Baba porte très bien son nom car c’est exactement l’état dans lequel on reste après avoir rencontré Alison Fleck qui tient sa boutique de “savonnier-patissier” place Marthe Simard à la porte de Vanves. Comme elle nous a senti un peu vaciller, Alison n’a pas hésité à donner le coup de grâce en nous offrant un savon. Car la dame est bien trop classe pour seulement en “passer un” à ceux qui ne pensent qu’à se faire mousser avec leurs articles de blog…
L’exigence et le dépassement de soi comme moteurs
“Oh, j’voudrais tant / J’voudrais tant coincer la bulle dans ta bulle”. En écoutant un peu plus d’une demi-heure la douce voix d’Alison Fleck, nous avons moins pensé à un baba au rhum qu’à un week-end à Rome. Alison coche toutes les cases pour devenir citoyenne d’honneur de notre arrondissement. Cette native du 14ème est en effet autant une artiste qu’une artisane et autant une entrepreneure qu’une associative – en plus d’être soucieuse d’écologie, de produire français, de transparence et de partage. Elle a ouvert Baba, sa boutique de “savonnier-pâtissier”, il y a aujourd’hui trois ans sur la place Marthe Simard à la Porte de Vanves. Pour rien au monde elle ne voudrait quitter ce quartier prioritaire de la politique de la ville où elle produit des savons “haute couture” inspirés des techniques de la pâtisserie. Dans une vie antérieure, Alison fut en effet pâtissière haut de gamme dans des groupes de luxe et des palaces. Son CAP de pâtisserie en poche, elle est formée dans la vénérable et stimulante école de la Maison Lenôtre avant d’avoir le privilège de travailler au contact de Christophe Michalak vainqueur en 2005 de la Coupe du Monde de Pâtisserie qui l’initie aux charmes et aux exigences de la cuisine ouverte mettant en scène les pâtissiers au vu des passants derrière les vitrines de la cuisine. “C’est une façon de s’élever et de constamment se dépasser, témoigne Alison. Pouvoir se mettre en position de ne jamais se relâcher est une vraie force car le relâchement est malheureusement notre pente naturelle. Mon objectif personnel a toujours été de constamment m’améliorer – dans ma discipline aussi bien que dans les autres domaines de ma vie.” Pour autant, l’exigeante pratique de la pâtisserie haut niveau ne manque pas à Alison depuis qu’elle a troqué une passion pour une autre en devenant savonnière. “Je retrouve dans le savon tout ce que j’aimais dans la pâtisserie : transformer des belles matières premières, jouer sur les textures et les odeurs – et surtout faire plaisir aux autres car c’est bien sûr cela l’objectif ultime d’un artisan dans la mesure où nous ne transformons ni ne produisons pour nous-mêmes”.
Une savonnière reconnue et soucieuse de partager son savoir
De la technique de confection des savons nous ne savons bien sûr rien. Alison se lance dans une très savante explication sur la saponification à froid, une technique qui permet de ne pas chauffer le savon pour respecter les matières premières et préserver leurs propriétés. En restant naturellement glycériné et surgras, le savon libère lors du lavage les bienfaits des éléments incorporés et hydrate mieux la peau qu’un savon industriel. Nous sommes très vite largués pour ne pas dire complètement noyés par les détails de l’explication technique et de la description des spécificités des produits vendus, de la même façon que lorsque nous nous rendons chez nos cavistes préférés pour acheter une bonne bouteille de vin. “Tous ceux dont je vous ai parlé sont des bons produits, nous rassure Alison en guise de conclusion. A partir du moment où le savon respecte votre peau et qu’il lave, ce n’est au final qu’une question d’émotion et de goût.” Nous n’en invitons pas moins tous les Quatorziens à venir lui rendre visite à la porte de Vanves pour compléter les informations qu’ils pourront utilement glaner sur le site internet de la boutique (cliquez ici). Alison organise par ailleurs le weekend dans son local de 70 m² des ateliers sur site pour faire découvrir les secrets de la fabrication artisanale de savon. Un cours en ligne est également disponible, qui connait un très grand succès auprès de ses 10.000 élèves en proposant plus d’une heure trente de vidéo avec des tutoriels complets sur différentes techniques de décors (cliquez ici). Enfin, Alison est l’autrice de deux livres édités à plus de 10.000 exemplaires sur les savons naturels et les cosmétiques naturels (cliquez ici). Forte de ses plus de 200.000 savons vendus et de ses 40 revendeurs en France et à l’étranger, notre savonnière jouit aujourd’hui d’une renommée nationale et même internationale. “Aujourd’hui, je vends tout ce que fabrique et je n’ai pas beaucoup de stock”, nous déclare-t-elle.
Circuits courts et engagement collectif
Ce n’est pourtant pas faute de continuer à brider son succès en se refusant par souci écologique à recourir massivement au fret notamment aérien. Alison entend bien plus continuer à favoriser les circuits courts auprès des consommateurs locaux comme par exemple l’Hôtel Mercure Paris Montparnasse sur le boulevard Raspail ou bien encore l’Hôtel BOB de la rue Pernety qui projette de lui passer commande de savons dans le cadre d’un renouvellement de gamme pour son spa. Elle aime et favorise le contact direct avec ses clients qui peuvent aussi bien être des musées (elle s’apprête cet après-midi à livrer la boutique des musée des Catacombes de Paris) que des touristes, des élèves ou des professionnels de l’hôtellerie passant par Paris (comme Léna qui vient ce matin de Bourgogne pour faire provision de savons pour sa grande chambre d’hôtes de luxe). Alison, qui se sent plus productrice que commerçante dans l’âme, entend être le moins possible contrainte par les problématiques de transport. “Plus c’est local en soi, plus je suis heureuse, insiste-elle en se comparant volontiers à une agricultrice soucieuse d’écouler sa production dans le cadre de circuits courts. “Si nous nous organisons tous comme ça par arrondissement et même si ce ne sont sans doute que de petits battements d’ailes de colibris, nous pouvons quand même faire de petites choses pour la planète”, ajoute-elle. Pour preuve de son engagement local, Alison a récemment pris part à un petit marché au jardin des Thermopyles et participera le 21 septembre prochain à l’inauguration de la place de Catalogne avec d’autres acteurs de l’arrondissement dont les AMAP du 14ème. Autant d’occasions de se faire connaître localement pour celle qui est également engagée au sein du collectif d’artisanes et commerçantes Les Fabriques Paris 14 qui se propose en lien avec de la Mairie du 14ème de mettre en lumière les savoir-faire artisanaux et certains produits fabriqués dans le Grand Paris. La Mairie d’arrondissement n’a d’ailleurs pas manqué d’identifier la savonnerie Baba dans sa récente carte éditée en collaboration avec Le Routard qui met en relief les pépites et les endroits remarquables du 14ème. Alison a pu également compter sur le soutien de Madame la Maire Carine Petit pour organiser à la Porte de Vanves devant la boutique Baba un petit marché de producteurs locaux ayant vocation à animer la place Marthe Simard devenue depuis quelque temps un peu plus vivante le samedi matin.
Des produits 100% français
Cerise sur le gâteau de savon pâtissier, les matières premières utilisées pour la confection des savons Baba sont issues de l’agriculture biologique, sans huile de palme ni plastique, et également complètement françaises. “Nous faisons absolument tout en interne, nous explique Alison. De la transformation des produits à la fabrication des savons qui a lieu au sous-sol de la boutique comme de l’emballage qui est biodégradable ou réutilisable à la vente. Nos produits sont donc absolument tous 100% français jusque dans le papier ou les étiquettes utilisés. Quand j’utilise des plantes qui poussent en France, je les achète toutes françaises que ce soient les lavandes, le calendula ou l’ortie, même s’il m’arrive bien sûr d’utiliser des produits exotiques importés comme l’huile de coco ou le beurre de karité que j’utilise pour rendre le savon bien dur. Les personnes nécessaires à l’analyse des produits sont de même basées en France et les séchoirs indispensables à la fabrication à froid également localisés dans le sous-sol de la boutique.” Bien évidemment, le coût du produit fini s’en ressent, mais l’entreprise qui emploie aujourd’hui trois personnes a trouvé sa clientèle comme en atteste les résultats des ventes en France et à l’étranger. Succès sans aucun doute mérité pour un produit de niche (mais pourtant pas de riche) réalisé par une passionnée qui pousse le perfectionnisme jusqu’à le tailler à la main comme un bijou ou un objet d’art. Alors, pour savonner la planche de vos rivaux ou de vos collègues de travail, utiliser plutôt un savon industriel ! Le matin sous la douche, un savon baba, c’est nettement plus cool…
Cliquez ici pour accéder au site internet de baba savonnier pâtissier.