Chantal Grimm célèbre les belles rebelles du Moyen-Age et de la Renaissance

Chantal Grimm en concert (photo J. Amiel)

Les fées marraines qui se sont penchées sur le berceau de Chantal Grimm étaient-elles les belles rebelles du Moyen-Age et de la Renaissance dont elle réinterprète aujourd’hui les chansons et la poésie ? L’auteure-compositrice-interprète, très active dans le 14ème arrondissement de Paris au travers de ses activités associatives, a l’honnêteté de ne pas cacher qu’elle a été gâtée par la nature et dotée de multiples dons à l’origine d’une oeuvre foisonnante dont nous serions bien en peine de faire le tour. Rencontre au Château Ouvrier à l’issue d’un atelier d’écriture de nouvelles.

Artiste et historienne de la chanson

Chantal Grimm est une chanteuse à texte qui perpétue cette belle tradition française dont un des plus illustres représentants a également vécu dans le 14ème arrondissement de Paris. Toute féministe militante qu’elle soit, c’est bien le nom de Brassens qu’elle prononce en premier (avant celui de Brel et de Barbara) pour rattacher son oeuvre à celles de ses prédécesseurs. L’auteure-compositrice-interprète a elle-aussi pu bénéficier d’un éclairage médiatique à la fin des années 70 et au début des années 80 bien qu’elle ait, par timidité, longtemps hésité à frapper à la porte du métier qui correspond à sa vocation profonde. Elle se fait connaître comme artiste en organisant en 1976 le festival Chansons de femmes au théâtre Mouffetard à Paris et connait un beau succès à la radio avec son premier disque Variations en femmes majeures édité au Chant du Monde en 1978 et dont le titre Le Piano cassé est programmé par de nombreuses stations. Mais les chansons de la vague folk de la fin des années 70 dans laquelle elle s’inscrit ne pèseront pas lourd face à la déferlante hard rock dans les choix des programmateurs des radios les plus commerciales de l’époque. “Il faut bien reconnaître que ce métier est complètement asservi à des modes de plus en plus nombreuses et rapides qui nous viennent d’outre-atlantique et qui se mélangent plus ou moins bien à notre tradition”, constate Chantal. “A part quelques-uns qui, comme Anne Sylvestre, avaient suffisamment travaillé, les chanteurs à textes ont tous été balayés en 1982 peu après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, malgré les très méritoires efforts de Jack Lang pour soutenir les groupes qui pratiquaient l’activisme chanson dont le Printemps de Bourges et le Hall de La Chanson sont les héritiers”. Mais l’artiste a fort heureusement bien plus d’une corde à son arc. Elle s’est depuis bien longtemps intéressée à l’histoire et à l’esthétique de la chanson et a déjà sorti en 1972 avec deux amis un véritable dictionnaire de la chanson française intitulé Cent ans de chanson française. Forte de ce travail et de son succès artistique qui a duré environ cinq ans, elle a été invitée pendant des années à promouvoir la langue française dans le cadre de tournées à l’étranger organisées par l’Institut français et pendant lesquelles elle a alterné missions d’enseignement et activités artistiques. Et, si elle a depuis entamé une seconde carrière de chanteuse pour enfants, elle n’en continue pas moins à se produire ponctuellement lors de concerts et à sortir de nouveaux opus. Pour preuves : Mes lunes, un nouvel album de seize titres inédits sorti en février 2020, et également la quatrième réédition de Ballades des belles rebelles qui met en musique celles qu’elle considère comme ses vraies marraines en chant et en poésie tout droit sorties du Moyen-Age et de la Renaissance et répondant aux doux noms de Christine de Pisan, Marguerite de Navarre, Louise Labé, Pernette du Guillet, Marie Stuart, Madeleine de l’Aubespine, Madeleine des Roches, Marie de Brabant, Marie de Romieu ou encore Anne des Marquets.

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Fondatrice de l’association des Ecrivants Chanteurs

Presque vingt ans d’activités associatives dans le Quartier Pernety ont également fait de Chantal Grimm un personnage incontournable du 14ème arrondissement de Paris. Elle s’est définitivement installée dans notre Quartier en tant qu’animatrice en fondant en 2005 l’association des Ecrivants Chanteurs qui propose des stages de professionnalisation pour les chanteurs amateurs, des ateliers d’écriture et des cabarets-chansons. Chantal est ravie de mettre à profit un autre de ses dons qui lui est très cher et pour lequel elle a même été sollicitée par la Sorbonne : faire écrire les autres. S’agissant tout particulièrement de la chanson, elle se flatte d’avoir inventé une méthode qui fournit certaines clés pour mettre ses propres mots en musique : “Il y a beaucoup de gens qui ont le pouvoir d’écrire poétiquement et qui ont également une sensibilité musicale à l’audition, mais qui n’ont pas le pouvoir de créer des musiques”, fait-elle très justement observer. Chantal organise tous les mois au Château Ouvrier un atelier chanson qui est, depuis la pandémie, beaucoup plus vivant en distanciel qu’en présentiel. “On a réussi à faire chanter les gens par le moyen de téléphones portables qui sont aujourd’hui d’une telle qualité qu’on pouvait réellement croire qu’il s’agissait d’enregistrements studio quand on en a fait des disques. C’est sans doute le seul atelier qui existe aujourd’hui de cette manière, précise l’auteure-compositrice-interprète en me tendant deux CD édités par l’association qui témoignent du travail de très grande qualité des participants. “Forts de notre abondante production, nous avons également monté des spectacles à L’Atelier du Verbe du 17 rue Gassendi, ajoute-elle. Et nous avons eu la surprise de constater que des gens complètement inconnus qui font de la chanson à texte pouvaient remplir une salle. Nous envisageons même d’utiliser un nouvel endroit pour nous produire rue du Couédic dans l’atelier de sculpture d’une de nos stagiaires qu’elle va transformer en salle de spectacle pour notre usage.” A côté de l’atelier chanson, l’artiste-enseignante anime également au Château Ouvrier des ateliers hebdomadaires d’écriture de nouvelles d’un niveau plutôt exigeant et qui ont également été l’occasion de la parution de deux livres écrits par ses élèves intitulés Contes et Nouvelles au Château Ouvrier (parus en 2017 et 2021 aux éditions Unicité). Pas étonnant qu’avec un tel bilan, l’association des Ecrivants Chanteurs déborde du cadre du seul 14ème arrondissement où elle a son siège : “Les deux tiers des participants à mes ateliers viennent d’ailleurs, nous précise Chantal. Certains du Midi de la France, d’autres de Bourgogne ou même de Belgique.” Puissent les Ecrivants Chanteurs rayonner aussi loin et longtemps que les belles rebelles du Moyen-Age et de la Renaissance !

Cliquez ici pour accéder au site de Chantal Grimm et découvrir le panorama de ses multiples talents et activités. Cliquez ici pour accéder au site des Ecrivants Chanteurs.

Les Ecrivants Chanteurs en concert dans le 14ème au Jazz Café Montparnasse

One thought on “Chantal Grimm célèbre les belles rebelles du Moyen-Age et de la Renaissance”

  1. Merci Yann pour ce portrait attachant résumé avec votre belle écriture
    J’aime beaucoup la vidéo chanteuse, musiciens et la chorale

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