Alors que la perspective d’une célébration du centenaire des Années folles de Montparnasse ne semble pour l’instant pas susciter l’enthousiasme des foules, l’association Pernety 14 fêtait beaucoup plus modestement le 26 avril dernier le centième article mis en ligne sur le blog de quartier qu’elle anime. Ceci est mon 100 ! a réuni au bar-restaurant Le Laurier une cinquantaine de personnes qui, pour la majorité d’entre elles, avaient bien voulu se prêter au jeu de l’interview-portrait depuis le lancement du site au début de 2017.
Sept ans de bonheur
On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Le président de Pernety 14 n’a pas craint de verser dans l’autosatisfaction en prononçant un discours à sa propre gloire dans le lieu même où s’est déroulée la plupart des interviews qui ont donné matière à la rédaction de portraits ou d’articles de journalisme local. Après les remerciements d’usage à tous les participants, notamment à celles et ceux (Evelyne Bouëtel, Colette Desage, Marie Burgat et Claude Degoutte) qui ont servi d’intermédiaires ou de catalyseurs pour toutes les rencontres qui ont pu déboucher sur des articles, un hommage a été rendu aux interviewés aujourd’hui disparus (Vincent Luccarini, Michel Bülher, Bernard Zitoune, Roland Erguy et Basile Pachkov). “J’ai commencé ce blog il y a sept ans en 2017, a déclaré Yann un peu ému. Ce ne fut pas sept ans de malheur, mais de très grand plaisir. Pendant sept ans, je suis sorti de moi-même pour aller vers les autres, ce qui n’a pas toujours été facile pour quelqu’un de naturellement timide et d’un peu sauvage comme moi. Cela m’a appris que dans la vie c’est la motivation qui fait tout. Je ne me croyais pas capable de faire ce que j’ai fait (aller frapper à la porte des inconnus notamment), et pourtant je l’ai fait ! Cela m’a également permis d’apprendre une foultitude de choses (comment me comporter avec les gens, comment m’adapter à eux, etc.) et d’acquérir une confiance en moi qui m’est aujourd’hui très utile.” Ou comment un chemin de croix peut-il se transformer en un chemin de roses…
Une résurrection par le journalisme local
Non, Yann ne se prend pas pour Jésus… Pourtant, c’est à une véritable résurrection par le journalisme local (que pratiquait feu son Papa) que les Pernetiens ont pu assister ces dernières années. Les natifs du Scorpion, qui sont tous très familiers du cycle de la mort et de la renaissance, ne s’étonneront pas outre mesure de l’avoir vu renaître sous le signe du don de soi puisque la Providence l’a au moins (O-) gratifié de la chance d’être donneur universel de sang. Donner pour recevoir aussi. Car, continue-t-il, “Je me suis rendu compte de l’extrême richesse de notre environnement immédiat et c’est vrai qu’il y a quelque chose d’un peu dérisoire à entreprendre un blog de portraits à mesure que l’on prend conscience qu’il y a une mine d’or dans chaque individu. Mais le faire m’a permis de travailler sur l’humilité et d’approfondir le respect que l’on se doit de manifester vis-à-vis de tous. Je suis en tout cas aujourd’hui complètement convaincu que tous mes voisins ont du talent. Si certains ont pu me reprocher d’écrire des articles un peu trop bienveillants, voire même “complaisants”, je peux vous assurer que c’est toujours avec le même enthousiasme que j’ai rencontré les personnes à qui j’ai consacré mon temps. Peut-être que j’en fais parfois un peu trop car cela fait partie de ma personnalité, mais c’est toujours avec la même sincérité que j’ai cherché à extraire le meilleur de chacun.” Cette activité lui aura aussi permis de pratiquer le travail en équipe, notamment avec Jean-François Caillarec et Claude Degoutte pour former la dream team des “artivistes du 14ème”. “Travailler en équipe n’est jamais facile, surtout quand on a une forte personnalité, parce qu’on ne peut évidemment jamais être d’accord sur tout”, témoigne le président de Pernety 14. L’intrépide reporter de quartier envisage aujourd’hui de mettre la pédale douce sur le journalisme local car l’enthousiasme du départ s’est un peu émoussé et parce qu’il ne voudrait surtout pas commencer à lasser son public. Le blog restera probablement ouvert mais sans être alimenté d’articles – sauf coups de cœur (ou de sang) incontrôlables. Ainsi soit-il.