Pascal Fort est connu comme le loup blanc au Moulin de la Vierge. Son action sans relâche depuis plus de trente ans au bénéfice des habitants des immeubles sociaux constituant cet ensemble résidentiel a permis d’endiguer la dégradation de leur qualité de vie. Mais peut-on indéfiniment ramer à contre-courant d’une politique du logement de la Ville de Paris qui, conjuguée aux effets délétères des lois Boutin et Duflot, a abouti à rendre invivables les immeubles sociaux accueillant les populations issues de la diversité ?
Trente ans d’action au bénéfice des résidents des immeubles sociaux du Moulin de la Vierge
Rien ne prédestinait Pascal Fort à consacrer une bonne partie de son temps libre de militaire à la vie associative de quartier. C’est un évènement survenu en 1994, soit cinq ans après son arrivée au Moulin de la Vierge, qui va en être l’élément déclencheur. Inopinément alerté de l’existence d’un racket organisé par une bande de jeunes dans le hall de son immeuble du numéro 18 de la rue du Moulin de la Vierge, il parvient à en débarrasser les résidents à l’occasion d’une courageuse intervention qui lui vaut le respect de tous. Quelques colocataires lui proposent de créer une association pour porter la voix de l’ensemble des résidents de l’immeuble et faciliter le dialogue avec les autorités. Cette structure associative va leur permettre de considérablement améliorer leur sort commun et faire boule de neige dans les immeubles sociaux voisins dont les occupants sont confrontés aux mêmes problèmes de racket et de trafic de drogue. “A ce moment-là, j’ai commencé à prendre la mesure du problème, se rappelle Pascal Fort qui dépose en juin 1994 les statuts de l’Association du Comité des Résidents de Plaisance Pernety (ACRPP) qui fédèrera jusqu’à 75 associations de locataires du quartier. Son investissement personnel continu en parallèle de son activité professionnelle va faire de lui un interlocuteur reconnu des différentes équipes municipales se succédant à la Mairie du 14ème arrondissement et c’est grâce à sa ténacité que va notamment être créé le Centre d’Animation Vercingétorix qui sera inauguré en 2005 par Bertrand Delanoë. Tous ces efforts pour arriver à quoi ? “Quand je fais le bilan de toutes ces années, j’ai le sentiment que la situation n’a en réalité jamais cessé de se dégrader”, se désole Pascal Faure qui pointe du doigt la Mairie de Paris et sa politique du logement qu’ont encore aggravée les lois Boutin et Duflot en aboutissant à pénaliser les classes moyennes au profit de populations issues de la diversité ayant grand peine à convenablement s’intégrer à la société française.

Eviter un nouvel Elias
“La situation dans les immeubles sociaux est devenue invivable, témoigne Pascal Fort à grand renfort d’éloquents et édifiants exemples qui concernent son immeuble du 18 rue du Moulin de la Vierge. Quand bien même notre association a été à l’origine de nombreuses avancées en matière de sécurité grâce aux très bons contacts que nous avons pu nouer par le passé avec certains élus locaux dont notamment Madame la députée Nicole Catala, la politique de la ville de Paris menée depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir en 2001 a abouti à une dégradation continue de l’habitat social dans notre arrondissement. Nous avons commencé dès 2015 à mesurer les conséquences très nocives du vote de la loi Boutin qui, en imposant le paiement d’un surloyer à tous ceux dont le revenu dépassait un certain plafond, a fait fuir les classes moyennes hors des logements sociaux qui abritent maintenant une quantité de jeunes totalement désocialisés. Il y a aujourd’hui un grand nombre de bandes de jeunes qui sont issus de la diversité et qui, livrés à eux-mêmes la nuit, sont de vrais prédateurs. Les Quatorziens qui ont tous été bouleversés par l’affaire Elias du début de l’année 2025 devraient avoir pleinement conscience que de telles affaires de racket et de violences surviennent tous les jours dans notre arrondissement. Si l’on n’en parle pas, c’est tout simplement parce qu’elles ne soldent pas toutes aussi tragiquement. Il y a chaque jour un potentiel nouvel Elias”. Nous sentons aujourd’hui Pascal Faure un peu las de se battre contre des moulins à vent, pour ne pas dire complètement désespéré par l’impuissance et la lâcheté des politiques. Puisse-t-il se tromper dans ses funestes prédictions assises sur ses constats quotidiens. Il ne suffit pas toujours d’être pessimiste pour devenir prophète.