Jools, la nouvelle adresse du Quartier Pernety

Chez Jools à l’heure de midi avec (déjà) quelques habitués du Quartier (photo YB).

On va chez Jools ? C’est qui Jools ? C’est quoi ? La vérité, c’est qu’on ne sait pas exactement qui est Jools, mais qu’on sait que Jools est la nouvelle adresse à découvrir du Quartier Pernety. Jools avec un J comme Julien qui, avec Vanida et Fabien, a fait le pari de transformer le bar-restaurant Le Laurier de Louis Milcent en un nouveau concept bistronomique qui relève le niveau du Quartier. Jools avec un J comme jazz aussi, puisque l’équipe perpétue en ce lieu la tradition du concert du jeudi soir avec des musiciens de très grand talent comme nous avons pu le constater la semaine dernière. Jools, ça swingue et ça sonne en réalité très bien – à mi-chemin entre jewels et fools. Jools, c’est un nouveau petit bijou de Pernety où absolument personne n’est pris pour un imbécile !

Un bistrot pas chic bon genre

“Pas chic bon genre”, c’est le slogan de Jools que l’on doit à Vanida qui nous en explique la signification : “Cela veut dire que nous nous adressons à tous sans exception sans cibler aucune clientèle particulière. Nous voulons créer un endroit où les gens se sentent bien et veulent y revenir parce que c’est bon, que l’ambiance y est cool et décontractée et le cadre cosy”. En plus de totalement renouveler la carte, les nouveaux arrivés n’ont pas lésiné sur les moyens pour complètement redécorer le restaurant qui y gagne beaucoup en luminosité. L’équipe vous accueille tous les jours sauf le dimanche (et sauf le lundi cet été) de 7 heures à minuit et demi avec un service de midi entre 12 heures et 15 heures et un service du soir entre 18h45 et 22H30. Dès 7h30 du matin, il vous est loisible de vous mêler aux clientèles des hôtels du Quartier pour déguster un petit déjeuner préparé avec amour et qui dans ses versions Little Jools et Big Jools comprend de délicieux jus de fruit bio Marcel by Afterfood dont le choix a fait l’objet de tous les soins de Vanida. Jools, c’est également un coffee shop ouvert dès le matin et tout l’après midi qui propose toute un éventail de boissons chaudes et de sodas bio de la marque Leamo (Cola bio, Maté bio, concombre) ou de la marque Necence qui se flatte de concilier plaisir, naturalité et écologie. Le pari de conjuguer qualité et diversité de la clientèle a déjà été remporté puisque Jools attire non seulement les Pernétiens curieux de venir découvrir la nouvelle adresse de leur quartier mais également des parisiens de tous les arrondissements qui ont été alertés de l’ouverture d’un nouveau très bon restaurant dans le 14ème, notamment par Le Figaro (cliquez ici), Télérama (cliquez ici) ou encore le célèbre blog de Gilles Pudlowski (cliquez ici). Le bistrot pas chic bon genre fait d’ores et déjà carton plein tous les soirs en attendant la rentrée pour pouvoir compléter sa clientèle du midi. Certains amateurs traversent même Paris pour venir écouter les très talentueux musiciens de jazz qui animent le restaurant chaque jeudi soir.

Julien, Vanida et Fabien (crédit photo Gilles Pudlowski)

Une carte constamment renouvelée de plats faits maison

Mais c’est d’abord bien sûr sa carte qui reste le centre de l’attention des curieux et des clients déjà convaincus de Jools. Fabien, le chef cuisinier, est celui qui y veille tout particulièrement en bonne intelligence avec Julien et Vanida qui sont ses complices depuis maintenant presque dix ans. “Jools se situe à mi-chemin entre la brasserie et le restaurant proposant des produits un peu travaillés, simples mais efficaces et bien faits, avec des assaisonnements et des goûts qui sortent de l’ordinaire, assez souvent une pointe d’exotisme asiatique. Il y a bien sûr une grosse base de traditionnel français, mais complètement remis au goût du jour. Par exemple, la saucisse qui est l’un de nos grands classiques et qui est servie avec des patates douces, peut-être plus tard avec des lentilles vertes, est complètement faite maison. J’y travaille avec un ami charcutier traiteur dont j’ai légèrement modifié à mon goût la recette qui a été de nombreuses fois primée en concours. Je réalise chaque plat plusieurs fois pour atteindre l’objectif souhaité. Cela vaut aussi bien pour le ribs de boeuf en en variant le temps de cuisson que pour le cheesecake pour en définir la texture idéale. Et je m’applique toujours à utiliser les produits que j’utilise dans plusieurs des plats que nous proposons. Tout est fait maison (les biscuits, les crèmes, etc.) et tout est parfaitement frais puisqu’il n’y a absolument rien dans le congélateur.” La passion et la motivation de Fabien l’amène à faire évoluer sa carte tous les trois mois pour suivre le rythme des saisons en y conservant toutefois certains classiques. “Mon objectif est qu’au bout d’un an l’intégralité de la carte ait changé”, précise le chef cuisinier. De quoi mettre les papilles en éveil de tous les Pernétiens et les Quatorziens amateurs de très bonne cuisine pour un prix très très raisonnable : entrée-plat ou plat-dessert du jour à 19 euros à partir de la rentrée de septembre. Jools, pour ne pas mourir idiot !

Jools, 2 rue Pernety, 75014 Paris.

Cliquez ici pour accéder au site de Jools et ici pour sa page Instagram.

Jools en été à l’heure des Années folles (concert Jazz swing du 24 juillet 2025) (photo YB)

“Le Losserand Café”, la force tranquille du Village Pernety

Situé en face du mythique Bistrot au Métro qui revendique le titre de “cantine de quartier depuis 1934”, Le Losserand Café est devenu année après année aussi populaire auprès des habitants de Pernety Village que son vénérable vis-à-vis avec lequel il entretient d’ailleurs les plus amicales relations de voisinage. Les habitués du Quartier s’y retrouvent le matin, le midi et le soir en se mêlant avec la clientèle de passage que déversent la bouche de métro et les hôtels et bureaux situés aux alentours du croisement des rues Losserand et Pernety. Nous avons rencontré Zizou, le discret patron du bar-restaurant, pour percer le secret de ce très tranquille succès.

Une impeccable gestion de la clientèle

Si le patron donne le ton, c’est la clientèle et le personnel qui font l’âme d’un bistrot de quartier. Alors que Le Métro accueille à l’occasion à sa terrasse Mme la Première Ministre Elisabeth Borne, Le Losserand Café est quant à lui le repère matinal quasi-quotidien de Mme la Maire Carine Petit. D’aucuns ne manqueront pas d’y voir le signe d’une plus grande proximité avec les habitants. Constance et proximité sont d’ailleurs les clefs de la réussite du Losserand Café. “C’est l’ADN de notre bistrot familial”, nous dit Zizou. Cela fait en effet des années que l’équipe qu’il manage est la même en salle et derrière le bar. Un lien s’est immanquablement créé avec les habitués du lieu qui s’y sentent à l’aise pour plaisanter dans les limites du chaleureusement correct. “J’écris dans ce café et j’aime ce café avec une quasi passion non seulement pour ce que j’y observe mais également pour ce que les gens qui y travaillent me donnent, nous rapporte Marie. Tous sont merveilleux chacun à leur manière et je les aime plus que ma propre famille. Ils reconnaissent mon originalité et l’acceptent comme ils le font avec grâce avec tous leurs clients. Notre langage passe par l’humour car l’humour peut être la clef des coeurs.” “Ce qui me touche le plus, c’est la gentillesse, donc la noblesse, de toute l’équipe, renchérit Patrice. Leur théâtralité également !”. Quels meilleurs témoignages d’une impeccable gestion de la clientèle pourrait-on donner ? De fait, tout le monde (ou presque) se sent bien au Losserand Café. Sa clientèle, très diverse mais néanmoins homogène, a pu compter parmi ses plus illustres éléments Cabu et quelques autres membres de la très regrettée équipe de Charlie Hebdo se rendant chaque mardi dans les locaux du Canard Enchaîné. Les gens qui se croisent au café finissent par se reconnaitre et à taper naturellement la discute autour des sujets d’actualités ou des évènement sportifs diffusés sur les six écrans de télévision disséminés dans le bar. Le tout dans le respect mutuel et sans jamais aucune agressivité, comme Zizou se fait fort d’y veiller.

Le rendez-vous des sportifs de tout poil

Ce patron de bar d’origine kabyle est arrivé à Pernety en 1995 pour y reprendre ce qui était à l’époque un bar-PMU-Loto de quartier dont il a conservé la décoration d’origine les premières années avant de décider de réaliser une première série de travaux en 2003. Le Losserand Café a fait à nouveau peau neuve après la Coupe du Monde de 2018, victorieuse pour la France. Son aspect actuel est celui d’une brasserie traditionnelle française où se retrouvent les gens de toutes origines : ceux qui vivent et travaillent dans le Quartier bien sûr, mais également de très nombreux touristes qui sont souvent les clients des hôtels alentour. Zizou a identifié plusieurs tranches de clientèle : les habitués du matin qui viennent boire leur café avant de se rendre au travail, les touristes du matin adeptes de la formule petit-déjeuner, ceux qui travaillent dans les bureaux alentour qui viennent pour déjeuner, ceux qui travaillent à distance sur leur ordinateur dans l’après-midi à proximité des lecteurs de livres et des joueurs de scrabble, et les amateurs de sports de la soirée. Le sport est, avec la bonne convivialité et le couscous du vendredi, la spécialité du Losserand Café. Zizou diffuse toutes les disciplines sportives et passe tous les matchs sans exception dans son grand espace de 120 m2 où il y a place pour plus de quarante tables. Et ça marche du tonnerre car la clientèle du Quartier répond présent, comme nous avons pu le constater dimanche dernier lors de la diffusion de deux matchs de la dernière journée de Ligue 1 ! Ce soir là, le Paris Saint-Germain a fait match nul (1-1) avec l’AS Monaco et l’OGC Nice a concédé une large défaite (0-3) sur son terrain face à l’Olympique de Marseille. De quoi réjouir le patron de bar car, même s’il se veut résolument éclectique et non-chauvin, Zizou a une préférence pour le football et un gros faible pour l’OM qu’il ne revendique toutefois jamais par respect pour les supporters des autres clubs de football français dont bien sûr ceux du PSG. Ce secret de polichinelle s’est pourtant suffisamment ébruité pour que le haut management de l’OM, dont le propriétaire Frank Mc Court et l’ancien président Jacques-Henry Eyraud, se pique l’année dernière d’un déplacement au Losserand Café pour assister à un match télévisé… Mais Zizou, qui n’est pas du tout un Ultra, tient absolument à continuer à afficher une neutralité footballistique de bon aloi. Il vous attend avec toute son équipe en ce mois de septembre 2022 pour vous faire passer la meilleure des rentrées !

Cliquez ici pour lire le poème que Basile, philosophe naïf et grand habitué du bar, a consacré à Madame Farida, la maman de Zizou (et Nayma).

David Rathgeber veut mettre le 14ème dans son Assiette

Alors que les échafaudages du 181 de la rue du Château viennent tout juste d’être retirés, David Rathgeber, le chef et patron du restaurant L’Assiette s’active déjà en Arrière-Cuisine pour préparer l’après-Covid. Il nous a reçus dans sa toute pimpante épicerie fine – cave à manger qui jouxte depuis maintenant quelques mois le célèbre restaurant du 14ème arrondissement pour envisager la sortie de crise sanitaire. Au menu : démocratisation de la clientèle et souvenirs de voyages – mais toujours pas de feuilles à sucer !

Casser l’image « gauche caviar » de L’Assiette

On ne vient en effet pas à L’Assiette pour y sucer des feuilles mais pour y apprécier le meilleur de la cuisine française traditionnelle restée chère au chef étoilé auvergnat David Rathgeber. Pas question pour ce spécialiste du gibier de changer son fusil d’épaule : il continuera dans le cadre intemporel de L’Assiette à revisiter les grands classiques de la gastronomie hexagonale qui ont fait le succès du restaurant depuis aujourd’hui treize ans. Pot-au-feu, pieds paquets, chou farci, cassoulet, escargots, tête de veau ravigote, la liste est longue des plats traditionnels dont il est passé maitre dans l’art de « détourner la recette » et qu’il réinterprète à sa façon sans les dénaturer. Le souci de David Rathgeber est bien plutôt aujourd’hui d’élargir l’accès du célèbre restaurant de la rue du Château en captant une clientèle locale en sus de la clientèle nationale et internationale qu’il a déjà pu conquérir par le passé sous l’égide des plus grands chefs dont le multi-étoilé Alain Ducasse. « Je souhaite absolument me rapprocher des gens du 14ème parce que je me suis rendu compte que je n’ai pour l’instant que très peu de clientèle dans cet arrondissement resté populaire, nous dit David. J’ai d’ailleurs constaté que le 14ème était un arrondissement un peu à part avec de véritables frontières virtuelles. Les gens du Quartier Pernety restent à Pernety et l’avenue du Maine est une vraie frontière pour ceux qui habitent près de la Mairie ». David admet certes volontiers que lorsque qu’il a pris la succession de Lulu Rousseau en 2008, le restaurant était un repère pour ceux qui disposaient de certains moyens. Et l’on continue encore aujourd’hui à lui demander s’il est possible de s’asseoir à la table qu’occupait en son temps François Mitterrand. Mais les mitterrandôlatres ne font pas une clientèle et David ne tient pas à vivre éternellement sur cette image « gauche caviar » qu’il souhaiterait aujourd’hui casser. « L’Assiette reste encore une enseigne qui fait peur dans le 14ème alors même que j’ai essayé de la démocratiser au maximum en proposant un menu déjeuner entrée-plat ou plat-dessert à 23 euros. Mon objectif aujourd’hui est vraiment de faire venir les gens du 14ème chez moi », martèle David qui assure qu’on peut très très bien manger à L’Assiette pour 50 ou 60 euros par personne.

L’équipe de « L’Arrière Cuisine » au grand complet et masquée

Recueil de voyages

L’Arrière-Cuisine, l’épicerie fine – cave à manger qui jouxte désormais le restaurant, pourrait également utilement servir de trait d’union ou de sas d’entrée pour le restaurant en réussissant à fédérer une clientèle locale par delà les « frontières virtuelles » de l’arrondissement. « En achetant ce local un mois avant le début du premier confinement, j’avais en tête d’en faire un shop corner – épicerie – coffee shop. Et alors que L’Assiette est un lieu de destination où l’on vient manger la cuisine française traditionnelle dont je me suis fait la spécialité, ce nouveau local a lui vocation à être une sorte de recueil de mes voyages à l’étranger », nous précise le chef-cuisinier. Car depuis qu’il voyage pour le compte d’Alain Ducasse ou dans le cadre de ses activités de conseil, David se munit toujours d’un petit calepin sur lequel il note précieusement les recettes des plats locaux qu’il apprend sur place. L’arrière-Cuisine est à la fois le point d’aboutissement de ces influences diverses et variées et le point de départ du développement d’une nouvelle gamme street-food par définition plus accessible en terme de prix. L’endroit dont David s’est attaché à développer la convivialité se destine à être un vrai lieu de vie où l’on peut venir du matin au soir et pour lequel le chef n’entend respecter ni règle ni frontière : « On peut y déguster aussi bien un burger du bougnat qu’un bao de canard ou qu’une pita de volaille en passant par la charcuterie, un jus de légumes ou un simple cappuccino avec un petit cake ou une madeleine l’après-midi, nous précise-t-il (cliquer ici). En rajoutant cette nouvelle corde à son arc, David a pris le pari d’attirer une nouvelle clientèle plus implantée localement et visiblement cela fonctionne bien : « Depuis que j’ai ouvert l’Arrière Cuisine, c’est comme si j’avais changé d’arrondissement, constate-il. C’est assez impressionnant ! ». Celui qui se définit comme un « aubergiste contemporain » n’a pourtant pas fini de se réinventer puisqu’il n’hésite pas à se transformer également en épicier urbain en proposant aux clients de L’arrière Cuisine une première liste de produits sélectionnés par ses soins (cliquer ici). Sa boulimie entrepreneuriale n’a pas de limites et même s’il se soucie à l’heure actuelle de consolider ses derniers investissements, David n’exclut pas de racheter d’ici deux ans une autre affaire pour continuer à faire vivre son arrondissement parisien d’adoption. Jamais en reste d’idées pour l’animer, il pousse actuellement très fort dans son association de quartier pour qu’on célèbre dignement la sortie de crise sanitaire en organisant un formidable et libérateur banquet qui se tiendrait rue du Château de l’avenue du Maine jusqu’à la place Moro-Giafferi. Ils sont fous, ces bougnats !

Cliquer ici pour accéder au site internet de L’Assiette.

Le Vaudésir, la force de la tradition des bistrots parisiens

Christophe Hantz, patron du Vaudésir

Dans le quatorzième arrondissement de Paris en voie de boboïsation croissante subsistent encore quelques îlots de bonne tradition française, de celle qu’il faut absolument préserver quitte à employer les grands moyens comme par exemple le classement au patrimoine immatériel de l’Unesco. Christophe Hantz, le patron du Vaudésir situé au 41 rue Dareau, collectionne depuis des années les reportages télé, les articles de presse et les références dans les guides comme autant de trophées qui attestent de l’excellence de la formule traditionnelle du bistrot parisien qu’il a choisit de faire vivre et de perpétuer. Le Vaudésir, tout le monde en parle, alors nous aussi !

Un patron qui n’a pas pris le melon

La vérité, c’est que nous avons été bien agréablement surpris à Pernety 14 lorsqu’à l’occasion de la publication d’un article de notre site sur la page Facebook du groupe Paris 14ème, nous avons reçu un message de Christophe Hantz nous invitant à faire sa connaissance. Ni une ni deux, nous nous sommes précipités dès le lendemain au Vaudésir pour rencontrer celui qui, comme en témoigne son site internet, a déjà reçu par le passé dans son bistrot la visite de nombreux journalistes (L’Auvergnat de ParisTF1France 3France 5Paris Première, etc.). Du Quartier Pernety à la rue Dareau, il y a un gros quart d’heure de marche que nous effectuons de bon matin dans le froid de l’hiver : rue Didot, rue d’Alésia, avenue du Général Leclerc, rue Rémy Dumoncel et nous voilà arrivés rue Dareau, une rue à l’aspect désertique soudainement illuminée, passé le pont du RER B, par la devanture du Vaudésir. Nous poussons la porte trop contents de trouver refuge dans un endroit chauffé. Comme à son habitude, Christophe est assis près de la cuisine pour sa séance quotidienne d’épluchage de pommes de terre. Voilà bien le signe qu’il n’a pas pris le melon et qu’il n’y a pas besoin d’être une grosse légume des médias pour engager la conversation ! Rassurés, nous commandons un café au comptoir (café bio Massaya à un euro). Entre deux clients, Christophe nous explique qu’il y a aujourd’hui une vingtaine d’années qu’il a repris cette affaire sur un coup de cœur au retour d’un séjour de trois ans en Afrique qui lui a permis de prendre du recul par rapport à ses études de droit international et surtout d’acquérir le goût du contact humain. Au Vaudésir, on refait le monde au comptoir en épluchant un œuf dur plutôt que pondre des commentaires d’arrêt et c’est sans doute tout aussi bien. Et fort de ses différentes expériences, l’ancien juriste sait s’adapter à tous ses clients « dont certains sont de gros intellos », nous précise Christophe qui n’a de cesse de faire régner la simplicité, la convivialité et l’ordre de la vraie gentillesse dans son bar-restaurant.

Comptoir refait à l’identique de celui de 1912

Musique, belote, mâchons et traditions

Justement la porte s’ouvre et Christophe nous présente le nouvel arrivant, un artiste dessinateur du 14ème arrondissement avec lequel nous engageons immédiatement la conversation. Il n’y a pas vraiment d’anonymat au Vaudésir car le patron en connait tous les habitués dont la plupart sont du quartier : « Ce sont les gens des bureaux autour à midi et également des voisins, des retraités, les mamans le mercredi avec leurs enfants, un petit peu de tout en fait », nous indique-t-il. L’ambiance chaleureuse et familiale, éloignée de toute fausse sophistication, nous incite à nous attarder au comptoir en examinant le décor du bistrot dont le propriétaire assume complètement le style un peu vieillot qui fait tout le charme du lieu. « Le café est à cette adresse depuis 1883 et a toujours été « café, bois, charbon, vins » de patron en patron sans aucune interruption », précise Christophe. C’est en fait un incroyable décor XIXème siècle avec rajouts successifs et dans son jus. La glacière a été reconditionnée en frigo dans les années 50 et le comptoir a été refait à l’identique de celui qui a été confisqué pendant l’occupation, un modèle original datant de 1912. Le plafond un peu jauni de la salle principale porte les stigmates de l’époque où l’on pouvait encore y fumer. La colonne qui le soutient est ornée d’un angelot entouré de grappes de raisin. Sur le mur qui fait face au comptoir sont accrochées deux ardoises sur lesquelles figurent le plat unique du jour (à 8,20 euros !) et le choix des entrées, des fromages et des desserts ainsi que les prix pratiqués, tous très concurrentiels. A cause du relatif isolement de son bistrot, Christophe est condamné à rester compétitif et la recette marche très bien puisque son établissement ne désemplit pas à midi. A tel point que l’on doit nécessairement réserver si l’on veut obtenir l’une des quarante places disponibles pour le déjeuner. Le bureau de Pernety 14 ne raterait pour rien au monde le paleron de bœuf braisé qui est le plat de ce lundi de janvier préparé comme tous les jours par Michèle, la cuisinière. Et comme chez nous on aime savoir de quoi l’on parle, deux couverts sont réservés pour midi. Verdict d’après déjeuner : très très bon ! Un service à la bonne franquette vient couronner la qualité des plats qui sont tous faits maison. Côté boissons, pas de soucis à se faire : Christophe a remporté en 2017 la Coupe du Meilleur Pot, un prix décerné par l’Académie Rabelais qui récompense chaque année un bistrot pour la qualité d’ensemble des vins français que l’on peut y boire. Le patron entretient volontiers la bonne convivialité qui préside au repas en organisant les mardis matin des mâchons et à l’occasion un concours de belote qui permet aux heureux gagnants de remporter un jambon d’Auvergne. Cela sans compter la Fête de la Musique qui voit rappliquer les musiciens de l’IMEP, l’école de jazz de la rue Emile Dubois et bien d’autres manifestations festives encore. Pour que vivent le quartier et la tradition des bistrots parisiens qui a encore de beaux jours devant elle, qu’elle soit ou non inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco !

Cliquez ici pour accéder au site internet du Vaudésir et ici pour accéder à sa page Facebook.

« L’Osmoz », le Café Arty Show qui a du coeur

Smail aux commandes de « L’Osmoz Café »

Des artichauts en guise d’appâts pour les Bretons de passage, des spectacles comiques le mardi, des concerts de jazz le vendredi, des expositions temporaires de peinture, des récitals de poésie, des soirées américaines par ci, des soirées bretonnes par là, Smail Ait Saadi regorge d’idées pour faire vivre et animer L’Osmoz Café, le bar-restaurant situé au 33 rue de l’Ouest dans le 14ème arrondissement de Paris. Ce très sympathique et dynamique patron de bar a su fidéliser une clientèle de quartier en conjuguant ouverture d’esprit et sociabilité au quotidien.

Le patron donne le ton

Voilà enfin un patron de bar qui sait marier commerce et convivialité et pour qui solidarité n’est pas un vain mot ! Smail, qui est d’origine kabyle et qui est arrivé en France à l’âge de 23 ans, s’inscrit en cela sur les traces de son père, un enseignant qui en plus de mener de nombreuses actions bénévoles donnait des cours gratuits aux élèves en difficultés après la classe. La tradition familiale dont il a hérité et les valeurs qui s’y rattachent expliquent sans doute pourquoi Smail détonne un peu dans l’univers impitoyable des bistrotiers. Il se démarque en prenant des risques et en osant la différence. Pour preuve, l’artichaut breton qu’il propose à ses clients. Au départ, une idée toute simple : « La dernière fois que je suis allé en Bretagne, on m’a proposé ça en hors-d’œuvre, et je me suis dit : « Pourquoi je ne ferais pas ça dans mon restaurant ? ». Le succès est immédiat et ne se dément pas. Pas tant parce que c’est un vrai plat de pauvres comme dit Coluche (« le seul plat que quand t’as fini de manger, t’en as plus dans ton assiette que quand t’as commencé »), mais parce que « ça plait et ça fait plaisir aux clients », constate Smail. Sur sa carte figure également bien évidemment en bonne place le couscous (« C’est ma culture », nous dit Smail) et toutes sortes d’autres plats d’origines diverses et variées (français, italiens, etc.) : « C’est ce qui fait le bonheur des gens, ils aiment bien trouver un peu de tout », croit-il avoir remarqué. Cette année, la nouvelle carte de l’établissement propose un plus grand choix de vins : les différentes régions viticoles françaises (Bourgogne, Bordeaux, Pays de Loire, etc..) y sont représentées ainsi que plusieurs pays étrangers. S’ajoutent à cela quelques nouveaux plats (steak de thon, tartare de bœuf, salade au saumon, etc.). Smail ne s’en cache pas, il est « heureux comme un roi en France » aux commandes de « L’Osmoz Café ». Il est arrivé à Paris en 2003 après des études d’hôtellerie effectuées en Tunisie : « J’ai travaillé un peu partout comme cuisinier. J’ai fait Ladurée aux Champs-Elysées, j’ai fait Le Louvre, Le Méridien, les grands hôtels, etc.  J’ai également travaillé comme serveur dans des cafés, des boites de nuit et des cafés-concert. Et puis je me suis décidé à m’installer à mon compte pour faire quelque chose de plus personnel et mettre à profit mon bon contact avec les gens ». Car Smail a conscience d’avoir un don pour le contact humain : « J’ai une cote avec tout le monde », nous assure-t-il crânement. Il faut dire qu’il ne ménage pas sa peine pour attirer et divertir sa clientèle.

Ines, derrière le bar

Le pari de la culture et de la bonne humeur

Car s’il aime les gens, Smail est également un amoureux de la culture française : « J’adore tout ce qui est culture, littérature et poésie. En plus le Quartier Montparnasse a une très forte identité culturelle et artistique. Les touristes viennent des Etats-Unis et d’ailleurs pour voir ça ». C’est son père enseignant qui lui a injecté le virus pendant son enfance kabyle. Et Smail a bien conscience que Paris est une capitale culturelle mondiale courue par tous les artistes en quête de reconnaissance internationale. Paris fait rêver tout le monde, son petit bistrot parisien également : « Il y a un savoir vivre parisien. Quand à l’étranger je dis que je viens de Paris et que j’y tiens un bistrot, les gens sont émerveillés. Paris c’est romantique et la capitale française continue de fasciner. Boire l’apéro sur une terrasse parisienne, ça fait rêver ! », témoigne Smail. Surfant sur cette image de capitale culturelle, le dynamique patron de bar n’a de cesse d’organiser des animations dans son établissement. Des expositions temporaires de peinture s’y succèdent tous les mois ou presque : « Les artistes de Paris et d’ailleurs viennent eux-mêmes me voir pour me proposer d’exposer. Le bouche à oreille joue à plein, exactement de la même façon que pour les musiciens qui viennent se produire dans mon bar. Je reçois chaque jour trois ou quatre emails. C’est moi qui fais mon choix ». Chaque mardi soir à partir de ce mois de septembre ce sont de jeunes acteurs comiques auxquels Smail veut donner leur chance qui viendront se produire à L’Osmoz Café dans le cadre d’une scène ouverte. Les vendredis soir sont quant à eux consacrés aux concerts de jazz qui attirent de nombreux habitués de l’endroit. La cerise sur l’artichaut, ce sont les Nuits d’Abîmes de l’Osmoz Café. Rémy-Pierre Pêtre, dit le Grand Rémi, est à la manœuvre pour organiser des escales de poésie ou des évènements conçus autour d’écrivains célèbres qui font intervenir des acteurs professionnels aussi bien que des complets amateurs. L’été dernier, Jean-Jacques le Vessier déclamait des vers de Robert Desnos. Il se produira à nouveau très bientôt pour célébrer et faire découvrir ou redécouvrir le génie d’Apollinaire. Et ce troisième jeudi de novembre sera organisé un second évènement autour de Boris Vian qui coïncidera avec la fête du Beaujolais Nouveau. « Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous ! ». Avec Smail, Beaudelaire prêche un convaincu : vin, poésie et vertu, il n’a pas choisi !

Concerts 2024

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