Après son mémorable score à l’élection présidentielle de 2022, beaucoup lui ont déjà taillé un costard, mais la pièce se faisait un peu attendre… Il a fallu qu’Attilio Maggiulli, le fondateur et directeur de la Comédie italienne, se fâche tout rouge à l’occasion du dernier coup dur qui a frappé son petit théâtre situé rue de la Gaité dans le 14ème arrondissement de Paris, pour que justice soit enfin rendue à Madame la Maire de Paris Anne Hidalgo qui sera dès début octobre prochain enfin à l’affiche dans la pièce intitulée Anne Hidalgo, reine des Bobos ! créée par le tempétueux homme de théâtre. Il nous a reçu dans son joli petit théâtre trois semaines avant la première de ce qui ne manquera pas d’être le succès de la rentrée pour les Quatorziens et tous les Parisiens amateurs de satire politique.
La démolition d’une jolie façade rococo bleu cyan et or
Cela fait des années que le théâtre de la Comédie italienne connait de graves difficultés financières consécutives à la disparition progressive des subventions qu’il recevait du ministère de la Culture, de la région Île-de-France, puis de la Ville de Paris. Evidemment, cela finit par taper un peu sur les nerfs… Gare à ceux qui se risquent à contrarier Attilio Maggiulli, le directeur du seul théâtre italien en France dédié, depuis 1974, à la commedia dell’arte ! L’enquiquineuse du moment est la société immobilière qui gère le syndic de copropriété de l’immeuble abritant le théâtre. Suite à une banale demande de ravalement, elle lui impose de démolir une partie de sa jolie façade qui existe depuis 1993 (primée en 1995 par Jacques Chirac alors Maire de Paris) au motif que les travaux de son installation auraient été réalisés sans autorisation préalable, ce que conteste l’homme de théâtre qui prétend avoir bénéficié d’un accord oral de la propriétaire de l’époque à son entrée dans les lieux. Et la Mairie de Paris cautionne cette démolition en ordonnant que la partie du premier étage décorée et louée par le théâtre revienne à son état d’origine. “Bien que la Mairie de Paris ait choisi notre façade pour illustrer La rue des Théâtres sur le site officiel de l’office du tourisme de Paris et ce depuis des années, elle a donné son accord pour sa destruction”, déplore Attilio. “Comment ne pas voir dans cette décision une volonté de nuire à notre professionnalisme en nous privant de sa visibilité ?, poursuit-il sur le site internet de la Comédie italienne. Les Théâtres de la rue sont indignés ainsi que les Associations de spectateurs et plusieurs artistes de premier plan qui suivent depuis longtemps notre travail avec amitié et bienveillance.” Une pétition circule d’ailleurs (cliquez ici pour la signer), qui a en effet déjà réuni presque 25.000 signatures dont certaines sont des plus prestigieuses. De nombreux Quatorziens se sont de fait émus de cette démolition forcée et pas seulement au sein du conseil de quartier Montparnasse-Raspail qui est le conseil de quartier concerné par la rue de la Gaité. Pour enfoncer le couteau dans la plaie, le metteur en scène napolitain a beau jeu de rappeler que la rue des théâtres constitue un îlot culturel protégé en raison de la classification comme monuments historiques des tous proches Théâtre du Montparnasse et Théâtre de la Gaité. Même les membres du Comité d’Animation du Conseil de Quartier Pernety voisin se sont saisis de l’affaire en sollicitant l’avis éclairé (?) de l’élu de la Mairie du 14ème qui est l’élu référent du Quartier Montparnasse-Raspail. Ils n’ont à ce jour reçu aucune réponse à leur demande collective.
“Un pamphlet sur et non contre Hidalgo”
Mais depuis fort longtemps déjà, la Mairie de Paris ne répond plus de rien. Comment pourrait-il en être autrement avec le fantasque Attilio Maggiulli ? “Hidalgo détruit un théâtre…”, “Touche pas Arlequin !”, “Ah Hidalgo ! Saccager un Théâtre dans la rue des Théâtres : il fallait le faire !, Ce n’est pas un crime, c’est une faute…”, dénoncent pêle-mêle les affiches actuellement placardées sur la façade du théâtre du 19 rue de la Gaité. “Elle se fout de tout !, mais bientôt la pièce”, peut-on également lire au-dessus d’une photo de Madame la Maire de Paris. Il fallait en effet nécessairement un exutoire à la rancoeur du metteur en scène formé à Turin par le grand Giorgio Strehler, qui soit à la hauteur de son talent. Alors il a écrit une pièce libératrice pour lui-même et dévastatrice pour mesdames Hidalgo et Petit qu’il tient pour responsables de ses déboires actuels. “Pendant longtemps, nous avons monté des pièces qui n’allaient pas dans la direction qui convenait à la municipalité en place, nous affirme Attilio. Et c’est pourquoi on nous embête avec cette histoire de façade. La Mairie du 14ème, qui souhaiterait visiblement nous voir disparaître puisque qu’elle omet depuis au moins dix ans de mentionner dans son guide la Comédie italienne sur la liste des théâtres de la rue de la Gaité, est plus que ravie de l’aubaine… La seule façon pour Harlequin de se venger de ces vilénies était de créer un pamphlet sur Hidalgo”. C’est désormais chose faite ! “C’est un pamphlet sur et non contre Hidalgo”, nous précise l’homme de théâtre. Car nous ne sommes nullement contre cette dame mais contre ses agissements et les idées farfelues et complètement anachroniques qu’elle peut défendre et qui touchent à la dimension historique de la ville de Paris. Lorsque l’on veut faire disparaître les fontaines Wallace, le marché aux fleurs de l’Île de la cité et les bouquinistes, c’est qu’il y a vraiment un problème. Sans parler de la saleté et de l’insécurité de plus en plus prégnantes et de l’inévitable hausse des impôts consécutive à l’accroissement considérable de la dette municipale qu’il faudra bien un jour rembourser en payant pour les bêtises de cette dame et pour les décisions absurdes qu’elle a prises qui reflètent l’incompétence – ou parfois même l’ignorance – de son équipe. Dans notre 14ème arrondissement, poursuit Attilio, on a fait disparaître la Fondation Cartier-Bresson, bientôt la Fondation Cartier pour ne voir en contrepartie apparaître que les 30.000 m3 de béton sous l’avenue du Maine sur lesquels prospèreront Darty et Leclerc, sans mentionner la menace de bétonisation qui pèse sur l’ancien hôpital de La Rochefoucauld. Nous ferons donc également dans notre pièce une place d’honneur à Madame Petit, Maire du 14ème, qui d’ailleurs nous ignore complètement alors que M. Cherki avec lequel nous entretenions de cordiales relations nous avait très généreusement fait bénéficier d’une partie de son indemnité de parlementaire”. Nous n’en saurons pas beaucoup plus sur la pièce satirique sinon qu’elle est actuellement très activement répétée avant d’être jouée à partir du début du mois prochain sur la scène de la Comédie italienne. On espère quand même qu’elle ne fera pas trop bobo !
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´j’aime beaucoup cette façade mais j’aimerais savoir si elle date des années 1930, comme indiqué sur les murs, ou de 1993, comme vous l’écrivez… Dire qu’on a eu un accord oral est une parole d’artiste…