hommes ! Je plaisante bien sûr… Merci Lou et encore bravo !

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RHHAAA! ET CETERHHAAA!

Ambre Castilla, peintre-coloriste de Montparnasse

Les coloristes se bousculent au portillon du 14ème arrondissement en ce début du mois d’octobre 2022. En parallèle de l’exposition des dessins au pastel de Jean-Pierre Torlois au Paradol. Café culturel (cliquez ici), la Galerie du Montparnasse du 55 rue du Montparnasse accueille du 2 au 12 octobre dans ses très vastes 150 m2 les oeuvres de mademoiselle Ambre Castilla qui est une grande habituée du lieu de même que du Marché de la Création du boulevard Edgar Quinet. Deuxième rencontre ce samedi 1er octobre alors qu’étaient accrochés les derniers tableaux de cette nouvelle exposition de dix jours.

Une aspiration artistique très précoce

Ambre Castilla est une Parisienne d’origine sud-américaine (péruvienne très précisément) dont l’imaginaire a été nourri par de nombreux voyages à travers le monde. Elle rêve d’être artiste-peintre depuis sa prime enfance pendant laquelle elle est très couvée par son parrain Pierre Benoist qui est conseiller général d’Île-de-France et qui l’emmène visiter tous les musées parisiens dès l’âge de cinq ans. Son père linotypiste ne la dissuade pas de renoncer à sa vocation et l’inscrit après ses études secondaires à l’Ecole du Louvre. Elle n’en perd pas pour autant le contact avec la réalité de la vie quotidienne puisqu’elle exerce de nombreux métiers en parallèle de sa passion pour l’art pictural (secrétaire sténodactylo, employée bancaire, secrétaire dans un gros cabinet d’architecture) avant d’ouvrir un magasin de vêtements vintage à Montparnasse puis Poudre de Lune, une boutique de création de mode à Saint-Germain-des-Prés qui sera maintes fois repérée par la presse. “J’avais parmi ma clientèle surtout des femmes aisées qui appréciaient les oeuvres réalisées à la main par mes créateurs, dont par exemple Carlos Sotto Mayor rendue célèbre par son idylle avec Jean-Paul Belmondo”, se rappelle Ambre. C’est après ces différentes expériences professionnelles, au début des années 2000, que la peintre va prendre son envol. Elle commence par peindre des châteaux cathares qu’elle vend avec succès dans le Pays cathare et aussi auprès de collectionneurs parisiens avant d’enchainer les expositions à Paris et à l’étranger dont une exposition personnelle de trente tableaux intitulée L’Inde et la France en 2007 dans le vingtième arrondissement. Elle illustre également plusieurs livres d’inspiration ésotérique qui rentrent en résonnance avec sa peinture. Résidente de très longue date du 14ème arrondissement de Paris, elle ne manque pas non plus de fréquenter assidûment le Marché de la Création (anciennement, marché des artistes de Montparnasse) qui a lieu chaque dimanche matin boulevard Edgar Quinet.

“Femmes au marché”, des couleurs qui ne manquent pas de faire penser à Gauguin

Une coloriste reconnue

A la fin des années 2000, Ambre Castilla reprend durant un an des cours d’art contemporain pour perfectionner sa technique. Elle est aujourd’hui une coloriste reconnue par certains des galeristes les plus expérimentés, comme par exemple la directrice de la Galerie EverArts. “Mon talent particulier pour mélanger les peintures est complétement inné”, nous précise la peintre qui revendique également une certaine énergie vitale qui la fait toujours aller de l’avant dans son entreprise créatrice sur les traces d’Emil Nolde (1867-1956), le célèbre peintre expressionniste allemand dont l’oeuvre est également le résultat d’un mariage inhabituel de couleurs. Ambre Castilla me fait visiter la galerie et stationner devant chacune de ses oeuvres actuellement exposées qui peuvent aussi bien représenter un port breton que des femmes au marché ou encore des canettes de boisson et même des plastiques entreposés dans la mer. Farandole, Nouveau Monde, Souffrance sont les noms d’autres oeuvres dont elle est particulièrement fière. “Chaque tableau apporte son énergie propre pour créer une entité qui tend à s’intégrer à l’univers cosmique”, proclame le document de présentation que me tend la peintre. […] Par la beauté des couleurs et la capture de la lumière, elle fait partager d’un seul coup d’oeil une émotion.” Personnellement, je flashe tout particulièrement sur les couleurs fluo de ce qui semble être une langouste ou un homard taillé en pièces. Mais la coloriste au style impressionniste sait également s’exprimer en noir et blanc dans cet autre tableau représentant l’intérieur d’un café parisien. Ambre Castilla a de nombreuses cordes à son arc et les couleurs de sa palette n’ont pas fini d’exprimer son insatiable envie de vivre, de créer et d’illustrer. Elle fête cette année ses vingt ans de peinture : le plus bel âge, non ?

Ambre Castilla, peintre de Montparnasse, du 2 au 12 octobre à la Galerie du Montparnasse, 55 rue de Montparnasse, 75014 Paris (tous les jours de 14 heures à 20 heures). Tél. : 07.75.11.81.07.

Cadavres exquis et autres désirs de Daisy Le Dez

On me demande ce que je veux dire ? Je dis : rien !” Pourtant, Daisy Le Dez n’est pas du tout nihiliste car très consciente que “rien, c’est déjà quelque chose” (Raymond Devos). De tous les “riens” qu’elle dessine et peint à jet continu depuis dix ans, Daisy a fait une nouvelle exposition au P’tit Café sur le site de Notre-Dame de Bon Secours sis au 68 rue des Plantes dans le 14ème arrondissement de Paris. Nous nous y sommes rendus après avoir un peu tâtonné pour en trouver l’entrée et après avoir rencontré l’artiste au Village Terraza qui fait l’angle de la rue des Plantes et de la rue du Moulin Vert afin qu’elle nous explique un peu mieux ce que rien veut dire.

Une littéraire devenue peintre “par accident”

La Bretagne me manque”, nous répète Daisy en s’asseyant sur l’un des sièges peinturlurés du Village Terraza. A peine revenus d’une seconde escapade dans les Côtes d’Armor, nous la comprenons aisément… Cette brestoise de naissance se souvient avec nostalgie de son enfance dans la maison familiale située à trois kilomètres de Pont-Aven où sont venus peindre d’illustres artistes dont Gauguin et Sérusier. “Il y avait plusieurs tableaux de maîtres à la maison et aussi deux fusains de ma grand-mère et mon arrière grand-mère qui littéralement me fascinaient, se rappelle-t-elle. Le fait d’avoir baigné dans cette atmosphère-là participe sans doute de ma vocation de peintre car l’envie de peinture me vient depuis l’enfance même si je m’y suis mise beaucoup plus tard dans ma vie”. Car Daisy commence par écrire – beaucoup. Elle écrit des centaines de nouvelles dont deux seront publiées sous les titres Du vent dans les branches des cerisiers et Amours finis, amours infinis. Un jour qu’elle s’installe à son bureau, elle se met à esquisser quelques traits qui vont devenir son premier dessin et sa première peinture. Comme une lointaine réminiscence du célèbre Dormeur du Val de Rimbaud, cette première oeuvre représente un soldat à genoux touché par une balle dans le coeur et qui s’apprête à mourir. C’est le déclic de son insatiable envie de dessiner et de peindre qui va l’amener à orner de dessins les lettres qu’elle envoie en Bretagne à l’un de ses amis artiste-peintre alors qu’elle réside à la pension de famille des Thermopyles dans la rue de Plaisance du 14ème arrondissement de Paris. A peine un an après avoir commencé à peindre, Daisy a déjà de quoi exposer lors de la dernière édition 2013 du Festival des Arts de la rue Raymond Losserand organisé sous l’ère du Maire Pierre Castagnou. Elle réalise à cette occasion sa toute première vente d’une oeuvre intitulée Visage au corbeau. “Ce que je faisais à l’époque était très différent de ce que je fais aujourd’hui mais c’était déjà de la poésie, nous explique Daisy. Comme je viens de l’écriture, j’essaie de transcrire en peinture ce que j’aurais dit avec des mots.” La poétesse picturale se défend pourtant de pouvoir apporter une quelconque explication rationnelle à son oeuvre. Chacun peut y voir ce qu’il veut de la même façon que chacun comprend le mot d’un poème comme il en a envie. Il arrive même à l’artiste de construire ses oeuvres comme les poètes surréalistes procédaient pour composer leurs “cadavres exquis” : “Quand je suis en panne d’inspiration, j’esquisse plusieurs premiers traits avant de décider de commencer à poursuivre mon oeuvre à partir d’un trait particulier. Certaines fois, je commence à peindre les yeux fermés et je vois ce que cela donne. Et cela donne forcément quelque chose puisqu’il y a des traits et des couleurs. J’aimerais d’ailleurs tenter cette expérience collective qui consisterait à faire peindre un bout d’oeuvre par plusieurs artistes placés derrière des paravents pour finalement dévoiler une oeuvre complète”.

Se livrer sans aucune limite

Mais Daisy poursuit le plus souvent une idée précise qui est le produit du maelstrom formé par sa mémoire, son inconscient, ses rêves et ses fantasmes. Elle garde par exemple gravées dans sa mémoire les couleurs vert bouteille et marron couleur terre des tableaux de maitres de la maison familiale de son enfance, qu’elle va reprendre à son compte. “Je fonctionne absolument comme fonctionnent les artistes de l’art brut ou de l’art singulier et n’ai absolument aucun tabou ni aucune limite, ajoute l’artiste. Car c’est la liberté absolue qui doit s’exprimer. Ma seule limite est la limite de la page ou de la toile qui n’est pas extensible à l’infini.” Elle peut par exemple peindre des corps faisant l’amour, même si elle préfère suggérer les choses plutôt que les montrer, en laissant l’oeil aller au delà de ce qu’elle a peint par le pouvoir de l’imagination. Bien plus que par ses textes, Daisy a pourtant l’impression de se livrer et de se dévoiler complètement dans ses oeuvres picturales. “Il m’a d’ailleurs été bien plus difficile de montrer mes peintures que de lire mes textes en public, témoigne-t-elle. Le pas ayant été pris, il n’y a plus aujourd’hui aucun frein au rythme de sa production artistique : jusqu’à quatre ou cinq (!) dessins par jour quand elle décide de dessiner, ou deux toiles par jour lorsqu’elle décide de peindre. “En fait, je peins comme je tiens un journal en racontant ma journée, nous explique l’artiste. Ce qui m’amène à être aussi productive que Picasso qui a produit jusqu’à 60.000 oeuvres durant sa carrière. Depuis dix ans, j’ai dû produire environ 4.000 oeuvres au total, peut-être plus.” Daisy nous en donne chaque jour la primeur sur Facebook, mais il lui arrive aussi très souvent de participer à des expositions telles celles organisées par Patricia Michel dans le cadre de son association As de Coeur, par la Fondation Abbé Pierre (Festival “C’est pas du luxe !”) ou bien encore ici et là dans certaines salles d’écoles des beaux-arts. Son exposition phare reste celle de 2015 qui a eu lieu tout au long d’un mois au bar-restaurant Le Laurier et à l’occasion de laquelle elle a vendu une dizaine d’oeuvres. “Je pense qu’il est important pour l’artiste de vendre, nous confie la peintre. Parce que c’est l’ultime reconnaissance qu’il puisse avoir de son vivant”. La vente ne constitue pour autant pas son moteur premier et Daisy continue de tracer son chemin quoi que l’on puisse dire de son travail qu’elle se sent aujourd’hui toujours en mesure de défendre même si elle est parfois habitée par le doute créateur. La peinture et le dessin sont en effet devenus deux éléments essentiels de sa vie qu’elle entend partager au maximum pour peut-être donner aux autres l’envie d’en faire autant. “Car plus nous serons d’artistes et meilleur le monde sera à condition que nous restions totalement libres de nos créations”, conclut-elle. Voilà qui n’est pas parler pour ne rien dire !

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