Il n’y a vraiment pas de quoi être fier car il nous a suffi d’envoyer un courriel au siège de la brocante associative pour pouvoir convenir d’un rendez-vous avec Catherine Desbordes qui est la principale animatrice de la structure sise au 45 rue de la Sablière, tout près de la place Flora-Tristan. L’entrevue fut des plus agréables car Catherine fait partie de ces gens passionnés qui dégagent une énergie vitale qui vous pousse vers le haut. La passion comme moteur et comme carburant. Elémentaire, mon cher Watson !
Une vie au service de la musique classique
L’étincelle qui met le feu aux poudres de la passion musicale de Catherine Desbordes a lieu à Saint-Céré dans le Lot alors qu’elle a 14 ans. Elle et ses frères ainés tombent dans la marmite de la musique classique en assistant à un rassemblement choral qui les bouleverse complètement. Après avoir entendu le requiem de Brahms, ils se précipitent vers le président de l’association organisatrice et lui proposent de mettre toute l’énergie de leur jeunesse à son service. Catherine et ses deux frères commencent par s’occuper de la régie et de la logistique immobilière pour apprendre leur métier. En 1980, ils reprennent eux-mêmes les rênes du Centre Européen d’Echanges Musicaux avec l’idée de le transformer en une structure leur permettant de gagner leur vie tout en développant l’activité opéra. Ils travaillent cinq années, sept jours sur sept, avant de percevoir leur premier salaire. Alors que son frère Olivier qui est un artiste-né se consacre bientôt à la mise en scène d’opéras, Catherine s’occupe quant à elle de la production des spectacles musicaux en gérant toute la chaîne de leur fabrication. En 1993, elle opte pour une vie plus stable en travaillant au développement de l’ensemble baroque de Limoges sous l’impulsion de son chef Christophe Coin, avant de prendre en charge celui de la Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés (FEVIS) dirigée par Jacques Toubon. “Nous avons, avec Jacques Toubon, fait pendant dix ans un énorme et très efficace travail de lobbying pour que la sphère indépendante soit observée et considérée de la même manière que les orchestres permanents et les maisons d’opéras, témoigne Catherine. Alors que certains ensembles indépendants sont mieux ou très différemment lotis, historiquement et politiquement, nous nous sommes appliqués à les remettre à niveau et à rendre visible toute la sphère indépendante”. Catherine, qui a gardé intact l’enthousiasme de ses vingt ans, a des raisons d’être fière de son bilan. Combien de portes vers la musique classique et l’opéra les ensembles indépendants ont-ils en effet ouvert en ruralité ou dans les centres urbains de la banlieue parisienne, là où il ne se passe habituellement rien ou presque dans ce domaine particulier ? “Une levée de rideau avec 500 personnes qui vous disent merci les larmes aux yeux au mois de janvier au fin fond du Lot ou du Gers, ça vous donne des frissons et j’ai encore aujourd’hui les poils qui se dressent à l’évocation de ses souvenirs”, nous dit-elle.
Picture discs et affiches Rossignol
C’est pour rester en lien avec l’art vivant et pour faire profiter de son retour d’expérience de 45 ans de métier que Catherine et deux amis ont créé en 2017 l’association Miss Marple & Consorts qui accompagne et soutient les ensembles de musique indépendants dans la sphère classique. Le mentorat qu’exerce l’association a notamment été utile pendant le confinement de 2020 : “Quand vous avez plus de 40 ou 50 concerts annulés et que vous ne pouvez plus payer vos musiciens, vous êtes sujets à certains questionnements, notamment en termes de coûts et d’appréciations, pour lesquels nous pouvons par notre expérience apporter des éléments de réponse”, soutient Catherine. Nous restons dans tous les cas au service des indépendants et intermittents qui travaillent sur de beaux projets de musique classique.” La petite brocante du 45 rue de la Sablière atteste de cette présence et de ce soutien continus puisque tous les bénéfices des ventes financent (en partie) les missions de l’association. “Au moment de notre retraite, nous nous sommes demandés avec mes deux amis ce que nous pouvions faire pour ne pas mourir après de si passionnantes vies, et, puisque nous étions tous les trois très chineurs, nous avons décidé de monter cette petite brocante près de la place Flora-Tristan”, se souvient Catherine. C’est le bon plaisir de sa principale animatrice qui préside aux choix des objets proposés à la vente : “J’aime les choses anciennes et je me fais un plaisir personnel illimité”, assume-t-elle. On balaie un spectre qui va des années 1930 aux années 1960-70-80. Je m’amuse beaucoup à chiner et je me suis tout particulièrement prise de passion pour les picture discs qui datent pour certains du début des années 30 ainsi que pour les cartes scolaires réalisées dans les années 50-60 par les époux Rossignol pour faire évoluer par l’image l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Je les achète et je les donne à l’association.” Rien ne remplace bien sûr une visite à la brocante associative pour découvrir les autres trésors qu’elle recèle et qui font sa singularité : moulins à café et poivriers, produits publicitaires (buvards, thermomètres et chromos Liebig), terres cuites de l’Isle Adam, et bien sûr disques vinyles de musique classique. La brocante est aussi pour Catherine l’occasion d’assouvir son goût des autres et de créer du lien humain autour d’un café. Nous reconnaissons d’ailleurs “la parfaite détective à domicile” aux quelques questions qu’elle nous pose sur notre propre activité associative dans le 14ème… Autant tout cracher car rien ne saurait échapper à la sagacité de Miss Marple !
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