Nous avons profité de ce premier dimanche de beau temps pour faire “le tour du propriétaire” de notre cher Quartier Pernety. Plutôt que regagner nos pénates par la rue Raymond Losserand après un frugal déjeuner au restaurant Les Tontons situé au n° 38 de la rue, nous avons emprunté le coude formé par la rue du Château, la place Moro-Giafferi et la rue Didot jusqu’à la place Flora Tristan qui jouxte la rue où nous avons notre domicile. Voilà ce que nous avons vu et photographié pour illustrer un articulet très polémique qui fait honneur à notre statut de blogueur indépendant.
Vers la zadisation ou la RDA-isation de Pernety ?
Faut-il donc être un indécrottable bobo et détester les impécunieux pour oser ne pas approuver le projet municipal de Sécurité Sociale Alimentaire (SSA) dont il est actuellement fait la promotion place Moro-Giafferi ? Bien sûr qu’il faut prévoir des dispositifs d’aide aux plus démunis dont un certain nombre habitent les très nombreux logements sociaux alentours ! Nous avons trop connu la pauvreté et trop longtemps été bénéficiaires du RSA pour ne pas en être conscients… Il y a encore quelques années nous fréquentions d’ailleurs assidûment le restaurant solidaire Les Artistes situé près de la galerie d’art municipale du 55 rue du Montparnasse – bien plus pour continuer à nous alimenter de façon saine et équilibrée que pour entretenir notre légende d’écrivain maudit ! Pourquoi alors ce soudain coup de blues devant les devantures un peu fouillis et anti-glamour des différentes adresses solidaires et écolo-bio des rues du Château et Didot ? Sans doute un effet d’accumulation : rejoué, le jouet solidaire ; Entre Pots ; Paris Ateliers ; Les Secondes Mains-LSM ; Association Les Enfants du Canal ; etc. Tout cela est sans doute très bien mais… Mais ça fait autant rêver qu’un vide grenier organisé un jour de pluie en hiver place de la Garenne ! Nous pressons donc un peu le pas pour regagner notre chaleureux chez-nous et tenter de retrouver un peu de moral en nous plongeant dans la lecture de Voici et de Gala, quand nous tombons rue de l’Eure sur un conteneur destiné au dépôt de vêtements usagés dont certains débordent sur la rue… On ne peut décidément plus échapper à la tyrannie du solidaire !
Béatrice en dédicace à la bouquinerie La Vague à l’âme (Paris 20ème)
Mais qu’est-il donc arrivé à Béatrice Giudicelli bien connue des Quatorziens pour ses sympathiques portraits de personnalités marquantes du 14ème arrondissement de Paris ? Elle a publié en février de cette année Remous sous caillou, le récit d’un épisode maniaque intervenu quatre ans auparavant entre décembre 2019 et janvier 2020, juste avant le premier confinement. Elle s’y met courageusement à nu avec style et humour en contribuant à dédramatiser les troubles psychiques qui peuvent concerner tout un chacun à un moment donné de sa vie.
La drolatique narration de délires made in Paris 14ème
Un beau jour de décembre 2019, Béatrice Giudicelli acquiert l’intime conviction que notre monde, tel que nous le connaissons, ne représente qu’un monde parmi des milliards d’autres et, de fil en aiguille, finit par douter de sa propre existence. Le doute est le début de la sagesse, disait Aristote. Il est aussi le point de départ des Méditations métaphysiques de Descartes. Plutôt que de lâchement conclure “Je pense, donc je suis” et de passer à autre chose, Béatrice approfondit le cogito cartésien jusqu’à s’ouvrir les portes de la folie qui la fait percevoir les choses sous un oeil différent : “C’est ainsi que dans mon environnement, tout me semblait étrange, écrit-elle. Une rue ne m’apparaissait ni chaque fois la même, ni chaque fois une autre. Je ne parvenais plus à savoir si j’étais dans un rêve ou dans la réalité.” Au point qu’un jour, elle se retrouve comme par magie dans le jardin pourtant toujours fermé qui jouxte la Fondation Cartier. “Mais heureusement, hormis celle de mon goûter dans mon sac, pas de pomme à croquer à l’horizon pour aggraver encore le sort de l’humanité” (!). Le ton est donné. C’est sous l’angle de l’humour et de l’auto-dérision que Béatrice se refait le portrait en ne nous épargnant, pour notre plus grand plaisir, aucun détail de ses délires made in Paris 14ème. De la description des folles “machines maléfiques” qui l’entourent à l’évocation des “SMS détonants” qu’elle envoie à ses proches et amis en passant par les “bouffées d’érotisme” qui l’assaillent, la portraitiste favorite des Quatorziens nous raconte par le menu toutes ses pensées décalées qui l’ont parfois conduite à sortir du cadre social établi et tacitement accepté de tous. Il y a dans Remous sous caillou force anecdotes réjouissantes de scènes qui ont, selon le cas, fait rire ou grincer des dents à La Coupole, au Rostand, à La Closerie des Lilas ou bien encore sur le lieu de travail de notre héroïne malgré elle. Jusqu’au jour où, sur la demande de ses proches, une ambulance “Béatrice” (ça ne s’invente pas) la conduise au Pavillon Piera Aulagnier de Sainte Anne où sont hospitalisés en psychiatrie tous les habitants du 14ème arrondissement qui présentent des troubles mentaux.
Entrée du Pavillon Piera Aulagnier
La pin-up de Piera Aulagnier
C’est aux écrivains du 14ème arrondissement que revient l’insigne privilège de laisser une trace écrite de ce qu’il se passe à l’intérieur du club très fermé du Pavillon Piera Aulagnier. Béatrice Giudicelli nous décrit de manière touchante le petit monde de ses compagnons de souffrance psychique : le beau Romain, Justine l’avocate, Maxime le blagueur un peu lourdingue, Janine et son sac jaune Gibert, Françoise et ses ui, Malika la star du Pavillon, Bernard le Bourdon, Cynthia la brindille, Bogdan le ténébreux sont quelques uns de celles et ceux qui constituent la faune très disparate au milieu de laquelle elle va évoluer pendant six semaines en attendant de pouvoir redescendre sur terre en rompant avec la phase euphorique qui l’avait emportée vers les territoires de la “folie”. Son séjour à Sainte Anne fut entrecoupé de plusieurs stages à l’Unité de Stabilisation (UBS) du 26 boulevard Brune où les médecins-psychiatres s’obstinaient à la trouver trop “up”, c’est à dire en gros trop perchée (la phase “up” signifiant phase euphorique en langage psy). “Il faut dire qu’à l’USB, j’étais clairement la plus “up”, voire même, sans fausse modestie, la plus pin-up“, note avec beaucoup d’humour Béatrice qui finira par trouver la clef qui déverrouille la porte du Pavillon Piera Aulagnier, ce “cocon douillet où l’on se répare avec et grâce aux autres“, patients comme soignants. Remous sous caillou est une plongée fort intéressante dans l’univers de la psychiatrie qui appréhende courageusement et sans tabou aussi bien les symptômes des troubles psychiques que les difficultés et les contraintes rencontrées pour les surmonter. Le livre a déjà été au centre de plusieurs débats qui se sont tenus à l’occasion de dédicaces organisées par son autrice dans quelques librairies parisiennes et sur l’Adamant, le bateau-hôpital psychiatrique de jour amarré quai de la Rapée. Vous pouvez en acquérir un exemplaire en le commandant en librairie ou en passant à la librairie Au plaisir des yeux située au n° 120 de la rue Raymond Losserand. Vous pouvez également le commander directement à Béatrice (contact : beagiudicelli@yahoo.fr).
La carte en format poche 9 cm x 17,5 cm dans toutes les bonnes adresses du 14ème
Les Quatorziens disposent dès cet été d’un nouvel outil pour découvrir leur arrondissement grâce au Routard qui publie en collaboration avec la Mairie du 14ème non pas un guide mais une carte gratuite et documentée qui les aidera à tirer un profit maximum de toutes les richesses immédiatement alentours.
Pépites, perles et bijoux du 14ème
Si, comme nous, vous êtes fauchés comme les blés, la solution peut consister à rester cet été à Paname pour découvrir ou redécouvrir le 14ème arrondissement. Pour vous aider, Le Routard et la Mairie du 14ème ont travaillé ensemble à l’élaboration d’une carte documentée qui met en relief les pépites de notre arrondissement et tous les lieux qui présentent un intérêt touristique. Cette publication tirée à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires est offerte gratuitement par la Mairie du 14ème à tous les Quatorziens et touristes francophones curieux d’un “Paris authentique et secret, qui mêle habilement douceur et art de vivre”, comme on peut le lire au verso de la couverture de la carte dépliante. Malheureusement pour nos touristes japonais ou étrangers, la carte du Routard n’existe qu’en version française ! Notez qu’il vous est également loisible de découvrir ce Paris peu connu et pourtant si vivant grâce aux deux très belles balades audio-guidées (en version française et anglaise cette fois-ci) de notre ami Thomas, alias Comte de Saint Germain, qui offriront plus de profondeur culturelle et historique à l’appréhension des merveilleuses richesses que recèle notre cher 14ème arrondissement.
Cliquez ici pour notre article consacré à l’excentrique Comte de Saint-Germain, ici pour accéder à son site officiel, et ici pour accéder à ses balades sur le site de VoiceMap.
Les étranges désirs de Daisy Le Dez (cliquez ici) sont toujours des ordres. Nous étions malheureusement indisponibles pour le vernissage de sa troisième exposition qui a eu lieu le 8 juin dernier au 68 de la rue des Plantes sur le site de l’hôpital Notre-Dame de Bon Secours. Mais nous n’avons pas résisté un mois plus tard à l’appel du P’tit Café qui accueille jusqu’à la fin du mois d’août vingt quatre de ses nouvelles oeuvres.
Une approche différente de la peinture
Devant un petit café donc (gentiment offert par Daisy), nous reprenons le fil de notre discussion entamée à l’été 2022 à l’occasion de Totémique, sa première exposition à Notre-Dame de Bon Secours. Que s’est-il passé en deux ans ? Plutôt que de parler d’évolution, Daisy préfère parler d’approche différente de la peinture. “J’ai eu une période qui se rapprochait de l’art brut, de l’art singulier, dont je suis en train de sortir, nous dit-elle. Mon travail, qui est aujourd’hui plus peaufiné et plus clair que ce que j’ai pu donner à voir précédemment, sollicite moins l’imagination de ceux qui regardent mes toiles. Je continue malgré tout à toucher un peu à tout car c’est toujours le même désir de liberté qui guide mon pinceau et qui m’aide – tout particulièrement par l’utilisation des couleurs – à sublimer la relative noirceur de mon environnement. Mais mon souhait est aujourd’hui de faire partager aux autres le plaisir que j’ai à peindre”. Les vingt quatre nouvelles toiles que Daisy a sélectionnées pour cette troisième exposition ont été spécialement conçues pour être exposées au P’tit Café dans le but d’en faciliter l’accrochage pensé par Marylène qui est bénévole à la Maison des Thermopyles. Vous avez donc jusqu’à la fin du mois d’août pour venir les contempler en profitant de l’occasion pour déguster les délicieux cookies proposés par toute l’équipe réunie autour de Mickaël. A défaut de cadavres exquis…
“La maison d’en face”, coup de coeur de Pernety 14.
La plaque “Mauvais Sang” de Jean-François Caillarec (photo C. Degoutte)
Les “artivistes du 14ème” ont encore frappé ! Jean-François Caillarec et Claude Degoutte n’ont eu aucun mal à convaincre la très charmante opticienne de Ouest Optic situé au 23 de la rue de l’Ouest du bien-fondé de leur entreprise visant à illustrer la plaque de rue qui orne la façade de sa boutique. Le 23 rue de l’Ouest, qui est un des seuls immeubles de la rue à avoir survécu à la rénovation immobilière des années 70-80, marque en effet le point de départ de la cultissime séquence du film Mauvais sang réalisé par Léos Carax en 1986 où l’on voit Denis Lavant s’élancer dans une course haletante et enfiévrée le long des palissades de chantier de la rue au son de Modern Love, la non moins cultissime chanson de David Bowie.
Tout comme celle du 54 de la rue du Château, la nouvelle plaque de rue illustrée posée par Jean-François Caillarec est agrémentée d’un site internet explicatif réalisé par Claude Degoutte qui donnera aux curieux toutes les informations utiles pour notamment comprendre le contexte de cet hommage cinématographique in situ (cliquer ici).
Photo C. Degoutte
Rappelons également que dans son livre intitulé “Il était une fois dans (la rue de) l’Ouest”, Gérard Brunschwig raconte l’épopée des habitants de Pernety qui, entre 1973 et 1982, se sont mobilisés contre le projet de rénovation immobilière de leur quartier promis à la démolition. Si cet “héroïque combat collectif de résistance” permit de préserver une soixantaine d’immeubles, très nombreuses furent les destructions de bâtiments dont témoignent notamment les photos de Daniel Chenot. Cette séquence du film Mauvais sang réalisé par Léos Carax au milieu des années 80 immortalise les palissades installées le long de la rue de l’Ouest le temps des travaux de rénovation. D’autres oeuvres de street-art, dont notamment Les expulsés d’Ernest Pignon-Ernest réalisée quelques années plus tôt dans la même rue, ont évoqué cette période marquante de l’histoire du Quartier Pernety.
“Les expulsés” d’Ernest Pignon-Ernest (photo C. Degoutte)Le jour de la pose de la plaque définitive, avec la collab’ de Singular Vintage (photo C. Degoutte)
bad et ses deux nouveaux carreaux (photo C. Degoutte)
Après Jean-François Caillarec, c’est Stéphane Malherbe, alias bad beu, qui remonte le temps pour mettre l’art urbain à l’heure des Années folles de Montparnasse. Avec la complicité de Claude Degoutte, le grand manitou du street art in situ, il rend hommage à la “génération perdue”, ce mouvement d’écrivains américains qui se sont exilés à Paris au début du siècle dernier après avoir participé à la Première Guerre mondiale. Au printemps 1925, la fameuse première rencontre entre Hemingway et Scott Fitzgerald relatée dans Paris est une fête a lieu au Dingo Bar (aujourd’hui Auberge de Venise) situé au 10 rue Delambre à deux pas du Carrefour Vavin (aujourd’hui place Pablo Picasso). bad beu a réalisé deux carreaux pour immortaliser cet évènement littéraire de tout premier ordre.
Naissance d’une amitié critique et affectueuse
Dans Paris est une fête qui est considéré comme l’un de ses chefs-d’oeuvre, Ernest Hemingway raconte ses jeunes années d’écrivain désargenté à Paris dans les années 1920, les Années folles de Montparnasse. Beaucoup de Britanniques et d’Américains de Paris se donnent rendez-vous au Dingo American Bar and Restaurant tenu par Louis Wilson et sa femme au 10 de la rue Delambre. Un jour de désoeuvrement du printemps 1925, alors qu’il s’inflige la compagnie de “quelques individus totalement dépourvus d’intérêt” (!), Hemingway y rencontre Scott Fitzgerald, l’auteur de Gatsby le magnifique et chef de file de la “lost generation”, qui est celui qui lancera sa carrière d’écrivain. C’est le début de la longue “amitié critique et affectueuse” liant les deux géants de la littérature américaine que l’on se devait bien d’immortaliser in situ cent ans plus tard par le moyen d’une oeuvre de street art. Sur la suggestion de Claude Degoutte, bad beu n’a pas hésité à s’y coller en réalisant pas moins de deux carreaux très colorés – qui attendront toutefois un peu avant d’être collés… Le premier dédié à Hemingway a été acquis par le nouveau propriétaire du restaurant qui lui réservera sans doute une place d’honneur au bar (resté d’origine) en ayant bien à l’esprit que le Prix Nobel de Littérature y inventa certains des nombreux cocktails décrits dans ses romans dont le fameux Long Island Iced Tea. Le second dédié à Scott Fitzgerald s’inscrit dans le projet global intitulé “rue des petits carreaux” porté par les deux complices de l’in situ dont l’objectif est de faire connaître aux Parisiens les endroits où vécurent certaines personnalités marquantes en rebaptisant symboliquement les rues de leur nom. Un carreau “Rue Scott” sera donc collé à l’extérieur du restaurant une fois que la peinture y aura été refaite. Courant été 2024 si tout va bien…
Pose du carreau “Rue Scott” le 10 septembre 2024 (photo C. Degoutte)Photo C. Degoutte
Cliquez ici pour accéder au site de l’Auberge de Venise.
Chose promise, chose due ! Jean-François Caillarec a déjà pris les devants de la célébration du centenaire des Années folles de Montparnasse en posant quatre nouvelles plaques de rue illustrées à quelques endroits bien connus des habitants du Quartier curieux d’histoire et de culture. C’est ainsi que la rue Campagne-Première, la place Pablo Picasso et la place Joséphine Baker se sont vues honorées des oeuvres de l’artiste urbain resté fidèle à son souci de diffuser l’art et la culture à destination du plus grand nombre. Petite revue de détail.
Noire et Blanche de Man Ray, rue Campagne-Première
Kiki de Montparnasse est sans doute l’une des figures les plus emblématiques de la très foisonnante époque des Années folles. Fin 1921, elle devient l’amante de Man Ray, le célèbre peintre et photographe américain dont elle sera la muse durant sept ans. Après avoir séjourné à l’hôtel Istria, au 29 rue Campagne-Première, les deux amoureux emménagent dans le bâtiment voisin, au 31 bis. Jean-François Caillarec rend hommage à ce couple mythique des années 20 en apposant à l’angle de la rue Campagne-Première et du boulevard Montparnasse une très belle plaque de rue illustrée par Noire et Blanche de Man Ray, un magnifique portrait photographique réalisé en 1926 représentant Kiki de Montparnasse qui tient près d’elle un masque d’art africain traditionnel.
Photo C. Degoutte
Les Demoiselles d’Avignon, place Pablo Picasso
Combien de Quatorziens connaissent la Place Pablo Picasso ? Mitoyenne des 6ème et 14ème arrondissements, elle correspond à ce que l’on appelait jadis le “Carrefour Vavin” situé à l’angle des boulevards Montparnasse et Raspail. Flanqué des célèbres brasseries du Dôme et de La Rotonde, ce fameux carrefour était le centre névralgique de la très bouillonnante animation artistique et culturelle des Années folles. Il n’y a à vrai dire qu’une seule plaque de rue qui indique l’emplacement de la place Pablo Picasso, et elle est justement située dans le 14ème arrondissement à quelques mètres du Dôme. L’occasion était trop belle et Jean-François Caillarec n’a pas résisté à la tentation de l’illustrer avec une reproduction des Demoiselles d’Avignon, l’une des plus célèbres oeuvres du génial peintre espagnol et qui est considérée comme l’un des tableaux les plus importants de l’histoire de la peinture.
Photo C. Degoutte
Joséphine Baker, place… Joséphine Baker
Egalement située au coeur du Quartier Montparnasse, au croisement de la rue Poinsot, de la rue Jolivet et du boulevard Edgar-Quinet, la place Joséphine Baker a été inaugurée en 2000 pour célébrer la mémoire de la chanteuse et artiste de music-hall entrée au Panthéon il y a trois ans, en même temps qu’était sous-titrée de son nom la toute proche station de métro Gaîté. Jean-François Caillarec ne lésine pas non plus sur les moyens de lui rendre hommage en lui consacrant pas moins de deux plaques de rue illustrées, la première la représentant en compagnie de son célèbre guépard et la seconde en tenue de scène. Toutes ces oeuvres du street artist sont à découvrir à l’occasion de vos balades dans le Quartier dont la richesse culturelle est tellement grande qu’il mériterait en réalité de voir toutes ses plaques de rue revisitées par Jean-François. Ce dernier n’a sans doute pas dit son dernier mot et nous réserve peut-être encore d’autres surprises pour dignement honorer le centenaire des Années folles de Montparnasse.
Alors que la perspective d’une célébration du centenaire des Années folles de Montparnasse ne semble pour l’instant pas susciter l’enthousiasme des foules, l’association Pernety 14 fêtait beaucoup plus modestement le 26 avril dernier le centième article mis en ligne sur le blog de quartier qu’elle anime. Ceci est mon 100 ! a réuni au bar-restaurant Le Laurier une cinquantaine de personnes qui, pour la majorité d’entre elles, avaient bien voulu se prêter au jeu de l’interview-portrait depuis le lancement du site au début de 2017.
Sept ans de bonheur
On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Le président de Pernety 14 n’a pas craint de verser dans l’autosatisfaction en prononçant un discours à sa propre gloire dans le lieu même où s’est déroulée la plupart des interviews qui ont donné matière à la rédaction de portraits ou d’articles de journalisme local. Après les remerciements d’usage à tous les participants, notamment à celles et ceux (Evelyne Bouëtel, Colette Desage, Marie Burgat et Claude Degoutte) qui ont servi d’intermédiaires ou de catalyseurs pour toutes les rencontres qui ont pu déboucher sur des articles, un hommage a été rendu aux interviewés aujourd’hui disparus (Vincent Luccarini, Michel Bülher, Bernard Zitoune, Roland Erguy et Basile Pachkov). “J’ai commencé ce blog il y a sept ans en 2017, a déclaré Yann un peu ému. Ce ne fut pas sept ans de malheur, mais de très grand plaisir. Pendant sept ans, je suis sorti de moi-même pour aller vers les autres, ce qui n’a pas toujours été facile pour quelqu’un de naturellement timide et d’un peu sauvage comme moi. Cela m’a appris que dans la vie c’est la motivation qui fait tout. Je ne me croyais pas capable de faire ce que j’ai fait (aller frapper à la porte des inconnus notamment), et pourtant je l’ai fait ! Cela m’a également permis d’apprendre une foultitude de choses (comment me comporter avec les gens, comment m’adapter à eux, etc.) et d’acquérir une confiance en moi qui m’est aujourd’hui très utile.” Ou comment un chemin de croix peut-il se transformer en un chemin de roses…
Photo-montage E. Bouëtel
Une résurrection par le journalisme local
Non, Yann ne se prend pas pour Jésus… Pourtant, c’est à une véritable résurrection par le journalisme local (que pratiquait feu son Papa) que les Pernetiens ont pu assister ces dernières années. Les natifs du Scorpion, qui sont tous très familiers du cycle de la mort et de la renaissance, ne s’étonneront pas outre mesure de l’avoir vu renaître sous le signe du don de soi puisque la Providence l’a au moins (O-) gratifié de la chance d’être donneur universel de sang. Donner pour recevoir aussi. Car, continue-t-il, “Je me suis rendu compte de l’extrême richesse de notre environnement immédiat et c’est vrai qu’il y a quelque chose d’un peu dérisoire à entreprendre un blog de portraits à mesure que l’on prend conscience qu’il y a une mine d’or dans chaque individu. Mais le faire m’a permis de travailler sur l’humilité et d’approfondir le respect que l’on se doit de manifester vis-à-vis de tous. Je suis en tout cas aujourd’hui complètement convaincu que tous mes voisins ont du talent. Si certains ont pu me reprocher d’écrire des articles un peu trop bienveillants, voire même “complaisants”, je peux vous assurer que c’est toujours avec le même enthousiasme que j’ai rencontré les personnes à qui j’ai consacré mon temps. Peut-être que j’en fais parfois un peu trop car cela fait partie de ma personnalité, mais c’est toujours avec la même sincérité que j’ai cherché à extraire le meilleur de chacun.” Cette activité lui aura aussi permis de pratiquer le travail en équipe, notamment avec Jean-François Caillarec et Claude Degoutte pour former la dream team des “artivistes du 14ème”. “Travailler en équipe n’est jamais facile, surtout quand on a une forte personnalité, parce qu’on ne peut évidemment jamais être d’accord sur tout”, témoigne le président de Pernety 14. L’intrépide reporter de quartier envisage aujourd’hui de mettre la pédale douce sur le journalisme local car l’enthousiasme du départ s’est un peu émoussé et parce qu’il ne voudrait surtout pas commencer à lasser son public. Le blog restera probablement ouvert mais sans être alimenté d’articles – sauf coups de cœur (ou de sang) incontrôlables. Ainsi soit-il.
La prochaine réunion plénière du Conseil de Quartier Montparnasse-Raspail commencera demain mardi 27 février à 19 heures (*) par une évocation de ce en quoi pourrait consister la célébration du centenaire des Années folles de Montparnasse. Deux Quatorziens déjà très actifs sur le sujet proposeront à l’assistance en guise de mise en bouche la pose dès cette année de plusieurs plaques de rue illustrées rendant hommage à quelques gloires qui hantèrent le Quartier Montparnasse il y a cent ans. Voici un avant-goût de cette amorce de célébration à laquelle tous les habitants du Quartier sont conviés.
Un centenaire à célébrer dignement par tous les Quatorziens
Nombreux sont les initiés qui ont en réalité déjà anticipé les évènements à venir qu’il reste à organiser. Plusieurs maisons d’édition du 14ème arrondissement et d’ailleurs ont sorti de très beaux livres sur le Montparnasse des Années Folles qui était il y a un siècle la capitale artistique et culturelle du monde. Ainsi d’Albin Michel, la maison d’édition de la rue Huyghens, qui a publié en novembre 2022 la monumentale étude de Mathyeu Le Bal intitulée Montparnasse, quand Paris éclairait le monde. Plus récemment, les éditions Séguier ont entrepris de publier sous le titre Bandes de Génies, Mémoires du Montparnasse des Années folles la traduction des mémoires de Robert McAlmon, un romancier, poète et éditeur américain qui s’est installé à Paris en 1921. En vérité, les livres sur Montparnasse envahissent chaque jour les librairies, les musées, les centres d’art, chaque auteur se concentrant sur une petite spécificité de ce quartier sans limites. C’est pourquoi il y a sans nul doute matière à organiser dans les mois ou années à venir avec la Mairie de Paris un très beau salon du livre réunissant tout ou partie des auteurs et éditeurs qui ont consacré leur(s) ouvrage(s) à un quartier dont l’histoire n’aura jamais fini de se révéler. Une autre manière de revivre cette époque peut consister à visionner l’un des nombreux films qui la célèbrent comme, par exemples, Montparnasse 19 de Jacques Becker (1958), Modigliani de Mick Davis (2004) ou encore l’un des deux films de la dernière décennie consacrés à Kiki de Montparnasse. L’endroit idéal pour la projection de ces films serait alors évidemment le cinéma d’art et essai des 7 Parnassiens situé à deux pas du Carrefour Vavin qui était le centre névralgique de la bouillonnante animation artistique et culturelle de l’époque. Pour faire le lien avec les artistes d’aujourd’hui, on pourrait également, par exemple, envisager la possibilité de fresques commémoratives réalisées par les artistes-peintres du Marché de la Création Edgar Quinet dont l’ancêtre est le Marché aux navets. Tout cela reste bien sûr à déterminer et à organiser avec l’accord et le concours des autorités municipales et des associations parties prenantes. Pour l’heure et pour amorcer les évènements à venir, l’artiste urbain du 14ème arrondissement Jean-François Caillarec propose de continuer sur le boulevard Montparnasse son très beau travail de pose de plaques de rue illustrées rendant hommage à celles et ceux qui sont restés dans la mémoire collective des figures emblématiques des Années Folles : Kiki de Montparnasse photographiée par Man Ray rue Campagne Première, Joséphine Baker au n° 94 du boulevard Montparnasse, Pablo Picasso au Carrefour Vavin rebaptisé place Pablo Picasso, et peut-être d’autres encore ? Nous vous invitons très vivement à venir participer à la réunion plénière du Conseil de Quartier Montparnasse-Raspail de ce mardi soir pour en accentuer plus encore le caractère interactif et participatif et contribuer dès à présent à la préparation de la célébration d’un centenaire qui pourrait être une formidable fête. Paris n’est-elle pas une fête ?
(*) La réunion plénière du Conseil de Quartier Montparnasse-Raspail du mardi 27 février 2024 se tiendra à l’école élémentaire publique du 24 rue Delambre entre 19 et 21 heures.
Hélisenne Lestringant a perdu son fil. Saurez-vous l’aider à le retrouver demain mercredi 20 décembre au bar-restaurant Le Laurier à partir de 19h30 ? Après Filles de Personne, également créé au Laurier par Serge Sandor en 2022, la tonitruante actrice vous fera part, dans Gueule d’égarée, de considérations sur l’amour que son personnage continue à allégrement chercheravec Pierre Paul Jacques sur Tinder. Gare à tous ceux qui lui poseront un lapin !
Le défi du théâtre dans les bars
Vous serez donc au rendez-vous l’un ou l’autre de ces deux prochains mercredis soirs au Laurier et bien prévenus quand vous verrez débarquer notre sympathique Gueule d’égarée qui tourne au Cuba Libre (rhum-coca) avant de briser la glace avec ses proies potentielles. C’est Pierre qu’elle est venue “pécho” cette fois-ci. Donc moi, donc vous si vous avez choisi ce pseudo sur Tinder. Les habitués des sites de rencontres savent bien que le premier danger qui les guette lorsqu’ils ont enfin convenu d’un date est de n’avoir absolument rien à dire à leur vis-à-vis. Aucun risque avec Hélisenne dont la tête est encore farcie des souvenirs de sa vie de couple passée avec Paul qu’elle continue de tendrement appeler “mon petit clown”. Nous n’en dévoilerons pas plus du texte de Serge Sandor qui confortera sans doute toutes celles et tous ceux qui ont choisi le célibat pour ne pas avoir à épuiser les charmes de la vie à deux… Le théâtre dans les bars, à mi-chemin du théâtre de rue et du théâtre sur scène, est un défi que relèvent avec brio Hélisenne et Serge qui n’en sont pas à leur coup d’essai au Laurier. “C’est vraiment une forme de théâtre très sportive, nous confirme Hélisenne. Et un véritable numéro de funambule qui fait feu de tout bois car l’une des difficultés est de ne pas perdre la trame quelle que soit la réaction du public que je provoque et sollicite en permanence.” La performance de l’actrice, qui se déroule en présence du metteur en scène, dure un peu moins d’une heure dans la grande salle du restaurant. Louis, le patron, est ravi. Les Pernétiens un peu curieux n’hésiteront pas une seule seconde à venir saluer sa prise de risques en assistant demain soir à la quatrième représentation de Gueule d’égarée pour enfin passer une soirée au restau qui a de la gueule !
Théâtre dans les bars – Gueule d’égarée de Serge Sandor avec Hélisenne Lestringant – Mercredis 13 et 20 décembre à 19h30 – Entrée libre au chapeau – Le Laurier, 2 rue Pernety / 24 rue Didot, Paris 14ème – Réservation au 01 45 42 79 35.
Hélisenne Lestringant et Serge Sandor au “Laurier”