Maÿlis de Bascher, les couleurs de la (vraie) vie

Maÿlis aux belles couleurs de l’été

“Je serais très heureuse aussi que tu écrives un article sur moi et mon travail. Mais je ne voudrais te donner aucune information et que tu le fasses au feeling telle que j’apparais”. Je me suis levé au milieu de la nuit pour prendre connaissance de son courriel de 23h28 hier soir, et me voilà déjà au travail. Car les désirs de Maÿlis de Bascher sont des ordres et je ne suis que trop heureux de m’exécuter…

Le contraire de moi

Maÿlis de Bascher, telle qu’elle m’apparait, c’est un peu le contraire de moi. Elle aime la chaleur langoureuse du sud de la France, moi la douceur tonique du climat breton. Elle boit du café en plein été à la terrasse de La Liberté quand je bois un Monaco pour me désaltérer. Elle est toute en couleurs quand, fidèle à moi-même et à mes origines, je continue à m’accrocher, entre gris clair et gris foncé, au Gwenn ha Du de la Bretagne. Maÿlis de Bascher, telle qu’elle m’est apparue vêtue de jaune et de rose il y a un peu plus de quinze jours (un vendredi 13…), c’est une très belle artiste avec suffisamment de classe et d’entregent pour s’intéresser à ceux qui exposaient ce soir-là rue Sainte-Apolline – alors que l’art pictural me laisse souvent assez perplexe. Pour couronner le tout, Maÿlis habite le 6ème arrondissement de Paris, moi le 14ème arrondissement ! Certes nous nous partageons le boulevard du Montparnasse et donc l’âme des montparnos, ces peintres et ces écrivains qui, il y a tout juste cent ans, éclairaient le monde culturel et artistique de leur vibrionnante activité. Vibrionnante comme celle qui vit à mille à l’heure et pour qui les journées sont trop courtes pour faire tout ce qu’elle aime faire – alors que moi je me lève la nuit pour écrire et pour tuer le temps… Très logiquement, je devrais la détester. Et bien non, figurez vous ! J’aime d’autant plus Maÿlis qu’on admire toujours ce qu’on n’a pas et ce qu’on n’est pas. Je la trouve aussi inspirante qu’elle trouve inspirantes les photos des petits ports de Bretagne que je lui envoie sur son téléphone portable. Puissent-elles un jour être le prétexte de tableaux flamboyants et éclatants de couleurs dont elle s’est faite la spécialité !

“Gourmandises”. Acrylique sur toile. 160 x 110 cm. Mai 2025. (Photo Maÿlis de Bascher)

Lumineuses associations de couleurs 

Et puis, nous avons à la vérité la passion en commun. A ma passion pour les mots et les textes correspond sa passion pour la peinture et les couleurs. Maÿlis me demande également de parler de son travail alors que je ne suis pas critique d’art pour un sou. Comment faire pour ne pas écrire de bêtises ? Recopier des extraits de la notice biographique affichée en vitrine de chez Adam, le marchand de couleurs, où six de ses oeuvres sont actuellement exposées ? Pas sûr que cela lui plaise… Commençons par nous diriger vers sa page Instagram (cliquez ici) et exprimer ce que voient nos yeux. On y voit beaucoup de grands formats, qui sont des réminiscences des premières années de sa vie passées en Afrique, et beaucoup de couleurs dont les lumineuses associations sont sa marque. Des fleurs mais aussi des paysages parfois étrangement stylisés à nos yeux de béotien. Le maître italien Francesco Giuliari a observé chez notre artiste peintre internationale, dès ses jeunes années bolognaises, une étonnante capacité à structurer ses oeuvres et à les parsemer de petits détails qui dissimulent une histoire dans chaque toile. C’est en 2008 qu’elle se fixe à Paris pour se consacrer à la peinture et à en étudier les mouvements et les styles qui entre en résonnance avec son inconscient. Avant-gardisme russe des années 20, cubisme, pointillisme, impressionnisme, street art, autant d’influences qui nourrissent son inspiration actuelle qu’elle aime développer dans son atelier du sud de la France ou partager avec ses élèves de l’école Notre Dame de l’Assomption Lübeck dans le 16ème arrondissement de Paris. Bien sûr, l’artiste expose également. Son travail a fait l’objet d’une exposition exclusive organisée par la maison Christie’s en 2023, qui pour la toute première fois présente et sponsorise un peintre de son vivant. Sans oublier le 6ème arrondissement auquel elle reste très attachée et où elle a présenté ces dernières années plusieurs fois son travail dont la dernière à l’occasion de l’exposition Décalage horaire qui réunissait cet hiver une cinquantaine d’oeuvres de nature à faire anticiper aux visiteurs l’arrivée des floraisons de printemps et de la lumière de l’été sous une abondance de gaité colorée. “Je rêve de couleurs, je rêve de lumière”, disait Vincent Van Gogh du fond de sa souffrance et de sa solitude. Maÿlis de Bascher n’est que le rêve de Van Gogh devenu réalité… C’est quand même déjà beaucoup !

Yann Boutouiller, 1er juillet 2025.

Cliquez ici pour accéder à la page Instagram de Maÿlis de Bascher.

“Poésies”. Acrylique sur toile. 150 x 120 cm. Mai 2025. (Photo Maÿlis de Bascher)

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