Trois questions à Maud Gatel, députée sortante de Paris

Nos temps teintés d’antiparlementarisme nous ont presque fait oublier à quel point le métier d’élu de la nation pouvait être passionnant et utile. Maud Gatel, en campagne éclair pour sa réélection à la fonction de députée dans la 11ème circonscription de Paris, a bien voulu répondre aux trois questions que nous nous posions avant d’aller accomplir notre devoir de citoyen les dimanches 30 juin et 7 juillet 2024 prochains.

Pourquoi est-il si important de voter pour un représentant du “bloc central” à l’occasion des élections législatives à venir ?

Parce que ni le Nouveau Front Populaire ni le Rassemblement National ne représentent des alternatives crédibles et responsables pour permettre à notre pays de faire face aux nombreux défis qu’il va devoir affronter au premier rang desquels se trouvent la guerre en Ukraine, la lutte contre l’inflation, la crise climatique et la préservation de notre modèle social. Le nouvel élan que nous devons aujourd’hui retrouver ne peut en aucun cas venir des extrêmes dont le seul programme se résume à accentuer les divisions de la société et à dépenser des milliards que nous n’avons pas. La dissolution décidée par le Président de la République a eu au moins ce mérite de dévoiler les cartes des uns et des autres. Personnellement, je suis scandalisée par l’alliance des républicains de gauche pour lesquels j’ai le plus grand respect avec les élus de La France Insoumise sous la coupe desquels ils ont accepté de se placer dès 2022 au sein de la NUPES et aujourd’hui donc dans le cadre du Nouveau Front Populaire. Ce nouveau cartel électoral, qui constitue à mes yeux une véritable faute morale, ne mène qu’à une escalade de promesses démagogiques inefficaces et même contre-productives sur le coût faramineux desquelles les différents partis de gauche s’écharpent aujourd’hui en plus d’être en profond désaccord sur les domaines aussi fondamentaux que la transition écologique et la place du nucléaire ou bien, autre exemple, la défense européenne. Le Rassemblement National dans lequel les authentiques héritiers du gaullisme ne peuvent bien sûr pas se fondre représente une autre impasse et l’on constate aujourd’hui à quel point la perspective d’exercer le pouvoir le fait complétement reculer sur certaines promesses qui ont pu constituer son fonds de commerce électoral dont celle phare du retour à la retraite à 60 ans. Il nous faut aujourd’hui refonder avec les élus français responsables une nouvelle majorité parlementaire, républicaine et pluraliste à l’image de la France, ce qui implique de complètement reconsidérer notre façon de travailler avec celles et ceux à qui nous tendons la main pour construire ensemble et de redéfinir la relation qui lie le parlement et le gouvernement. J’ai pu constater à l’Assemblée nationale que les membres des différents partis pouvaient très bien, sur des sujets d’intérêt général comme, par exemple, celui du financement de la dépendance, arriver à des accords en commission parlementaire avant d’être malheureusement rattrapés au moment du vote par de destructrices et stériles logiques partisanes qu’il nous faut aujourd’hui dépasser comme cela a pu être le cas après-guerre dans le cadre du Conseil national de la Résistance.

Quel bilan tirez-vous de votre mandat de députée ? De quelles réalisations personnelles ou collectives êtes-vous la plus fière et heureuse ?

Je me suis d’abord très engagée dans la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale dont je suis la secrétaire depuis 2022 – tout particulièrement sur l’Ukraine. Je me suis rendue plusieurs fois à Kiev pour évaluer le soutien de la France à ce pays en guerre sur le plan humanitaire, économique et militaire et pour rencontrer mes homologues du parlement ukrainien dans le but d’examiner comment nous pouvions mieux les aider pour faire face à l’agression qu’ils et leurs compatriotes subissent. Je suis également vice-présidente du groupe d’amitié France-Ukraine et j’ai beaucoup accompagné les réfugiés ukrainiens à Paris pour régler leurs problèmes de logement, d’emploi, de garde et de scolarisation des enfants. Je les suis depuis maintenant deux ans tout le long de leur intégration parfaitement réussie et qui a été saluée par Madame Zelenska, première dame d’Ukraine. Certes nous le leur devons. J’ai également travaillé à renforcer la diplomatie parlementaire en portant plusieurs résolutions concernant notamment la reconnaissance de l’Holodomor (famine créée en Ukraine dans les années 30 par les autorités soviétiques) de même que celle du groupe Wagner comme groupe terroriste, et la résolution poussant à l’utilisation des intérêts des actifs russes gelés en Europe pour la reconstruction de l’Ukraine.

Sur un plan plus national et parisien, je me suis beaucoup démenée sur la question des plateformes de quick commerce (activités commerciales de distribution fondée sur la promesse d’une livraison effectuée dans un délai très court) en pointant à la fois la distorsion de concurrence avec nos commerces traditionnels, les dommages urbanistiques et environnementaux occasionnés par ces activités et également leurs impacts sociaux très négatifs puisqu’elles emploient beaucoup de livreurs sans-papiers et littéralement esclavagisés. Si les dark-stores (micro-entrepôts logistiques de distribution) ont aujourd’hui disparu de Paris, certaines plateformes de distribution continuent de prendre à la gorge les restaurateurs qui travaillent avec elles en ne respectant qu’a minima les normes sociales et environnementales applicables. Je mène ce travail et ce combat conjointement avec le parlement européen qui a commencé à élaborer une directive européenne concernant ces plateformes de distribution. J’ai pu, à titre personnel, présenté un rapport parlementaire sur le sujet qui a été voté à l’unanimité en préparation d’une proposition de loi qui n’a malheureusement pas pu être inscrite à l’ordre du jour de l’assemblée des députés.

En quoi a pu consister votre action pour le 14eme arrondissement de Paris ?

Dans le cadre de mon travail sur les plateformes de distribution, j’ai pu, à leur plus grande satisfaction, débarrasser les Quatorziens de tous les dark stores de la rue Dumoncel, de la place de Catalogne et du boulevard Brune, qui avaient pu être installés sur la base d’une faille juridique du très ancien PLU de la Ville de Paris. Pour ce faire, j’ai travaillé avec Elisabeth Borne et Olivia Grégoire à la prise d’un décret visant à confirmer que ces fameux dark stores étaient des entrepôts logistiques et non des commerces dont ils n’avaient pas à prendre la place. C’est ce décret qui a entrainé leur fermeture, ce dont je me réjouis. J’ai aussi apporté ma contribution sur d’autres sujets locaux avec ma double-casquette de députée et de conseillère de Paris, notamment sur les plans de circulation de la Porte d’Orléans, de l’avenue Jean Moulin et les grands projets d’aménagement concernant Reille, La Rochefoucauld ou bien Saint-Vincent-de-Paul (qui était le grand combat d’Eric Azière). Autant de sujets sur lesquels j’essaie de faire avancer les choses dans le bon sens en m’appliquant à entretenir les meilleures relations de travail avec les élus de la municipalité parisienne dont je reste bien sûr une opposante mais une opposante toujours très résolument constructive.

Cliquez ici pour le lien vers le site de Maud Gatel, députée de Paris.

Avec Nicolas Mansier (suppléant)

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