COQUA, pour redonner le goût du collectif à Pernety-Plaisance

Manifestation pour le retour des feux tricolores à Pernety (Sylvie Boudoulec à droite)

Alors que l’abstention aux différentes élections ne cesse de battre des records, nombreux sont celles et ceux qui continuent à vouloir s’impliquer dans leur vie de quartier, à l’intérieur ou hors du cadre institutionnel de la démocratie participative, pour améliorer la qualité de vie des citoyens-habitants. Nous avons rencontré Sylvie Boudoulec, la porte-parole de COQUA, un collectif rassemblant une centaine de personnes particulièrement actives dans notre barrio.

Un diagnostic sévère mais juste de la dégradation des conditions de vie à Pernety-Plaisance

La charte de COQUA (cliquez ici) détaille sur deux pages et demie les objectifs que s’est assignés le Collectif des habitants, usagers et riverains du quartier Pernety-Plaisance et qui s’articulent notamment, mais pas exclusivement, autour de la restauration d’une meilleure sécurité et d’une plus grande propreté dans notre Quartier. Sylvie Boudoulec, la porte-parole de COQUA, a exercé par le passé les fonctions de chef d’établissement dans plusieurs zones d’éducation prioritaire. Elle est donc également très sensible à la question éducative qui est souvent à la base des problèmes de délinquance et d’incivilité. Entourée d’une centaine de personnes dont certains sont des acteurs de la vie sociale, elle mène depuis plus de sept ans un combat résolu contre la dégradation des conditions de vie des habitants de Pernety Village. COQUA, qui se veut totalement indépendant des partis politiques et des groupements confessionnels, porte haut les valeurs et principes de pluralisme, de laïcité, de mixité sociale et défend ardemment la possibilité d’argumenter rationnellement dans les débats. Le collectif s’est affirmé ces dernières années comme un interlocuteur crédible de la Mairie du 14ème arrondissement et de la Préfecture de Police de Paris pour toutes les problématiques qui concernent la qualité de vie et la qualité de l’environnement dans notre Quartier. Lors des élections municipales de 2020, il a souhaité interroger les candidats en lice sur leur projet respectif pour notre arrondissement et a notamment pu rencontrer Mme Carrère-Gée ainsi que MM. Azière, Letissier et Villani sans toutefois réussir à obtenir audience auprès de la municipalité en place qui a été reconduite autour de Madame la Maire Carine Petit. “Nous ne fonctionnons pas mieux avec la nouvelle équipe municipale qu’avec l’ancienne, nous confie Sylvie qui déplore l’absence de réelle concertation entre les représentants de la municipalité et les habitants et usagers du Quartier. La concertation ne peut en aucun cas pas être confondue avec la communication et l’information diffusées unilatéralement par les autorités municipales ou la désignation par la Mairie de quelques individus comme seuls interlocuteurs valables sur un dossier, encore moins avec le recours à des commissions de conseils de quartier filtrant les propositions sans critère objectif de sélection.” Quand bien même elle s’est investie depuis peu à titre personnel au Conseil de Quartier Pernety avec lequel les “Coquaziens” auraient souhaité mieux collaborer ces dernières années, Sylvie n’en déplore pas moins les “dérapages” de la démocratie participative qui a notamment vu disparaître fin 2018 du conseil de quartier la commission Vivre ensemble, paix sociale et sécurité initiée en 2016 par COQUA et certains commerçants réunis au sein de l’association des Plaisanciers. Une autre illustration de ces “dérapages” est le refus affirmé de toute concertation avec les habitants non répertoriés comme handicapés sur le sujet devenu aujourd’hui obsolète de la suppression expérimentale des feux tricolores sonorisés. Le déni de démocratie s’accompagne parfois d’un déni de réalité lorsque, comme le déplore Sylvie, l’adjoint en charge de “la prévention, de la police municipale, de la tranquillité publique et de la Ville du quart d’heure” refuse de voir inscrire dans l’intitulé de sa charge le terme sécurité comme s’il n’acceptait pas de s’en voir attribuer officiellement la responsabilité alors que la sécurité s’est pourtant bien dégradée dans notre Quartier depuis quelques années en nourrissant le sentiment d’abandon et de déclassement des populations, notamment celles qui résident dans les cités HLM.

Apéro pour fêter la réactivation des feux tricolores avec les partenaires non voyants devant la librairie “Les Tropiques”

Des propositions et des actions concrètes pour remédier à la situation dégradée du Quartier

Pour pallier les manques et manquements de la municipalité – qui a néanmoins été dotée depuis novembre 2021 d’une police municipale (mais en effectif toujours actuellement insuffisant) – , COQUA se veut résolument constructif. “Nous ne sommes jamais seulement dans la critique et nous avons des propositions concrètes, insiste Sylvie. Et c’est pourquoi nous continuons à rencontrer un maximum de gens – des élus comme des personnes de terrain – pour continuer à nouer un dialogue fructueux”. La porte-parole de COQUA déplore toutefois qu’une partie des élus soit constituée d’anciens militants associatifs auxquels leur passé donne certes une légitimité mais qui n’ont aucune réelle idée de ce que peuvent représenter les contraintes liées à l’administration d’une commune de plus de 120.000 habitants dont ils partagent la charge avec la Mairie Centrale. “Il n’y a pas d’évaluation pour vérifier que les objectifs qu’on s’est fixés ont bien été atteints et il n’y a pas d’analyse globale et systémique, sans espace-temps intermédiaire entre le très court terme et une vision très lointaine et utopiste, des projets et idées portés. On ne s’improvise décidemment pas sans transition ni formation adjoint au Maire”, fait remarquer Sylvie. Pourtant, des solutions de bon sens existent, qui pourraient par exemples consister à auditer les associations subventionnées qui animent le Quartier ou font de l’accompagnement social et scolaire, ou bien à doter le Quartier Pernety d’un véritable centre d’animation pour les jeunes qui viendrait en complément de la ludothèque proposée par l’association Florimont. “Plutôt que d’affirmer une volonté pérenne de prendre les choses en main en assurant et en contrôlant la qualité des prestations fournies, la municipalité se contente le plus souvent d’un saupoudrage d’activités ponctuelles et à la carte qui ne satisfont en définitive personne”, regrette Sylvie. Un exemple caricatural de l’absence de réelle volonté municipale est illustré par le destin du voeu porté par COQUA qui a pourtant été voté en mars 2021 en Conseil de Paris et qui a trait à la prévention de la délinquance en prévoyant le financement de deux postes supplémentaires d’éducateurs spécialisés à la Fondation Jeunesse Feu Vert basée à Pernety-Portes de Vanves et d’Orléans. Ce financement n’a toujours pas aujourd’hui été débloqué et l’équipe Feu Vert attend depuis maintenant plus d’un an l’arrivée des deux nouveaux éducateurs qui continuent à cruellement lui manquer… Pour autant, COQUA ne prêche pas toujours dans le désert. Des liens fructueux ont ainsi été noués avec le commissariat de police du 14ème arrondissement et renforcés suite aux évènements du 14 juillet 2020 marqués par des affrontements entre jeunes du quartier et policiers. COQUA a été invité aux réunions qu’il organise et va être associé à un groupe opérationnel de prévention-sécurité destiné à élaborer des solutions pour chaque problème détecté en travaillant avec les acteurs de terrain que sont les établissements scolaires, les associations de locataires, les gardiens d’immeubles et le Groupement Parisien Inter-bailleurs de Surveillance (GPIS). “On veut passer d’un discours faussement rassurant qui exaspère les habitants du Quartier à des pratiques d’intervention et de construction (y compris de co-construction) réelle et qui donne des résultats”, nous assure Sylvie. Mais ce n’est bien évidemment pas le seul sujet sur lequel COQUA s’active, et le collectif est également très en pointe pour suivre les développements des nombreux chantiers qui se déploient jusqu’à Montparnasse dont notamment le projet de forêt urbaine place de Catalogne. Les renards ont intérêt à bien se tenir !

Pour contacter et/ou rejoindre COQUA, vous pouvez envoyer un email à 75coqua14@gmail.com. Vous pouvez aussi vous connecter au compte Twitter du collectif : @Coqua14.

Un Coin de Ciel pour préserver l’âme du Quartier Pernety

A un léger angle de rue, à deux pas du jardin des Thermopyles, s’est ouvert par la grâce de Guillemette Chénieux un nouveau Coin de Ciel dans le Quartier Pernety. L’atelier-galerie du 21 rue Boyer-Barret est un endroit hybride en phase avec l’esprit créatif de notre arrondissement, mais également soucieux d’en préserver l’âme associative. Nous en avons rencontré la responsable quelques jours avant le vernissage d’une des nombreuses expositions qui s’y succèdent (*).

La renaissance d’un lieu

Sur la page d’accueil du site d’Un Coin de Ciel (cliquez ici) figurent deux photos de la rue Boyer-Barret qui permettent de mesurer comment le passage des années peut transformer une artère de Paris. Le Coin de Ciel de Guillemette Chénieux est le résultat du réaménagement de deux anciennes boutiques de cette rue devenues vétustes : une boucherie-charcuterie (transformée plus tard en dépôt de livres) et un salon de coiffure de quartier. Lors de sa première visite des lieux, Guillemette tombe sous le charme de l’endroit qui, en plus d’être situé dans un Quartier auquel elle est restée très attachée pour y avoir longtemps vécu et travaillé, correspond bien au projet d’atelier qu’elle a en tête. Les travaux qui restent à réaliser pour lui redonner vie ne font pas peur à celle qui a fait carrière dans de grosses agences d’architecture parisiennes avant d’entamer une seconde vie d’enseignante. Elle va donc complètement le réhabiliter en en faisant un nouveau local spacieux et ouvert à la lumière, destiné à la promotion d’activités artistiques ou centrées sur le développement personnel et le mieux-être. Coin de Ciel est en effet tout à la fois un atelier et une galerie. “Mon envie est de perpétuer autant que faire se peut le côté polyvalent et hybride de ce lieu”, nous dit Guillemette. Les amies avec lesquelles elle l’anime sont toutes passionnées par la transmission de leur discipline et de leur expérience : initiation artistique pour les enfants ; gymnastique holistique, yoga, sophrologie et ateliers d’écriture pour les adultes. La diversité des enseignements qui y sont dispensés oblige à conserver l’espace propre et dépouillé, à même d’accueillir des groupes d’une dizaine de personnes occupés à différents types d’activités. Et c’est tout le talent de Guillemette, architecte DPLG et titulaire d’un troisième cycle de scénographie, d’avoir su en optimiser le design pour offrir aux différents intervenants dont elle promeut les activités le cadre idéal à l’épanouissement de leur talents personnels respectifs. “Lorsqu’il fait beau, il se passe aussi des choses sur le trottoir, ajoute Guillemette. J’ai obtenu un permis de végétaliser de la Mairie du 14ème pour deux jardinières, et Madame la Maire nous a également permis de disposer des petites tables et chaises pour offrir le thé ou le café au moment des vernissages”.

L’intuition comme guide

Car, en plus d’être un atelier, Coin de Ciel est aussi une galerie et s’affirme de plus en plus en tant que telle. L’activité exposition qui a pris de l’ampleur depuis le printemps dernier n’offre plus aucun créneau de libre avant novembre 2022. Guillemette a tout spécialement créé une structure associative avec une amie pour en assurer la bonne gestion. Elle choisit elle-même les artistes dont elle expose les oeuvres en prenant contact avec eux après les avoir suivis quelque temps sur Instagram ou bien après avoir été sollicitée par ceux qui ont eu vent de l’existence de l’atelier-galerie grâce au bouche à oreille ou sur les réseaux sociaux. “Pour le moment, je fais mon choix sans aucun a priori et en suivant ma seule intuition, nous indique Guillemette. Certains visiteurs réguliers me disent que ma personnalité se révèle à travers mes choix, mais je n’ai pour l’instant absolument pas conscience de ce qui s’en dessine en filigrane car je n’ai aucunement essayé de l’analyser. Je peux en réalité aussi bien être touchée par des peintures abstraites que par des choses très figuratives. Mais c’est également souvent lié aux personnes qui exposent car je n’imagine pas exposer quelqu’un avec qui je ne m’entends pas. Il y a en fait une adéquation entre ce que font les artistes, leur personnalité et la mienne, et très souvent les artistes exposants deviennent des amis.” La démarche de Guillemette est bien plus personnelle que commerciale. “Si je voulais faire de l’argent, je m’y prendrais tout autrement”, nous assure-t-elle. L’objectif de la fondatrice de l’association Coin de Ciel est plutôt de faire connaître les oeuvres d’artistes émergents dont la sensibilité épouse la sienne. L’alchimie ainsi créée aboutit à faire de l’atelier-galerie un endroit original et chaleureux qui accueille également ponctuellement certains petits évènements comme des marchés de créateurs, des concerts, ou encore des Nuits de la lecture. Allez absolument à la découverte de Coin de Ciel avant qu’il ne vous tombe sur la tête !

(*) Exposition Lili Lambert du 8 au 20 février 2022.

Cliquez ici pour accéder au site d’Un Coin de Ciel et ici pour accéder à sa page Facebook.

“Paris 14 Territoire de cinémas” : penser et agir pour un autre monde

L’association Paris 14 Territoire de cinémas a fêté ses quatre ans en novembre 2021 avec déjà à son actif quatre festivals de films organisés grâce au soutien financier de la Mairie du 14ème et des Conseils de Quartier. Son objectif reste de fédérer les cinq ciné-clubs et ciné-quartiers de notre arrondissement (le 32! Ciné, le Ciné-Kino ArtMele, le ciné-quartier Mouton-Duvernet, le ciné-club Pernety et le Club des cinéphiles de la Poste et d’Orange) afin de développer des projets qui font aimer et connaître le cinéma, mais également de porter haut des convictions et des valeurs. Coup de projecteur sur la structure et ses réalisations avec Isabelle Tantin, sa co-présidente, et Marie Labiste, sa chargée de communication.

Une tradition aujourd’hui centenaire

“La beauté du cinéma, c’est de pouvoir tenter quelque chose de différent”, affirme Clint Eastwood. Pourtant, face à la concurrence du DVD, de Netflix et des grands réseaux d’exploitation, y a-t-il encore une place pour le ciné-club qui est une autre façon d’appréhender et d’apprécier les oeuvres cinématographiques (*) ? C’était l’une des questions posées lors d’une table ronde organisée dans le cadre du troisième festival de films mis sur pied par Paris 14 Territoire de cinémas en 2020. Après “Les voisins font leur cinéma” (premier festival de 2018) et l’hommage à Jean Rouch (en 2019), ce troisième festival était plus particulièrement centré sur le thème des “Femmes au travail”. Mais il a également été l’occasion de célébrer le centenaire des ciné-clubs puisque l’idée de présenter des films et d’en discuter avec le public à l’issue de la projection a été “inventée” en 1920 au cinéma Les Ursulines dans le 5ème arrondissement de Paris. Le concept est-il pour autant toujours d’actualité à une époque qui voit triompher l’individualisme couplé à la technologie ? “Notre grande originalité par rapport au cinéma commercial reste la possibilité de discuter du film, plaide Isabelle Tantin. Et la discussion peut se faire en présence ou non d’intervenants extérieurs. Après la projection, nous échangeons tous ensemble 30 à 60 minutes, puis partageons parfois un verre ou un gâteau. Les gens se rendent au ciné-club un peu comme au café du coin. Mais, nuance-t-elle, notre public est en général plutôt cultivé et passionné de vieux films en plus d’être souvent amateur de théâtre et de littérature”. La rencontre de tous avec tous génératrice de lien social est parfois agrémentée par la présence d’intervenants extérieurs, d’acteurs ou de réalisateurs du 14ème arrondissement ou d’ailleurs. Car le 14ème, qui est l’arrondissement d’Agnès Varda et de Jacques Demy, est à lui seul un petit territoire très évocateur du 7ème art. Lors du dernier festival qui s’est tenu en 2021 sur le thème “Quand le cinéma imagine demain” et à l’occasion duquel Fahrenheit 451, le célèbre film de François Truffaut, a été projeté aux 7 Parnassiens (grâce au concours financier du Conseil de Quartier Montparnasse-Raspail), l’association a posé la question cruciale de la place de la culture et du cinéma dans la vie de tous. Nombreux furent les festivaliers qui purent en débattre lors de la table ronde animée par le réalisateur et metteur en scène Patrick Hadjahj. “Culture et cinéma sont essentiels dans notre vie : ils nous engagent à penser et agir pour un autre monde”, résume le dernier rapport d’orientations de l’association Paris 14 Territoire de cinémas où l’on a pu s’inquiéter de l’impact de la crise sanitaire sur la fréquentation des salles obscures.

Débat avec Patrick Hadjahj après la projection de “Fahrenheit 451” (octobre 2021)

Cinquième festival de films et nouvel outil de communication

Pour continuer à porter ses valeurs, l’association redouble d’énergie aussi bien sur le fond que sur la forme. Un cinquième festival de films est déjà en cours de préparation pour 2022. Plusieurs thèmes étaient en lice cette année : celui des frontières, celui des réalisateurs empêchés par la censure politique et celui de la jeunesse conquérant sa liberté qui est une thématique susceptible de drainer vers les ciné-clubs du 14ème un public renouvelé de jeunes spectateurs. La dernière réunion du conseil d’administration de Paris 14 Territoire de cinémas a finalement choisi le thème du “Cinéma passeur de frontières” comme fil rouge du festival d’octobre 2022. Afin d’assurer la fonction première de la structure fédérative qui est de faire circuler les publics d’un ciné-club à un autre, Marie Labiste, sa chargée de communication, capitalise sur les efforts déployés par Pascal Vaillant qui a créé le site internet commun à tous les ciné-clubs et ciné-quartiers (paris14cinema.fr) et optimisé l’utilisation des réseaux sociaux Facebook et Twitter pour faire connaitre l’association. Le nouvel outil (open agenda) dont elle a développé l’utilisation (cliquer ici) est dès à présent en mesure de promouvoir les activités des différents ciné-clubs en mode dématérialisé en détaillant de façon chronologique la programmation des films et des débats associés. Et un lien spécifique sur le site de la Mairie du 14ème est même envisagé qui pourrait venir consacrer la reconnaissance institutionnelle de Paris 14 Territoire de cinémas. Car les ciné-clubs associés ont déjà été intégrés par les instances municipales dans le cadre de la célébration du centième anniversaire de la mort de Georges Brassens à l’occasion de laquelle ont été projetés le film Porte des LilasL’Entrepôt) et le documentaire Le regard de Brassens (à l’Institut Protestant du boulevard Arago). Si, comme le dit Juliette Binoche, “le cinéma est un rêve que l’on rend possible”, alors Paris 14 Territoire de cinémas mérite sans doute un petit coup de pouce !

(*) Comme un symbole, Janine Bertrand, la fondatrice et présidente d’Inter Film qui fournit en films les ciné-clubs indépendants, s’est éteinte le 18 octobre dernier.

Rencontre avec Coline Serreau à l’occasion de la projection du film “La Crise” au festival 2021

Florimont, centre névralgique associatif du 14ème

L’équipe de Florimont

L’association Florimont est à coup sûr l’une des associations-phares du 14ème arrondissement de Paris. Elle en innerve presque quatre-vingt autres en les associant aux projets qu’elle porte ou en leur proposant une adhésion qui leur permet de disposer à prix modiques de salles et de bureaux dans l’un de ses deux espaces d’activités (au Château Ouvrier pour les réunions, à l’Espace Maindron pour les activités ludiques, sportives et culturelles). Nous avons rencontré toute l’équipe réunie autour de son Président Gilles Motel pour mieux comprendre les missions qu’elle assure et qui dépassent aujourd’hui largement le seul maillage associatif.

Des actions de solidarité en direction des Quatorziens

L’association Florimont, active depuis une quinzaine d’années dans le 14ème, compte aujourd’hui 12 salariés qui se répartissent en différents pôles d’activités. Leurs animatrices respectives nous ont expliqué très en détails leur rôle au sein de chaque pôle, et nous aurions sans doute pu consacrer à chacune d’entre elles un article entier de notre blog. La ligne directrice de l’association reste le développement d’actions de proximité sur la durée pour tous les Quatorziens. Depuis la reprise en 2016 des activités de l’Association Culturelle et Sociale Eure Maindron Didot (ACSEMD), Florimont s’est en effet résolument tournée vers le public en plus d’assurer son traditionnel rôle de coordinateur associatif local. Plusieurs pôles d’activités illustrent cette nouvelle orientation dont le pôle numérique que Marie anime depuis un an. Il comprend en premier lieu une activité d’aide au démarches administratives en ligne (projet Tous connectés !) destinée à lutter contre la fracture numérique dans notre arrondissement. Des permanences sont organisées à destination des personnes impécunieuses qui ne disposent pas de matériel informatique ou bien des personnes qui ne sont pas informatiquement ou administrativement agiles, pour les aider à remplir leurs formalités administratives sur internet (demande de titre de séjour, inscription à Pôle Emploi, demande d’allocations CAF, etc.). “La demande est toujours très forte en la matière”, nous assure Marie. Sont mobilisés pour la satisfaire des bénévoles et des volontaires en service civique également à même de dispenser des formations individuelles pour autonomiser celles et ceux qui disposeraient d’un outil informatique. Un projet connexe, Ecrivains publics, fournit de l’aide à la rédaction de courriers, de mails, de C.V., etc. – sur rendez-vous au Château Ouvrier et sans rendez-vous dans le cadre de permanences organisées par des bénévoles à l’Annexe de la Mairie du 14ème. Le pôle numérique développe enfin également une action de sensibilisation aux dangers des écrans et aux dangers d’internet (projet Prévention Web’écran) que l’association déploie dans les écoles et les centres socio-culturels.

Le pôle Agir pour l’emploi animé par Margaux depuis deux ans et demi est une autre facette de l’action solidaire locale de Florimont. Agir pour l’emploi se décline en deux grands projets qui peuvent être parfois complémentaires : l’accompagnement des femmes de plus de 45 ans dans leur recherche d’emploi et l’accompagnement des associations dans leur processus de recrutement et leur développement. Le premier projet qui a été commandité en 2019 par la Ville de Paris concerne tout spécifiquement les femmes résidant les quartiers populaires de l’arrondissement. Pour le faire vivre, Margaux s’appuie d’une part sur le réseau associatif du 14ème qui oriente vers Florimont les femmes en recherche d’emploi et d’autre part sur une équipe composée de bénévoles qui assurent l’accompagnement individuel de ces femmes ainsi que d’un salarié et d’une alternante en formation d’assistante en ressources humaines. Agir pour l’emploi n’avait pas à l’origine vocation à accompagner les chercheurs d’emploi, souligne Margaux qui a monté ce nouveau projet de bout en bout. De fait, ça a plutôt bien fonctionné et nous sommes actuellement en train d’étendre notre action au 13ème arrondissement. C’est aujourd’hui un très gros projet pour nous.” Margaux n’en oublie pas moins le deuxième axe de son action au sein d’Agir pour l’emploi : le conseil aux associations pour leur recrutement et leur développement. Florimont agit ici côté employeur en offrant aux associations demandeuses des services de gestion des ressources humaines pour notamment assurer la bonne intégration des salariés qu’elles sont amenées à recruter.

Animation à la ludothèque

Des actions d’animation de la vie de l’arrondissement

Faire vivre le 14ème dépasse bien sûr le seul cadre des actions de solidarité et d’insertion. Florimont se fait également fort de participer à l’animation de l’arrondissement en portant plusieurs projets dans les domaines sportif et ludique à destination des jeunes ou des séniors. Juliette qui est arrivée à Florimont il y a un an apporte sa contribution au pôle jeunesse en orientant les 12-25 ans vers le réseau des associations sportives que Florimont fédère localement pour leur faire bénéficier de temps d’initiation aux activités sportives qu’elles proposent (notamment au gymnase de l’Espace Maindron). Elle prend par ailleurs en charge le développement de Remise en Sports, un dispositif de sport-santé qui fait intervenir aussi bien les associations (Tawef notamment) que les professionnels de santé et dont l’objectif est de guider toutes celles et ceux auxquels on a médicalement recommandé la pratique d’un sport vers les associations sportives qui proposent des activités physiques.

Céline anime quant à elle depuis trois ans le pôle ludique-petite enfance qui est celui qui comprend aujourd’hui le plus de salariés en plus de pouvoir disposer d’un important espace dédié : la ludothèque de l’Espace Maindron. La ludothèque propose (et prête également) des jouets et des jeux à des enfants et des adolescents dont l’encadrement est assuré par des animateurs spécialisés qui connaissent suffisamment bien les jeux vidéos pour les y initier dans le cadre de Vidéado. L’espace de jeux est un lieu de vie très apprécié des enfants mais aussi des parents (ou des nounous) qui peuvent également s’y rencontrer. “Je constate que les gens sont heureux de venir, témoigne Céline. Les enfants sont très contents. Des ludothèques, il en faudrait en réalité partout. Elles ne sont pourtant pas si nombreuses à Paris”. La ludothèque a également vocation à “se délocaliser” dans les écoles et au collège (ludothèque ludido) et en plein air (ludomouv’). L’accent est mis sur la qualité des jouets et jeux vidéo sélectionnés (jouets français en bois ou confectionnés en matières durables ou recyclées, jeux vidéos créés dans un but éducatif aussi bien que ludique). Certains jouets sensoriels sont également particulièrement bien adaptés aux enfants handicapés. Les séniors ne sont pas non plus oubliés puisqu’ils peuvent aussi accéder à de nombreux jeux de société dans le cadre du Club Séniors Maindron (*) animé bénévolement par Danièle Rack.

En sus du pôle administratif de Florimont qui assure l’accueil des associations et maintient le contact avec elles notamment pour la location de salles, Isabelle anime pour sa part un pôle agriculture urbaine (Graine de Quatorzien) qui explore toute la filière du blé. Ce pôle est assis sur un réseau de jardins partagés et de jardins d’école dans lesquels le blé est semé et cultivé jusqu’à maturation en vue d’une exposition au Forum des associations. La transformation du blé en pain est ensuite expliquée dans les écoles dans le cadre d’ateliers farine et de dépiautage du blé avec pour finir au mois d’octobre un grand banquet des pains réalisé avec le concours des boulangers du 14ème qui est l’arrondissement de Paris qui compte le plus de boulangers. Cette action portée depuis six ans par Isabelle a vocation à être élargie à un plus vaste projet ayant trait à l’alimentation durable et à déboucher à terme sur un pôle de Florimont spécifiquement dédié au développement durable.

En plus d’être solidaire, Florimont fournit même, on le voit, le pain et les jeux… Mais, comme on ne peut bien sûr pas être au four et au moulin, l’association a en permanence besoin de nouveaux bénévoles pour aider ses salariés à continuer à porter les projets qu’elle défend. Nous espérons vivement que cet article contribuera à susciter des vocations parmi les Quatorziens.

Devant le four du “Banquet des Pains”

Cliquez ici pour accéder au site de Florimont.

(*) Le Club Séniors Maindron propose des activités sportives et de bien-être adaptées aux séniors ainsi que des rencontres culturelles et ludiques et des évènements festifs toute l’année.

Repas partagé au Club Séniors Maindron en décembre 2019 (photo : Danièle Rack)

 

Photo du banquet des Pains 2022

“Prométhée Humanitaire” : 25 ans de feu sacré pour aider les enfants des rues

Claire Falisse et Farah, bénévole à Prométhée Humanitaire, au Forum des Associations 2021 organisé par la Mairie du XIVème

Prométhée Humanitaire fêtera bientôt ses 25 ans d’existence. C’est dans le 14ème arrondissement de Paris que l’association de protection de l’enfance en danger à travers le monde a son siège. Nous sommes allés à la rencontre de Claire Falisse, sa co-fondatrice et directrice, un peu en amont de la 50ème édition de la grande vente d’objets de créateurs qui se tiendra les 4 et 5 décembre 2021 à l’Espace Commine (75003) pour contribuer au financement de la structure caritative.

Une actrice happée par l’humanitaire

Rencontrer Claire Falisse est relativement déstabilisant pour qui ne sait pas ce qu’est le don de soi. Même si sa modestie doit en souffrir, nous ne pouvions parler de Prométhée Humanitaire sans toucher un mot de celle qui, avec son amie Clotilde Heusse, est à l’origine de cet ambitieux projet d’aide aux enfants des rues. Car nous avons passé plus d’une heure et demi les yeux écarquillés et un peu abasourdi à l’écouter nous en parler. Claire Falisse se défend pourtant vivement d’être une sainte. Celle qui se destinait d’abord au métier d’actrice est arrivée en France il y a 35 ans en provenance de sa Belgique natale. Elle ne se doute pas encore qu’elle va se faire happer par l’humanitaire à l’occasion du tournage au Cambodge du téléfilm Les Saigneurs d’Alain Butler dont elle interprète l’un des personnages aux côtés de Véronique Jannot et de Claude Giraud. Cela ne va pourtant être qu’une demi-surprise pour sa famille qui l’avait déjà vue manifester son empathie pour les plus malheureux sur les traces de son père qui en Belgique prêtait main forte à l’Abbé Pierre. Mais ce voyage au Cambodge va être le véritable déclic de sa vocation rentrée de Saint-Bernard. Elle participe aux actions de Médecins Sans Frontières en visitant des orphelinats dont elle est frappée par l’état de délabrement et qui abritent dans des conditions d’hygiène extrêmement limite des enfants que l’inactivité et l’absence de stimulations a rendu à moitié autistes. Quelques années plus tard, à l’occasion d’une visite au Vietnam en compagnie de son amie Clotilde Heusse, elle est de nouveau assez stupéfaite de constater dans quelles conditions de dénuement vivent de nombreux enfants SDF. De retour en France, les deux femmes vont décider de s’engager durablement en leur faveur en créant l’association Prométhée Humanitaire.

Réparer et aider les enfants des rues sur le long terme

C’est un travail titanesque qui les attend. D’autant que les enfants des rues qui vivent principalement du vol, de la mendicité et de la prostitution, sont partout dans le monde mal perçus et stigmatisés. « Pour beaucoup de gens, ce sont des enfants foutus, témoigne Claire. Pourtant à 98%, nous en avons fait des hommes et des femmes bien, c’est-à-dire habités par le respect de l’autre et la bienveillance, et qui sont capables de donner à leurs propres enfants l’amour qu’ils n’ont pas eux-mêmes reçu ». Les enfants des rues se distinguent en effet essentiellement des orphelins par leur déficit affectif de départ. « Ils sont plus difficiles à mettre debout car la plupart du temps ils n’ont pas eu la base, nous explique leur maman de substitution. Ils sont partis de chez eux dès qu’ils ont pu marcher, mais ça n’a jamais très bien fonctionné. Ce sont souvent des enfants de gens très pauvres, de cas sociaux, de fous ou d’alcooliques. C’est pour cela que leur redonner confiance en l’humain et en la vie peut prendre du temps. Pour les sauver, il n’y a pas deux solutions : il faut leur offrir un abri 24h/24 et surtout leur proposer un vrai projet d’avenir auquel ils pourront s’accrocher. » Prométhée Humanitaire entend ainsi ausi bien se démarquer des grosses ONG qui manquent de souplesse et d’à propos et se contentent de proposer des programmes de retour en famille plus ou moins efficaces, que des petites associations locales qui manquent cruellement de moyens et qui proposent soit des centres de jour soit des centres de nuit. L’action de l’association humanitaire française se situe quant à elle sur le long terme et sa directrice est particulièrement fière d’avoir « élevé » et scolarisé douze enfants qui sont aujourd’hui universitaires. « Ce que nous faisons, nous voulons le faire bien, insiste Claire. Il vaut mieux s’occuper de moins d’enfants et le faire honnêtement sur le long terme plutôt que dépenser de l’argent en pure perte pour des actions ponctuelles et sans aucun suivi ».

Une présence en Haïti, à Madagascar et au Sénégal

La structure caritative est aujourd’hui présente en Haïti aux côtés du centre d’accueil Chemin la Vie, au Sénégal avec l’association SPER et à Madagascar en soutien du Centre Ranovozantsoa. En s’appuyant sur ce réseau d’associations partenaires locales, Prométhée Humanitaire s’emploie à proposer une prise en charge totale des enfants abandonnés en construisant et en animant des centres d’accueil qui leur assurent subsistance et scolarisation dans un cadre de vie stable et pérenne. Les réalisations sont multiples, qui toutes visent à l’intégration par le travail dans des pays qui souvent n’en proposent pas (a fortiori depuis l’épidémie de Covid). Elles peuvent prendre ici la forme de la création d’une boulangerie solidaire tenus par les enfants ou bien là celle de jardins potagers dont ils seront chargés de l’entretien. « Nous recherchons actuellement activement des sponsors pour créer des petits jardins écolos sur différents sites où nous sommes implantés, nous précise Claire. Nous avons des terrains pour le faire en Haïti et en Casamance au Sénégal. Les enfants pourraient y apprendre à travailler alors même qu’ils n’ont jamais vu leurs parents le faire et également à être plus autonomes et auto-suffisants dans un environnement économique aujourd’hui très dégradé. Bien sûr, dans ces pays très pauvres, cela nécessite de construire des murs pour empêcher que les productions ne soient volées. Nous avons commencé à le faire en Haïti sur le grand terrain dont nous disposons et sommes également sur le point de le faire au Sénégal. » Tous les donateurs sont bien sûr les bienvenus, qui pour aider à la construction des murs, qui pour participer à celle d’un poulailler. Pour venir en aide aux 160 enfants aujourd’hui suivis par Prométhée Humanitaire, l’association de bienfaisance ne recevra en effet jamais trop de dons (ouvrant droit à réduction fiscale à hauteur de 75% de leur montant). Elle organise par ailleurs chaque année grâce à la générosité de nombreuses entreprises partenaires et à l’aide de ses bénévoles deux grandes ventes de créateurs pour financer ses projets solidaires. La cinquantième édition de cette vente aura donc lieu les 4 et 5 décembre prochains à l’Espace Commine dans le troisième arrondissement de Paris. Courrez-y un peu avant Noël si vous voulez faire du bien avec du beau !

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Olivia Fdida : « Mon Quartier, c’est mon fils ma bataille »

Olivia Fdida (au centre) et les deux bonnes fées de l’association « Vivre Plaisance » (Suzy Fdida et Annick Rogers) au bar « L’Imprévu »

Olivia Fdida a fait don de sa personne au Quartier Pernety-Plaisance. Elle l’aime et veille sur lui comme le fait une mère pour son enfant en animant depuis quatre ans l’association Vivre Plaisance. Lorsqu’on la croise rue Didot en train de taper la discute avec les employés du Franprix ou bien Louis, le patron du Laurier, on est frappé par sa spontanéité et sa facilité à aller vers les gens. Ce goût des autres est sa marque de fabrique qu’elle tient, nous dit-elle, de son éducation. Son dynamisme et sa constante implication font le reste. Nous avons rencontré Olivia autour d’un verre à la terrasse de L’Imprévu pour qu’elle nous en dise un peu plus sur son bébé associatif.

Défense, promotion et animation du Quartier Pernety-Plaisance

A l’origine de l’association Vivre Plaisance, il y a le collectif Didot-Eure-Ripoche créé autour de Félix de Vidas pour mener la fronde contre les surélévations et la (sur-)densification dans les rues de l’Eure, Didot et Maurice Ripoche. Mettre en place une structure associative s’est avéré non seulement nécessaire pour envisager des recours judiciaires mais également pour entreprendre des actions positives en direction des habitants du Quartier Pernety-Plaisance. « Nous souhaitions faire vivre notre Quartier parce que profondément nous l’aimons », se souvient Olivia. Epaulée par sa maman (Suzy Fdida qui est présidente de l’association) et par une amie (Annick Rogers qui en est la trésorière), elle propose dès 2017 la création d’une fête annuelle, la Fête des Découvertes, destinée à favoriser la rencontre de ceux qui se croisent tous les jours dans la rue sans jamais vraiment se connaître. Tous les commerçants contactés se prêteront volontiers au jeu et la fête du vivre-ensemble qui se déroule autour d’un repas partagé et de manifestations artistiques et culturelles comptera jusqu’à 400 participants venus non seulement du XIVème mais également des arrondissements parisiens alentours. Malheureusement, la crise sanitaire a empêché la tenue de la fête ces deux dernières années. Il en fallait pourtant beaucoup plus pour décourager Olivia : « Je me suis dit que plutôt que laisser mourir notre Quartier à cause de la crise, il me fallait le mettre en avant. En tant que chargée de com’ de l’association, je me suis donc amusée à aller à la rencontre des commerçants pour savoir qui était ouvert ou fermé, qui était nouvellement arrivé, et à faire de ces rencontres des petits reportages vidéos. » Car en parallèle de sa mission d’animation, l’association Vivre Plaisance assume un véritable rôle de promotion du Quartier au travers de ses commerçants et habitants, des activités qui s’y déroulent, et même de ses structures d’habitation. En plus des combats victorieux déjà évoqués contre la surélévation de certains immeubles pour en faire des logements sociaux, elle s’attache à défendre la qualité de vie des résidents. Elle a par exemple beaucoup bataillé en faveur de la requalification de la cité de l’Eure en résidence pour éviter la stigmatisation de ses habitants : « Pour beaucoup trop de gens, HLM signifie « racaille » alors que les jeunes qui habitent ces immeubles sont plein de ressources, témoigne Olivia. Nous les connaissons ma mère et moi depuis leur plus jeune âge parce que nous avons fait de l’aide aux devoirs. C’est pourquoi nous avons toujours été à leurs côtés même quand il y a eu des problèmes avec la police. Nous avons oeuvré à leur faire accepter la police et avons contribué à temporiser les choses. Aujourd’hui, ils s’en sont tous sortis et nous en sommes bien sûr très très fières. » 

Olivia bien entourée pour l’opération « Paris sans mégots » de mai 2021

Implication locale maximale

Oui, les jeunes du Quartier Pernety ont le sens civique. Pour preuve, leur participation en mai dernier à l’opération Paris sans mégots organisée à l’instigation de la Mairie de Paris pour nettoyer la capitale et à laquelle Olivia a également participé. La propreté est d’ailleurs un autre cheval de bataille de l’association Vivre Plaisance : « Nous menons un combat résolu pour la propreté et le nettoyage. Il est inadmissible que les rues et places du Quartier ne soient pas bien entretenues en raison notamment de la nuisance causée aux personnes handicapées ». Faire vivre son Quartier, c’est également veiller sur ses commerces. Olivia qui a grandi dans le XIVème arrondissement aimerait que la rue d’Alésia retrouve la grouillante activité des échoppes commerciales qui faisait son charme d’antan : « C’est certes bien le bio, mais aujourd’hui il n’y a plus que ça, constate-t-elle un brin nostalgique. Il serait très dommage de voir disparaitre les boutiques de marque qu’elles soient de chaussures ou d’habillement. Car je veux absolument que mon Quartier continue de vivre. » Mortel, le XIVème ? Pas de la faute de tous ceux qui, des commerçants aux associatifs en passant par les politiques, se battent pour l’animer. Si Olivia entretient les meilleures relations avec Mme la Maire Carine Petit, son association dont les maitres mots sont vivre ensemble et ouverture d’esprit reste résolument apolitique : « Nous invitons absolument tous les élus à la Fête des Découvertes et collaborons aussi bien avec l’association Urbanisme et Démocratie dirigée par Jean-Pierre Armangau que celle des Amis de la Place Moro-Giafferi créée par Hervé Jacob pour mener à bien des combats et des projets communs », nous assure-t-elle. Vivre Plaisance pratique volontiers le brassage et le mélange des couleurs et souhaiterait d’ailleurs étendre cette façon de procéder à l’ensemble de l’arrondissement : « Il faut arrêter avec ce séparatisme local et toutes ces frontières virtuelles qui font qu’une partie du XIVème ne se mélange pas avec une autre partie du XIVème, tonne Olivia. J’aimerais qu’un jour notre fête puisse réunir tout l’arrondissement. J’avais déjà exprimé ce désir avant même de créer l’association en emmenant les jeunes du Quartier à la Mosquée de Paris, à Notre-Dame et dans une synagogue. » Mais pour pouvoir mettre en oeuvre ce beau projet de vivre ensemble, les subventions et l’aide matérielle de la Mairie du XIVème ne suffisent pas toujours. Avis à tous les amoureux du Quartier : l’adhésion à Vivre Plaisance coûte seulement 12 euros. Olivia, Suzy, Annick ainsi que Claude Sernery et David Velten qui sont les deux autres bénévoles de l’association, vous attendent nombreux !

Cliquez ici pour accéder à la page Facebook de Vivre Plaisance.

Avec Amine Baoubbas….

… Et avec Brigitte Macron !

A la rencontre des artistes du Marché de la Création Edgar Quinet

Dominique Cros, présidente de l’association des artistes du Marché de la Création

Pour les Quatorziens qui l’ignoreraient encore, le Marché de la Création Edgar Quinet situé sur le terre-plein central du boulevard du même nom juste à côté de la Tour Montparnasse est actuellement ouvert comme chaque dimanche de l’année entre 10 heures et 19 heures. Il est donc loisible à tous de s’y rendre pour rencontrer les artistes-exposants, flasher sur leurs oeuvres et créations, et réaliser de bonnes affaires dans une ambiance conviviale et décontractée. Nous y avons croisé trois membres de l’association regroupant les artistes participants pour faire un point sur l’activité du marché par temps de pandémie.

Un rendez-vous emblématique du 14ème arrondissement de Paris

Le Marché de la Création Edgar Quinet est sans aucun doute l’un des rendez-vous les plus emblématiques du 14ème arrondissement artistique. Institué en 1994 à l’initiative d’André Felten entouré des élus du 14ème arrondissement et du Groupement des Marchés Libres de Paris, il a succédé au « marché aux navets » créé début 1900 par La horde de Montparnasse, un groupe d’artistes qui a grandement contribué à faire du boulevard du Montparnasse un haut lieu du marché de l’art en abritant de nombreux jeunes artistes en devenir au nombre desquels Léger, Modigliani, Chagall, Soutine et bien d’autres encore. Aujourd’hui géré par l’EGS Edgar Quinet, le Marché de la Création est une sorte de grande galerie d’art « à ciel ouvert » exposant toutes les diversités artistiques : peintures, gravures, sculptures, céramiques, créations en marqueterie, vitrail, soie, etc. Dominique Cros, la présidente de l’association des artistes du marché qui compte une soixantaine de membres, se démène depuis deux ans pour assurer la promotion de la manifestation hebdomadaire, aidée en cela par un noyau dur d’exposants dont font partie Sylvie Laroche et Jacqueline Chesta. Les trois femmes que nous avons rencontrées sur leur lieu d’exposition sont toutes très attachées au marché aussi bien sentimentalement que professionnellement. « Nous sommes bien conscientes du privilège que représente la possibilité d’exposer à Montparnasse qui reste un lieu unique doté d’un certain prestige artistique, précise Sylvie Laroche. La motivation des artistes les plus assidus s’en trouve décuplée pour produire et présenter des oeuvres qui concurrencent en qualité celles exposées dans les galeries d’art traditionnelles ». Le Marché de la Création facilite de surcroit beaucoup la proximité des créateurs avec le public et permet une discussion autour des oeuvres sans l’intermédiaire d’un galeriste. Des liens d’amitiés régulièrement s’y nouent avec les amateurs d’art locaux et internationaux qui aiment se donner rendez-vous sur le terre-plein central du boulevard Edgar Quinet pour venir échanger avec les artistes et acquérir leurs oeuvres à « prix direct atelier ».

Le stand de la chapelière Sylvie Laroche

Fête ajournée mais journée à fêter

La crise sanitaire a bien sûr eu un impact considérable sur la fréquentation du marché à tel point qu’un tiers seulement des artistes y tient actuellement un stand. Les bistrots alentours sont toujours désespérément fermés, ce qui ne favorise guère l’assiduité des amateurs d’art locaux. Les plus résistants à l’adversité n’en sont que plus attentifs aux productions des artistes qui observent de leur côté que leur relation aux habitants du quartier a positivement évolué depuis la disparition des touristes : « Les gens nous regardent différemment et sont beaucoup plus intéressés qu’avant, constate Jacqueline Chesta. Il faut dire que les artistes ont considérablement monté en gamme en délaissant les Tours Eiffel, les Arcs de Triomphe et les vues de Paris prisés des touristes étrangers pour se consacrer à des créations bien plus originales. Les artistes font désormais preuve de plus d’indépendance d’esprit et on constate un retour certain de la qualité artistique des oeuvres produites ». Les Parisiens découvrent ou pour certains redécouvrent sous un jour nouveau le Marché de la Création Edgar Quinet et Dominique Cros souhaite surfer sur ce regain d’intérêt en multipliant les initiatives pour y sensibiliser les médias. Elle est ainsi la cheville ouvrière de l’organisation de la célébration des 25 ans du Marché initialement prévue en juin 2020 et finalement annulée en raison de la crise sanitaire. Une fête ajournée mais toujours une journée à fêter puisque 2021 déroulera probablement cet été son Tapis rouge aux artistes du Marché de la Création autour de nombreux thèmes et animations sur lesquels Dominique et ses amis continuent de travailler. A ne manquer sous aucun prétexte !

Le stand de Jacqueline Chesta

Annie Mako, productrice et metteuse en signes

C’est une gageure de résumer en un titre qui claque tous les aspects du parcours personnel et de la débordante créativité d’Annie Mako, la fondatrice de Bête à Bon Dieu Production. Son association aujourd’hui basée dans le 14ème arrondissement de Paris est en effet porteuse de plusieurs projets qui empruntent tout autant à la création artistique qu’à l’action sociale et culturelle en direction des enfants et des sourds et malentendants. Nous l’avons rencontrée quelques jours avant Noël pour qu’elle nous en dise un peu plus.

L’envol de la coccinelle

Annie Mako a autant de cordes à son arc qu’il y a de tâches sur le dos d’une bête à bon Dieu (*). Cette Dinardaise n’est pourtant pas tombée dans la marmite du barde Assurancetourix étant petite. C’est tout au long d’un parcours personnel qu’elle a construit sa propre identité d’artiste et de créatrice. Elle monte à Paris à 22 ans après avoir suivi les cours d’une école de graphisme de Rennes. C’est la chanson qui à l’époque la motive et la pousse à s’inscrire au CIM, l’école de jazz et des musiques actuelles, où elle travaille sa technique vocale au contact de musiciens de très grand talent. Devenue attachée de presse d’évènements culturels, elle prend goût au travail en équipe tout en continuant à se produire dans différents groupes de jazz ou de chansons françaises sans toutefois jamais vraiment songer à embrasser une carrière musicale. Entre 2004 et 2008, elle travaille en tant qu’administratrice de la salle de spectacles de l’Espace Jemmapes, ce qui lui permet de rentrer en contact avec de très nombreux acteurs de la scène musicale et culturelle parisienne. C’est également à cette époque que lui vient l’idée d’essayer de voler de ses propres ailes en créant sa propre structure de production de spectacles vivants, Bête à bon Dieu Production, qu’elle va d’abord utiliser pour sa création personnelle, un tour de chant intitulé Chansons françaises presque argentines. Au centre d’animation de l’Espace Jemmapes, elle impulse des rencontres entre artistes sourds et entendants afin de pratiquer la langue des signes qu’elle a elle-même apprise en 2005 à l’International Visual Théâtre (IVT) dirigée par Emmanuelle Laborit après avoir été très frappée par la performance d’un comédien de théâtre sourd. La véritable passion qu’elle développe pour ce nouveau mode d’expression et de communication va être le point de départ d’un questionnement sur la citoyenneté et sur la place faite aux sourds dans la société. Elle y répondra en créant Clameur Public, une compagnie de théâtre dont elle devient la metteuse en scène de plusieurs spectacles interprétés en français et en langue des signes et en organisant dans le cadre de son association Bête à bon Dieu Production des évènements culturels et des débats citoyens qui donnent la parole aux personnes sourdes sur les sujets de société. Quelques petits soucis d’intendance vont malheureusement amener Annie à temporairement réduire la voilure de son association et de sa compagnie de théâtre dont le prochain spectacle Voyage d’un loup inspiré d’un précédent atelier d’accompagnement d’un jeune sourd à la pratique du théâtre est néanmoins plus que jamais en cours de réécriture et sera en résidence à l’IVT et l’espace d’Anis Gras d’Arcueil en 2021 (cliquer ici pour accéder au dossier de présentation du spectacle).

Premières répétitions de Voyage d’un Loup avec les comédiens Virginie Baudet et Martin Cros (copyright BàBDP 2020)

Des ateliers philo-théâtre et philo-art

Car c’est bien mal connaître cet infatigable touche-à-tout que penser qu’elle pourrait se laisser arrêter par les difficultés habituellement rencontrées par les producteurs de spectacles vivants. En poursuivant sa quête personnelle et son itinéraire de création, Annie rencontre la philosophie dont elle va suivre une formation à la pratique à partir de 2018 au sein de l’association Savoir Etre et Vivre Ensemble (SEVE) qui initie à l’animation d’ateliers de philosophie dans les écoles. Ce travail avec les enfants qui est pour elle une première va aiguiser son insatiable appétit de découvertes et l’amener à s’inscrire à la faculté de Nantes en vue de décrocher l’unique Diplôme Universitaire français de pratique de la philosophie qui sanctionne l’enseignement d’Edwige Chirouter inspiré des travaux réalisés par Matthew Lipman, Michel Tozzi et François Galichet, tous pionniers de la matière. La nouvelle passion qui l’habite va l’inciter à mettre en place en 2019 les ateliers Philoscène qui sont des ateliers philo-théâtre et philo-art qui s’adressent à tous les âges à partir de sept ans tandis qu’elle continue à approfondir sa connaissance des grands auteurs et des grands textes philosophiques. Elle cherche tout particulièrement à implanter son activité dans le 14ème en créant le Festival Philoscène qui associe tous les lieux sociaux, culturels et socio-culturels de l’arrondissement pour favoriser les rencontres entre habitants invités chaque année à réfléchir en commun à partir de différents supports à un thème philosophique donné. L’épidémie de Covid-19 aura eu raison de l’édition 2020 du festival qui avait vocation à s’articuler autour du thème du rêve. Ce n’est que partie remise pour 2021 car Annie a heureusement jusqu’à présent toujours pu compter sur le soutien indéfectible de la Mairie de Paris et de la Mairie du 14ème pour faire aboutir les projets de Bête à Bon Dieu Production dont le prochain sera sans doute la création d’une chaîne Philoscène sur YouTube destinée à approfondir la question de la méthodologie de la pratique de la philosophie et de son expression vers le théâtre et le spectacle vivant. Rien ne l’empêchera de toute façon de poursuivre son chemin toujours fidèle à sa devise : grandir pour donner le meilleur de soi-même et réaliser de belles choses avec le collectif !

Copyright Philoscène – BàBDP 2019 – Restitution philo/théâtre Annie Mako – Collège St Exupéry Paris 14

(*) Nom familier ou régional de la coccinelle

Cliquer ici pour accéder au site de Bête à Bon Dieu Production.

Marie-Do Fréval : « Le théâtre doit être une sorte de tempête »

Elle a créé la Compagnie Bouche à Bouche et la dirige depuis aujourd’hui plus de dix ans. Marie-Do Fréval, présente sur tous les fronts du théâtre engagé en tant qu’autrice, metteuse en scène et comédienne, nous a reçu à la Boutik, le siège de l’association sis 2/4 rue du Général Humbert à la Porte de Vanves dans le 14ème arrondissement de Paris, pour nous faire partager son urgence à écrire le monde et à le recréer par le théâtre. Tentative(S) de Résonance(S).

Secouer le public

Le théâtre de Marie-Do Fréval se situe à mi-chemin entre la commedia dell’arte et le théâtre contemporain. Initiée au jeu théâtral par des italiens, elle va les suivre en tournée et se produire en tant que comédienne dans plusieurs langues un peu partout en Europe. Le théâtre de tréteaux qu’elle pratique alors est un théâtre physique et rythmé, basé sur l’adresse du public et en prise directe avec lui. Il mélange allégrement les arts de la scène, de la musique et de la danse et n’a pas grand chose à voir avec le théâtre classique français. Ce sont plutôt les auteurs contemporains qu’elle rencontre dans le cadre de son activité de comédienne qui vont être sa seconde source d’inspiration au moment où elle va décider de s’inscrire dans une démarche personnelle aussi bien en tant qu’interprète qu’en tant qu’autrice. On trouve au départ de cette démarche la prise de conscience personnelle et politique liée à l’élection présidentielle de 2002 qui oppose au second tour Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen : « Je me suis sentie coincée dans quelque chose qui était pourtant de l’ordre de la démocratie, et le fait de voir mon choix contraint m’a beaucoup troublée. Je me suis alors un peu radicalisée et j’ai ressenti le besoin de poser des actes plus forts, d’aller à la rencontre de tout le monde et de déranger le théâtre dans ses habitudes et dans son embourgeoisement. » Marie-Do qui est havraise d’origine choisit le 14ème arrondissement de Paris qu’elle connait très bien comme territoire d’élection. Elle y développe petit à petit son langage en y créant des spectacles de rue qu’elle fait par la suite voyager en dehors de l’arrondissement. En 2009, elle crée la Compagnie Bouche à Bouche avec le concours de partenaires extérieurs puisque, comme elle ne manque pas de le déplorer, le 14ème consacre relativement peu d’argent à la culture. Elle monte un certain nombre de spectacles impliquant à la fois des amateurs et des professionnels : « Ces spectacles m’ont énormément touchée parce qu’il n’y avait plus de frontières et que j’arrivais à raconter des histoires un peu folles avec de grands groupes et de grands chœurs de façon complètement spontanée. » Le défi qu’elle relève avec succès était d’autant plus risqué que la rue est un espace difficile à investir et que, même s’il est un arrondissement de théâtre, le 14ème est très peu familier des Arts de la rue. Mais Marie-Do reste motivée par l’envie de toucher tous les publics et va même aller à leur rencontre dans les cafés et les PMU.  L’état d’esprit qui l’anime est très différent de celui d’une metteuse en scène de théâtre classique. « On ne fait pas tout à fait le même métier, souligne Marie-Do. Car moi je raconte des histoires au travers de textes auxquels je peux associer de la musique ou de la danse selon les cas, mais aussi et surtout parce que j’interagis plus fortement avec le public que j’ai envie de secouer. Il faut se poser la question du pourquoi de la création artistique, de ce qu’on veut qu’il se passe. Personnellement, j’attends du théâtre et de l’art en général quelque chose de fort qui nous fait dépasser notre quotidien et qui nous fait voir la vie autrement. Il faut qu’on se souvienne d’une création théâtrale comme on se souvient d’avoir traversé ensemble une tempête. Le théâtre doit être cette sorte de tempête. » Il n’est toutefois pour Marie-Do nullement question de prosélytisme : « Je ne dis pas aux gens comment ils doivent se comporter ou bien quel est le monde idéal de demain. Je pose la question de notre liberté. Je crois que c’est essentiellement ça que je fais avec différents langages. » 

Des vieux non-apprêtés plein son sac

Pour toucher à ce but, la Compagnie Bouche à Bouche a déjà créé plusieurs spectacles dont récemment Tentative(S) de Résistance(S) (2016), Tentative(S) d’Utopie Vitale (2018) et Paillarde(S) (2019) qui ensemble forment une trilogie autour de la résistance, de l’utopie et de la virilité et qui font toujours l’objet de tournées. Le dernier opus de Marie-Do en cours de création s’intitule J’ai un vieux dans mon sac, si tu veux je te le prête. Marie-Do a écrit son texte en un mois à la Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, le centre national des écritures du spectacle, après avoir passé trois ans dans des Ehpad du 14ème arrondissement et accueilli à la Boutik de la compagnie une population de personnes âgées souvent isolée, fragile et bancale et qui décrit tout un pan de l’humanité qui la touche profondément. Elle aura rencontré pendant ces trois années pas moins de trois cents « vieux » ou « vieilles » et monté avec eux des spectacles en Ehpad pendant que France Dumas qui est graveur et illustratrice pour la presse et l’édition croquait ces précieux instants. Le texte dont Marie-Do a accouché a été publié en janvier dernier et la directrice de la Compagnie Bouche à Bouche réfléchit aujourd’hui à la façon d’en poser les premiers actes de création au théâtre en 2021 ou en 2022 en partenariat avec les centres des Arts de la rue de Brest, de Lyon et de Saint-Omer. L’épidémie de coronavirus rend bien sûr le thème d’une brûlante actualité et lui donne une acuité toute particulière : « J’ai eu l’impression de parler au monde, donc ça m’a un peu rassuré », déclare celle dont le souci constant est de veiller à garder une parole vivante et authentique. « Peut-être, rajoute-elle, faut-il d’ailleurs prendre au pied de la lettre cette crise de notre santé car mon métier lui aussi est en crise. Nous sommes certes dans un pays privilégié qui alloue des budgets aux spectacles vivants et à différentes formes artistiques mais cela se fait surtout au bénéfice d’une culture d’Etat qui étouffe les vrais cris et qui ébranle la notion même de création. » Les Tentative(S) de Résistance(S) de Marie-Do Fréval suffiront-elles à sauvegarder l’essentiel ? Pratiquer assidument le bouche-à-bouche et souffler violemment sur les braises du pouvoir créateur sont sans doute les meilleures façons de ranimer la flamme d’un théâtre moribond et d’une toujours vivante et vitale utopie.

Cliquer ici pour accéder au site de la Compagnie Bouche à Bouche.

Hervé Jacob, le G.O. de la Place Moro-Giafferi

Pas un jour sans une publication dans le groupe Facebook des Amis de la Place Moro-Giafferi ! L’activisme d’Hervé Jacob au cœur du Quartier Pernety a de quoi susciter la curiosité et l’admiration des badauds. Nous avons voulu savoir quelle était la motivation de celui qui anime sans relâche notre cher barrio et connaitre les circonstances de la création de l’association qu’il préside.

L’impetus du réaménagement sans concertation de la Place Moro Giafferi 

L’association des Amis de Place Moro-Giafferi a été créée en 2014 en réaction à la décision prise par la Mairie du 14ème de réaménager la Place Moro-Giafferi : « Cette décision a été prise en 2013 juste avant les élections municipales sans que personne ne demande rien et sans concertation aucune, déplore Hervé. J’ai trouvé un peu dommage que ça se passe comme ça en catimini pour dépenser un reste de budget (environ 600.000 euros) et j’ai donc décidé avec deux ou trois copains de créer une association qui servirait de relais auprès de la Mairie pour exprimer les véritables besoins du voisinage de cette place ». C’est la rue du Château qui, selon eux, doit à l’époque être urgemment refaite. La Mairie en décidera autrement en raison du coût élevé des travaux de réhabilitation de cette rue. Qu’à cela ne tienne, Hervé et ses amis déposent les statuts d’une association dont l’objet va être de faire vivre le quartier et également de militer pour le réaménagement de la rue du Château. L’association contacte tous les candidats à l’élection municipale de 2014 pour les challenger sur ce sujet et constate avec satisfaction qu’ils le reprennent tous à leur compte dans leur programme électoral respectif. Fort de ce soutien implicite, l’association organise une « agora participative » plusieurs week-ends durant pour solliciter les avis des habitants de la rue et de ceux qui la traversent sur le projet de réaménagement. Cette consultation citoyenne aboutira au final à prévoir une voie unique pour les voitures dont il sera par ailleurs inversé le sens de circulation afin de résoudre les problèmes de bruit et de pollution que l’ancienne configuration n’était pas sans poser aux riverains qui y travaillent. Capitalisant sur ces premiers résultats concrets, l’association crée une page et un groupe Facebook qui vont servir de supports de communication avec les habitants du quartier. Quatre cents personnes en suivent aujourd’hui chaque jour l’actualité par ce moyen.

Les heures heureuses de la Place Moro Giafferi à la saison d’été

Une association vectrice de lien social

Même si personne ne sait qui était de Moro-Giafferi (qui se soucie des avocats et des hommes politiques ?), tout le monde dans le Quartier Pernety connait la Place Moro-Giafferi, ses bars, ses restaurants et ceux des rues alentours qui forment le périmètre qui délimite le terrain de chasse d’Hervé Jacob : « Les parisiens ne connaissent généralement que les seuls deux cent mètres autour de chez eux. On a voulu faire pareil et ne pas dépasser le triangle formé par la rue Losserand, l’avenue du Maine et la rue Pernety prolongée par la rue de la Sablière. En gros, on va jusqu’au Laurier et pas au delà, jusqu’au Ton Air de Brest et pas au delà et jusqu’aux Tontons et pas au delà ! » Hervé est par la force des choses au courant de tout ce qui se passe dans le mini-village dont il raconte avec ses amis la vie à ses habitants : « Souvent on se sert des informations fournies par les commerçants eux-mêmes, celles qu’ils publient sur Facebook et qu’on republie derrière dans notre propre groupe. Ou bien alors il peut s’agir d’évènements dont on est témoin dans le quartier (incendie, manifestation associative, etc.) et qu’on relaie également. » Hervé, qui est par ailleurs conseiller de quartier, commence sa journée dès six heure et demi du matin Chez César et Paulo autour d’un café : « On vient régulièrement me voir avant sept heure pour un problème de logement ou même pour solliciter mon aide pour remplir des papiers administratifs. Et quand les commerçants font face à un problème, il viennent me voir également. Je sers en quelque sorte de médiateur vis-à-vis de la Mairie. » Les quatre cent membres du groupe sont ravis d’être alimentés de cette information locale et participent à leur tour à la fourniture de tuyaux et de potins dont Hervé et ses amis font leur miel. Rien de tel pour briser l’anonymat de la capitale parisienne. Pour communiquer, ils choisissent volontiers les photographies facilement prises par le moyen d’un smartphone : « Les gens ne lisent pas les publications sans photo », témoigne Hervé. Même s’il se défend de vouloir faire du buzz à tout prix, Hervé apprécie bien sûr à leur juste valeur les retours des membres du groupe sur les publications. Ces retours ont notamment été très nombreux lors de la Coupe d’Europe de football dont la finale a réuni plus de mille personnes sur la Place Moro-Giafferi de même que sur le texte qu’il a publié lors du récent drame de l’attaque au couteau de Villejuif dont l’auteur résidait rue Pernety. Mais le groupe intéresse aussi les personnalités politiques qui sont nombreuses à en être membres. Une aubaine pour Hervé qui comptent bien en cette période pré-électorale rééditer son exploit de 2014 en réussissant à les sensibiliser à la nécessité d’aménager le parking Didot en parking temporaire afin de compenser la disparition de places de voiture occasionnée par les travaux de réhabilitation de la rue du Château.

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