
“De quoi je suis fait ? Qu’est-ce qui a laissé une empreinte sur moi ? Qu’est-ce qui a participé à me construire ?”. Bien qu’elle se défende de pratiquer l’art-thérapie, l’association Personimages, qui a son siège dans le 14ème arrondissement, n’a pas hésité à emprunter à la psychologie des profondeurs pour questionner le thème (“Les patrimoines”, abordé au plan de l’intime) de l’exposition qu’elle propose depuis le 10 janvier jusqu’au 5 mars 2025 à la bibliothèque André Malraux du 112 rue de Rennes à Paris 6ème. Catherine Toulemonde, sa présidente, a bien voulu nous accorder un entretien le 7 février dernier, jour du vernissage de l’exposition.
“Dépasser son handicap par l’expression artistique”
C’est, entre autres, à son siège du 91 de la rue Vercingétorix que l’association Personimages accueille depuis des années, dans le cadre d’ateliers animés par des artistes professionnels, des personnes handicapées en leur permettant d’exprimer leur sensibilité et de déployer leurs talents artistiques. En attendant de fêter l’année prochaine son 50ième anniversaire, Personimages continue vaillamment son petit bonhomme de chemin en organisant régulièrement, grâce à son fonds pictural constitué de plus de 800 œuvres réalisées par ses plus de 10.000 adhérents passés ou présents, des expositions qui peuvent aussi bien avoir lieu dans des bibliothèques municipales, comme il y a tout juste un an à la bibliothèque Benoîte Groult de la rue du Commandant Mouchotte (nous y étions !), que sur les grilles du square Ferdinand Brunot en face de la Mairie du 14ème, ou encore dans les locaux d’autres acteurs institutionnels du secteur médico-social. Pour mieux connaitre l’association Personimages, rien ne vaut un détour sur son site internet dédié (cliquer ici) qui est très complet et agrémenté d’instructifs articles de presse. Nos amis de Figures du 14ème ont également consacré il y a quelques mois à sa présidente Catherine Toulemonde un fort intéressant et pédagogique reportage (cliquez ici). La structure associative active à Paris et à Versailles a été créée en 1976 par Denise Merle d’Aubigné qui a eu cette idée visionnaire pour l’époque d’ouvrir la création artistique aux personnes en situation de handicap. Elle leur offre, à travers l’art, l’occasion de s’exprimer, de communiquer leur différence et leur richesse intérieure, ce que parfois elles ne peuvent transmettre par les mots. “Dépasser son handicap par l’expression artistique”, tel est le slogan et le crédo de l’association, qui peut se décliner dans des domaines aussi variés que le dessin et la peinture, la danse, le théâtre, le chant, la musique, la mosaïque et le modelage et bien d’autres disciplines encore.

De quoi sommes-nous fait ?
La dernière exposition de Personimages s’inscrit dans le cadre du thème “Les patrimoines”, abordé au plan de l’intime. Le catalogue en explicite le sens en posant quelques questions un peu plus concrètes : De quoi je suis fait ? Qu’est-ce qui a laissé une empreinte sur moi ? Qu’est-ce qui a participé à me construire ? Quelques pistes sont avancées : la maison et son environnement, ce qu’elle abrite, ce qu’on y fait ; la famille, nucléaire et élargie ; l’intériorité des individus et ses résonnances. Une trentaine de tableaux réalisés par différents participants/adhérents et dans des techniques différentes dévoilent des “intérieurs” à découvrir, comme des traversées de l’individuel, de l’intime, de ce qui relève de la transmission et de la construction de soi, tout un monde inédit pour autrui et qui demeure aussi souvent secret à soi-même. “Notre fonds pictural contient beaucoup d’oeuvres où nos adhérents représentent leur famille, leur maison ou bien ce qu’ils ont vécu, nous précise Catherine Toulemonde. Certains tableaux sont plus abstraits mais ce sont véritablement les adhérents qui amènent les thèmes dans les ateliers. Les artistes qui animent ces ateliers ne sont là que pour les aider à s’exprimer en leur proposant des outils d’expression qu’ils s’approprient en fonction de leurs capacités. Notre démarche n’est en rien directive et se distingue en cela de l’art-thérapie qui est par nature plus protocolaire”. Une totale liberté de création qui permet de dépasser son handicap par l’expression artistique, même si le dévoilement du soi intime qu’elle permet peut aussi fournir des clefs pour mieux comprendre ce que les mots ne peuvent pas toujours exprimer.